MARDI : Et si on en rajoutait dans la créativité horlogère au lieu de forcer sur la rivalité marketing ?
Le 13 / 01 / 2015 à 06:28 Par Le sniper de Business Montres - 5768 mots
Quelques échos de la Wonder Week 2015 qui débutera dans quelques jours à Genève, dans le fracas des chaises musicales qu’on bouscule et dans la fureur des pions du Monopoly horloger qu’on déplace. C’est bien parti pour une année d’informations horlogères frémissantes, avec l'épée de Damoclès des smartwatches suspendue au dessus de nos têtes anxieuses…
▶▶▶ EN RÉSUMÉ Indiscrétions, analyses, informations, enquêtes,
Quelques échos de la Wonder Week 2015 qui débutera dans quelques jours à Genève, dans le fracas des chaises musicales qu’on bouscule et dans la fureur des pions du Monopoly horloger qu’on déplace. C’est bien parti pour une année d’informations horlogères frémissantes, avec l'épée de Damoclès des smartwatches suspendue au dessus de nos têtes anxieuses…
▶▶▶ EN RÉSUMÉ Indiscrétions, analyses, informations, enquêtes, rumeurs & murmures (développements ci-dessous)... ❏❏❏❏ GÉGÉ PRÉFÈRE LES PLUMES D'AIGLE ❏❏❏❏ FRANÇOIS-HENRI COUPE DES TÊTES ❏❏❏❏ OCTAVIO A REGARDÉ PARTIR LE TRAIN ❏❏❏❏ GUIDO ROULE DES MÉCANIQUES ❏❏❏❏ JEAN-CLAUDE JOUE L'AMBUSH ❏❏❏❏ ALBERT A PRÉPARÉ SA LISTE DE COURSES ❏❏❏❏ KARSTEN A VU DOUBLE ❏❏❏❏ CHRISTOPHE ADORE LES BOBOS ❏❏❏❏ SEVERIN AURAIT DES LEÇONS À NOUS DONNER ❏❏❏❏ BRUNO A DES ÉTATS D'ÂME ❏❏❏❏ MARC SORT SON PETIT OISEAU ❏❏❏❏ OLIVIER A CHANGÉ DE BLOUSE ❏❏❏ RICARDO A DES PULSIONS ÉLECTRONIQUES ❏❏❏❏ SANS PARLER DE TOUS LES AUTRES, QUI ONT PLEIN DE CHOSES À NOUS RACONTER... ❏❏❏❏ ▶▶▶ LES 7 x 7 DU MARDIQuelques petits riens sur un petit peu de tout ce qui peut concerner les montres et les marques... ◉◉◉◉ WONDER WEEK 2015 (1) : c’est pour la semaine prochaine, au SIHH et à Genève [à peu près 80 marques vont organiser quelque chose au cours de cette fatidique semaine], mais on a quand même l’impression que la créativité marketing – l’art de faire des montres séduisantes à des prix attrayants – est aux abonnés absents. Bien sûr, toutes les marques auront à cœur de présenter, en douce ou plus officiellement, les pièces marquantes, mémorisables, porteuses d’identité et génératrices d’émotion qui manquent aujourd’hui à l’appel. Même si c’est le cas, on peut parier que ce sera très sage et sans commune mesure avec l’inventivité explosive des formes et des concepts de la décennie passée. Problème : plus on lisse les produits pour éviter de prendre le moindre risque et plus on les aseptise, ce qui exige de faire plus de marketing pour créer des différences artificielles auprès de cibles déjà surexposées aux offres concurrentes. Marketing dont les budgets augmentent le prix de montres déjà trop chères : une spirale vicieuse et absurde, qui fait que les grandes marques semblent aujourd’hui toutes piétiner les mêmes plate-bandes et réserver leur énergie à la défense de leur pré carré plus qu’à la conquête de nouvelles niches de clientèle. Si peu d’idées fortes dans un tel vacarme marketing, c’est vraiment poignant !
◉◉◉◉ WONDER WEEK 2015 (2) : alors, les tendances de ce début d’année ? À part la prudence, sinon la pusillanimité de la plupart des marques, rien qu’on ne puisse encore affirmer comme courant réellement structurant de 2015. L’overdose de « métiers d’art » et de virtuosité mécanique post-moderne sera dépassée dès lundi, après l’ouverture officielle du SIHH. Les abus du parasitage opportuniste et de l’ambush marketing dans les salons des palaces genevois auront gavé tout le monde dès l’après-midi du dimanche. Entre les Asiatiques assommés par le jet-lag et les Russes tétanisés par l’effondrement du rouble, l’heure est à la prudence sur le front de la globalisation à tout va ! C’est plutôt sur les marges du SIHH qu’on pourra braconner des bonnes idées : au Kempinski où Jean-Claude Biver a installé Hublot et Zenith, mais aussi Chaumet, à moins qu’on y préfère la philosophie Skull de la boutique HYT ; à Genthod du côté de chez Franck Muller, où le directeur de la création Jean-François Ruchonnet a réservé quelques surprises à son fan club et aux invités du WPHH ; aux Bergues avec Christophe Claret et De Bethune, au Beau-Rivage avec Urwerk, à l’hôtel de la Paix avec MB&F ou même au Mandarin Oriental avec Girard-Perregaux, ex-marque du SIHH qui semble reprendre goût aux vertiges de Genève. Sans parler de tout ce que les autres marques genevoises (ou non) organisent plus ou moins sournoisement dans leurs boutiques ou leurs manufactures : c’est épatant de voir de très grandes marques se contenter de jouer en off pendant un SIHH qui ne fête cette année – rappelons-le aux naïfs sans autre mémoire que celle des dossiers de presse – que le vingt-cinquième anniversaire de la décision de créer un salon parallèle à celui de Bâle (la première édition n’aura lieu qu’en 1991, soit un quart de siècle à fêter en 2016)…
◉◉◉◉ L’ANNÉE ALPINA ? En 2014, Alpina (groupe Frédérique Constant) annonce 64 % d’augmentation de son chiffre d’affaires ! Qui dit mieux pour cette année ? À part quelques baratineurs pathologiques [on attend la ritournelle annuelle de notre ami, l’Himalaya de la pensée horlogère], on aura du mal à trouver en 2014 un CEO plus performant que Guido Benedini (ci-contre, en pleine prédication symbolique), dans les marques intégrées comme chez les indépendants. Clés du succès : des nouveaux marchés très porteurs (Australie, Indonésie, Europe du Nord, Singapour notamment, avec 150 nouveaux points de vente), un positionnement prix intelligent (700-3 000 euros : « au cœur du luxe acccessible), des produits qui ne déçoivent jamais, très honnêtement designés dans le un goût traditionnel pimenté d’un zeste d’émotionnel, et un marketing sans esbroufe, ni surexposition intempestive. Les clients aiment, ils en parlent et ils y reviennent. Des recettes simples, cuisinées avec méthode et obstination, dont on s’étonne qu’elles soient si peu pratiquées dans le village horloger. Des recettes qui resteront au menu et à la carte en 2015…
◉◉◉◉ L’ANNÉE LEROY (1) ? Ce sera peut-être le cas pour l’année 2015. Retenez bien la signature de la « nouvelle » marque [relancée une dernière fois après quelques tentatives infructueuses depuis les années 1990] : le « L. » précédent est tombé au profit « Leroy » tout court, « maître chronométrier, 1713 ». Encore du bullshit marketing, ce millésime ? Pas vraiment. C’est la date – historiquement attestée – de l’admission de Julien Leroy (ci-dessous) dans la corporation des horlogers parisiens : dommage, on a raté le troisième centenaire à deux ans près ! Au programme des festivités d’avant Baselworld : la présentation à Genève – ne cherchez pas où, l’événement sera confidentiel et réservé à une poignée d’initiés – d’un premier mouvement, mécanique à remontage manuel, dont les qualités situent bien les ambitions de la marque sur le terrain de la chronométrie. Avec une nouvelle approche de l’isochronie : il fallait bien deux barillets pour garantir une centaine d’heures de réserve de marche (quatre jours) en isochronie parfaite, sans la moindre perte d’amplitude – la réserve totale d’énergie approchant plutôt les cent cinquante heures. Côté chronométrie, on nous promet un échappement « révolutionnaire » à la Pierre Leroy, père français de la chronométrie au XVIIIe siècle – ce qui nous annonce peut-être une double roue d’échappement mise en scène par « Magic Karsten » (Frassdorf), le condottierre méchanicien des créateurs indépendants. Et si Leroy était la marque vedette de la Wonder Week genevoise de 2015 ?
◉◉◉◉ L’ANNÉE LEROY (2) ? À surveiller de près cette semaine : la manufacture MHVJ au Sentier. MHVJ pour Manufacture horlogère de la vallée de Joux (groupe Festina). Dans quelques heures, il faudra parler de la manufacture Leroy, seul nom qui sera visible sur la façade et dans les papiers officiels, avec le logo en double L opposés façon Louis XIV. MHVJ s’efface – sans regrets de la part de ceux qui y travaillaient. Les blouses blanches des horlogers ont été resiglées « Leroy », de même que le papier à en-tête. À l’intérieur du bâtiment Leroy, placé sous la responsabilité d'Olivier Müller, le nouveau relanceur de la marque, il n’y aura bientôt plus qu’un atelier de private label pour servir les clients extérieurs. Pour sa marque fétiche, l’actionnaire espagnol, Miguel Rodriguez (groupe Festina), a lourdement investi dans un nouveau parc de machines de production. Autrefois, les caciques de l’horlogerie entretenaient des danseuses décolletées : ils s’offrent à présent des décolleteuses alignées…
◉◉◉◉ OCTAVIO GARCIA : tombé au cours de la dernière partie de chaises musicales chez Audemars Piguet (révélation Business Montres du 9 janvier), le « lisse dans la vallée » a-t-il vraiment démérité et, du coup, n'avons-nous pas été méchants avec lui en ironisant sur son absence de créativité – grave défaut pour un directeur artistique – au cours des dix ans passés dans la maison ? Qu'on soit un styliste médiocre n'est pas un péché ; c'est même une affection répandue dans les états-majors des marques. En revanche, que cette absence d'idées créatives pénalise la marque est une faute lourde. Si on ne peut pas attribuer à Octavio Garcia un seul concept fort et mémorisable dans les collections Audemars Piguet de la dernière décennie, il restera toujours comme l'homme qui n'a pas su trouver la réponse esthétique [comprenez la montre ou le design porteur] pour endiguer l'irrésistible croissance de Hublot avec sa Big Bang. En remaquillant ad libitum les séries limitées de Royal Oak Offshore et en se contentant de rééditer sine varietur l'indémodable Royal Oak, le directeur artistique d'Audemars Piguet a laissé son principal concurrent prendre du champ et occuper un espace qui revenait de droit à la manufacture du Brassus. Il était la mauvaise personne placée au mauvais endroit au mauvais moment. Là est l'insuffisance majeure du personnage, là est sa responsabilité historique écrasante, là est la clé de notre analyse... ◉◉◉◉ CHAISES MUSICALES (1) : c’est rigolo, mais les lecteurs de Business Montres le savaient depuis le 15 décembre dernier. Alors que le communiqué officiel vient de tomber, avec un mois de retard sur nos informations. Guillaume Brochard (ex-Ebel, co-créateur de Qeelin) est remplacé à la tête de Qeelin, la maison de joaillerie sino-parisienne qu’il avait co-fondée, puis revendue au groupe Kering voici deux ans (ci-dessous, le fameux BoBo). Le nouveau directeur général de la marque est Christophe Artaux, ancien de la division Montres & Joaillerie du groupe LVMH, où on a remarqué son passage chez TAG Heuer et, plus récemment, chez Hublot. Il sera secondé par l’autre cofondateur de Qeelin, Dennis Chan, qui reste directeur artistique de la marque.
◉◉◉◉ CHAISES MUSICALES (2) : ce n’est pas le remplacement de Guillaume Brochard par Christophe Artaux qui étonne [en soi, c’est un bon choix d’Albert Bensoussan], mais le fait que la communication en soit si tardive. En quelques mois, avec la nomination d’un nouveau président pour Sowind (ajoutons-y le départ de Michele Sofisti de Gucci Timepieces et le changement de direction chez Pomellato), les chaises musicales atteignent une intensité étonnante au sein du pôle horloger d’un groupe Kering, conglomérat français du luxe qui a tout aussi récemment actionné de nombreux autres sièges éjectables au sein de son management supérieur (Gucci, notamment, mais aussi Bottega Veneta et Puma). En retardant l’annonce de la nomination d’un nouveau patron pour Qeelin, le groupe a voulu éviter d’inquiéter les marchés par des effets d’annonce intempestifs, qui pourraient donner l’impression d’une « purge » ou d’une « Nuit des longs-couteaux ». D’autant que d’autres changements de direction se profilent…
◉◉◉◉ CHAISES MUSICALES (3) : on peut ainsi parier sur quelques départs probables au sein de Sowind. Bruno Grande, qui a mené à bien le repositionnement prix-produit de Jeanrichard – tout en ayant la main moins heureuse côté bilan comptable et gestion de la communication – ne devrait pas s’incruster longtemps à la direction de la sister brand de Girard-Perregaux : si son chiffre d’affaires 2014 est en progression, ses pertes d’exploitation également, ce qui n’incitera pas son actionnaire à le retenir s’il démissionne « de son plein gré » – pour partir « développer des projets personnels » selon la langue de bois en vigueur. Ensuite, à qui le tour du côté des montres et de la joaillerie Kering ? Il semblerait que Patrick Hoffmann (CEO d’Ulysse Nardin) ait réussi à sauver son année en dépit d’une conjoncture ultra-défavorable en Russie et en Ukraine : ce n’est donc pas le moment de lui couper la tête. Chez Boucheron, le sentiment de perte d’autonomie vis-à-vis du groupe et une certaine lassitude pourraient pousser Pierre Bouissou [dont les résultats ne sont pas mauvais, loin de là !] à jeter l’éponge avant qu’on ne lui demande de s’effacer. Ce qui permettrait à Albert Bensoussan, qui disposerait alors d’une management horloger et joaillier totalement à sa main, de passer au jeu suivant, le Monopoly horloger…
◉◉◉◉ MONOPOLY HORLOGER (1) : après la restructuration des directions dans la montre et la joaillerie, la consolidation par de nouveaux achats de marques ? C’est plus que probable. Toujours tassé par ses concurrents horlogers autour d’un gros demi-milliard d’euros de chiffre d’affaires (estimation Business Montres, non officielle et non autorisée), le groupe Kering doit au minimum doubler de taille sur ce marché pour y atteindre un semblant de taille critique face au groupe LVMH (actuellement dix fois plus gros que Kering sur ce terrain), au groupe Swatch (vingt fois plus gros) et au groupe Richemont (également vingt fois plus gros). Entre ces géants, Kering est un nain européen, qui ne fait pas non plus le poids face aux gros joueurs internationaux (Fossil, Timex et même Movado). Pour grandir, deux leviers de croissance, qui se complètent l’un l’autre : le premier, le plus rapide mais le plus risqué, utilise le rachat de marques externes pour gagner de la surface ; le second, plus lent, vise à doper – doubler, sinon tripler – l’actuel chiffre d’affaires des marques du pôle Montres et joaillerie de Kering. Généralement, les groupes de luxe savent bodybuilder leurs marques performantes et accélérer leur développement, mais seulement si elles sont déjà en croissance et en cours d’accélération : pas sûr que ce soit pleinement le cas des marques du pôle d’Albert Bensoussan. Sur le marché, les proies extérieures crédibles ne manquent pas et elles vont se multiplier dans les mois à venir. L’idée sera de concilier une triple exigence : l’apport d’un chiffre d’affaires significatif [ce qui élimine les petits joueurs sans utilité stratégique, ni impact sensible sur les profits du groupe], la perspective d’un honnête coefficient amplificateur de croissance et la synergie avec les marques déjà intégrées pour former une pyramide d’offre cohérente et non cannibale. Pas facile ! On vous donnera les noms au fur et à mesure des négociations en cours… ◉◉◉◉ MONOPOLY HORLOGER (2) : François-Henri Pinault aimant personnellement les montres, son tropisme naturel le pousse à rester sensible aux objets du temps et donc à y prêter attention pour toutes les marques dont il dispose, notamment hors du périmètre de son pôle spécialisé. Une fois le recadrage de Gucci opéré au plus haut niveau, la relance de Gucci Timepieces ira de soi : compte tenu des dérives de la marque au gré de sa globalisation, bon courage à celui qui remettra de l’ordre dans sa branche horlogère ! En prenant acte des investissements consentis par Kering pour relancer Saint-Laurent, il serait logique qu’une diversification soit tentée sur le terrain horloger, histoire d’effacer les souvenirs du bide monumental de Tom Ford quand il avait voulu recréer des montres Saint-Laurent : là aussi, bon courage à celui qui négociera avec Hedi Slimane [le créateur fétiche de la marque, concepteur des Chiffre rouge, chez Dior] le baptême d’une nouvelle collection horlogère Saint-Laurent ! On pourrait en dire autant de toutes les autres marques Kering : Brioni aurait tout pour jouer un petit rôle – autre que du private label by Sowind – sur le marché de la montre de mode masculine, de même que Bottega Veneta ou Stella MacCartney. Bon courage sur un marché horloger en pleine décroissance, qui aura de plus en plus de mal à intégrer des nouveaux joueurs qui n’auraient pas tous les atouts indispensables (légitimité, pertinence et consistance de l’offre) dans leur manche… ◉◉◉◉ GUCCI TIMEPIECES : on peut d’ailleurs se demander si, dans l’état de délabrement où se trouve Gucci (image de marque déconsidérée par les abus de la clientèle « racaille », produits démodés et trop chers, réseaux de distribution défaillants, direction déstabilisée), la requalification de la marque ne pourrait pas passer prioritairement par la montre, comme cela s’est déjà produit dans le passé avec Severin Wunderman quand il avait racheté la licence horlogère d'un maroquinier en perte de vitesse. Le lancement d’une nouvelle collection aux codes fondamentaux de la marque, mais avec une touche de modernité et d’audace, permettrait d’accélérer la mutation : quand elle ne se décrète pas pompeusement statutaire, une montre accessible et judicieusement pensée peut jouer le rôle d’un accélérateur de tendances en véhiculant, au poignet et au quotidien, les valeurs d’une image de marque rajeunie et actualisée. C’est là qu’on rêve de nouvelles « montres de mode » signées Gucci – le « G » ne suffit plus quand la marque n’est plus respectée comme référentielle – et, surtout, de montres connectées ou intelligentes (smartwatches) que la marque italienne peut se permettre du fait de son impertinence passée [ce qui n’est pas le cas des maisons concurrentes]. La montre a pu s’imposer, pendant les années de bulle horlogère et de « ruée vers l’heure », comme un marqueur infaillible et un garant de l’image de luxe attachée à des marques qui venaient d’autres univers : la montre peut redevenir, en période de vaches maigres, un discret vecteur de re-distinction et de requalification pour les marques endommagées par une globalisation mal conduite… ◉◉◉◉ JAQUET DROZ A TROUVÉ LE BON FILON : déjà extraordinaire en soi, la série des Bird Repeater de Jaquet Droz (automate à répétition minutes, avec un couple d'oiseaux en 3D) démontre tout l'intérêt de sa plasticité décorative. Une fois le mécanisme maîtrisé, on peut non seulement varier les espèces d'oiseaux représentées, avec tous les plumages de couleur imaginables, mais on peut aussi changer l'arrière-plan, en représentant autant de villes, de lieux et de monuments symboliques qu'on le souhaite. Témoin, l'« hommage » à la ville de Genève, avec le Jet d'eau et le phare des Pâquis – une ville dont Marc Hayek, qui pilote Jaquet Droz, n'avait pourtant jamais semblé amoureux à ce point. Juste avant le SIHH et la Wonder Week, c'est de l'embuscade intelligente et bien conçue ! ◉◉◉◉ GÉRARD DEPARDIEU EN REMET UNE COUCHE : toujours pour Cvstos, il nous interpelle pour nous convoquer cette fois au WPHH de Genthod, pendant la Wonder Week, et pour nous expliquer comment il a préféré remplacé son ange gardien par l'aigle bicéphale qui symboliser la Russie (vidéo ci-dessous) et qui l'aide à se faire respecter dans le monde entier : l'aigle ou l'ange, ce n'est qu'une question de plumes dans le dos... ▶▶▶ RETOUR SUR L'INFORMATIONQuelques confirmations de nos révélations qui amènent de nouvelles réflexions... ◉◉◉◉ À NOUS LES PETITES HELVÈTES ! Ce n’est pas tous les jours qu’une marque horlogère belge – il n’y en a déjà pas tant que ça – s’offre une manufacture de haute horlogerie au Locle, en s’adjugeant au passage une référence de la nouvelle horlogerie indépendante suisse. On parle évidemment du rachat de la manufacture IMH (Fabien Lamarche) passée sous pavillon belge en même temps que Julien Coudray (Business montres du 6 janvier). Nos lecteurs auront apprécié cette révélation, en s’étonnant au passage que la presse horlogère spécialisée, tout comme les médias suisses, aient zappé l’information. Normal : les perroquets ne peuvent pas être à la fois au four et au moulin – recopier les communiqués de presse et repérer ce qui se passe sur le terrain (surtout quand les communiqués de presse officiels se font attendre)… ◉◉◉◉ CHAISES MUSICALES (BIS REPETITA) : ne reparlons pas pour l’instant de la nomination d’un nouveau président pour Girard-Perregaux (Business Montres du 12 janvier), dont nous vous raconterons les coulisses plus tard, mais jetons un œil sur nos chaises musicales du décembre, qui annonçaient le départ de Guillaume Brochard de la direction de Qeelin (la marque de joaillerie franco-chinoise du groupe Kering). Son remplaçant a été confirmé – voir nos informations ci-dessus. Ce qui confirme l’ampleur de la purge au niveau de la haute hiérarchie managériale des montres Kering. Nos lecteurs auront apprécié ces révélations tout en s’étonnant au passage, etc., etc. (bis repetita). Là encore, il n’y avait pas de communiqué officiel et les perroquets ont préféré se lisser les plumes plutôt que d’enfreindre les règles de l’alignement éditorial : à force de rien annoncer, les lecteurs s’abstiennent et les annonceurs désertent ! Autre confirmation officielle (tardive) d’une révélation de Business Montres (23 décembre dernier) : la nomination à la direction de Bomberg – la moins conventionnelle et la plus pétaradante des jeunes marques suisses – de Giancarlo Mantuano, passé du Swatch Group à RJ-Romain Jerome avant d’intégrer Jeanrichard, dont il vient de quitter la direction commerciale [voir ci-dessus nos analyses sur les chaises musicales chez Kering]. On reviendra aussi un instant sur la nouvelle « liste de Muller » (Business Montres du 5 janvier) : si nos anticipations ci-dessus sont bonnes, on peut déjà cocher un nom... ◉◉◉◉ SMARTWATCHES (1) : c'est fou ! Il y a quelques mois, disons à la dernière rentrée de septembre, personne ne croyait à l'intérêt des smartwatches pour l'horlogerie, ni au danger que ces montres connectées pouvaient représenter. Depuis que Jean-Claude Biver a opté pour une relance de TAG Heuer sur ce terrain, tout le monde affirme avoir mitonné son arme secrète sur son petit réchaud dans son petit laboratoire. Selon nos estimations, les marques suisses pure players devraient présenter à Baselworld – plus ou moins officiellement – une bonne trentaine de montres connectées (plus ou moins intelligentes) : la bonne spéculation porte à présent sur le nombre des marques du rez-de-chaussée du Hall 1 – le Walhalla de l'horlogerie – qui se risqueront sur ce terrain. Disons une grosse poignée (de cinq à dix), ce qui n'est pas mal pour des maisons d'horlogerie qui méprisaient avec tant d'ostentation ces « gadgets électroniques »... ◉◉◉◉ SMARTWATCHES (2) : la partie deviendra encore plus amusante la semaine prochaine, non pas à cause du SIHh et de la Wonder Week [on y comptera les possibles smartwatches sur le doigt d'une main], mais parce que la WisWatch sera officiellement présenté au Forum de Davos par l'opérateur high-tech suisse Wisekey. Nous en reparlerons, mais ce qui est intéressant, dans cette montre de démonstration [Wisekey n'a pas vocation à entrer sur le marché de l'horlogerie, qui est celui de ses clients], c'est qu'elle recentre la discussion sur l'intelligence de la montre, au lieu de concentrer le débat sur la montre elle-même, sur son prix ou sur le statut éphémère ou statutaire de sa marque. La WizWatch vise à prouver qu'il existe un champ immense et inexploré : celui de l'ajout d'une puce NFC (Near Field Communication : échanges de données – sans contact et sans alimentation autonome – entre objets connectés proches) dans n'importe quel objet du quotidien, y compris des montres purement mécaniques de la plus stricte obédience traditionnelle. Pour résumer en grossissant le trait, on pourrait loger une puce NFC sur un vénérable et hautement collectionnable chronographe Patek Philippe réf. 1518 sans que cela attente à l'intégrité de la montre, mais en permettant à cette puce de stocker, par exemple, tous les mots de passe et toutes les clés d'accès du porteur aux objets électroniques connectés de son environnement. Et plus si affinités. Pratique, non ? Et surtout stratégique pour continuer à produire des montres mécaniques « à la suisse » dotées d'un supplément d'intelligence wearable – donc, des vraies montres capables de défendre leur place au poignet dans le cadre de l'imprévisible carpo-mutation qui se prépare [c'est la révolution de nos habitudes dans l'équipement du poignet]. À noter que cette initiative de Wisekey parasite également le débat ouvert par Montblanc avec son concept de bracelet connecté (Business Montres du 2 janvier dernier)... ◉◉◉◉ SMARTWATCHES (3) : un indice pour ceux qui n'auraient pas déjà deviné la suite. Quels sont aujourd'hui les clients de Wisekey ? Principalement des marques du groupe LVMH, en particulier Hublot et Dior. Hublot dont le chairman, Jean-Claude Biver, jurait partout que les smartwatches ne menaceraient jamais les montres traditionnelles, mais dont le CEO, Ricardo Guadalupe, connaît parfaitement l'intérêt de ces puces NFC, puisqu'il les utilise déjà plus ou moins pour l'authentification et le traçage de certaines de ses montres (ci-dessous). Il serait étonnant – et presque choquant – qu'une marque comme Hublot ne soit pas déjà prête à tenter une Big Bang 100 % classique d'allure, et sans la moindre pile, mais avec une forte valeur ajoutée wearable du type des applications conçues par Wisekey... D'AUTRES SÉQUENCES RÉCENTESDE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...