MERCREDI : Ceux qui réinventent les codes du luxe et ceux qui refusent de préparer les codes de l'avenir
Préparer l'avenir ou réparer le passé ? Éternel dilemme de l'horlogerie suisse, qui devrait de toute façon faire les deux, mais qui ne peut ni assurer la maintenance des millions de montres mécaniques vendues depuis dix ans [faute d'horlogers formés et compétents], ni voir en face les réalités d'un futur plus furieusement connecté qu'on ne l'imaginait... ▶▶▶ ANALYSES, IN-10-CRÉTIONS, INFORMATIONS, ENQUÊTES, RUMEURS & MURMURES …
Préparer l'avenir ou réparer le passé ? Éternel dilemme de l'horlogerie suisse, qui devrait de toute façon faire les deux, mais qui ne peut ni assurer la maintenance des millions de montres mécaniques vendues depuis dix ans [faute d'horlogers formés et compétents], ni voir en face les réalités d'un futur plus furieusement connecté qu'on ne l'imaginait...
▶▶▶ ANALYSES, IN-10-CRÉTIONS, INFORMATIONS, ENQUÊTES, RUMEURS & MURMURES EN RÉSUMÉ (développements ci-dessous)...❏❏❏❏ AU PROGRAMMME : le tout noté à la volée, en vrac, en bref et en toute curiosité... ❏❏❏❏ CHANEL : la marque au camélia reformate les codes du luxe en boutique, en démodant du coup à peu près toutes les récentes propositions des autres marques... ❏❏❏❏ XAVIER DIETLIN : un automate mécanique pour la Montre de l'année... ❏❏❏❏ SMARTWATCHES : Nick Hayek engage gravement l'avenir de son groupe en pariant sur l'insuccès commercial des montres intelligentes... ❏❏❏❏ RAKETA : un peu téléphonée et prévisible, cette interdiction de la montre qui rendait hommage à la ville olympique de Sotchi... ❏❏❏❏ CARPO-RÉVOLUTION : un nouvel atout pour l'intelligence au poignet, la montre qui prévient les diabétiques d'un taux d'insuline anormal... ❏❏❏❏ MB&F : la compilation venue des mondes parallèles de la marque... ❏❏❏❏ KARL LAGERFELD : quelques propos subversifs du couturier le plus jeune de sa génération... ❏❏❏❏ TOURBILLONS : les Chinois y croient encore très fort... ❏❏❏❏ SEVENFRIDAY : un habit de lumière dans le style néon pour la nouvelle incarnation mécanique du design horloger suisse... ❏❏❏❏ ÉDITO (RAPIDE) : les raisons de perdre confiance, assorties des raisons d'y croire quand même...
▶▶▶ ÉDITO (RAPIDE)Les raisons d'y croire ou de douter... ◉◉◉◉ L'horizon des analyses stratégiques de Business Montres reste la conscience d'un immense fragilité des économies occidentales – celles qui tirent la planète. Elles nous paraissent minées par une bulle du crédit [engendrée par les facilités bancaires et l'hyper-abondance de dollars imprimés par trilliards sans contrepartie] encore plus grave et plus urgente que celle de 2008. De notre point de vue, la correction sera encore plus brutale, et cette fois sans espoir de sortie rapide de la crise puisque l'économie chinoise est désormais largement globalisée [ce qui n'était pas le cas en 2008] et qu'elle a récemment choisi de donner la priorité à régler ses problèmes sociaux intérieurs plutôt que favoriser l'émergence d'une caste de nouveaux riches accaparateurs de profits. Il y a encore plus de « monnaie de singe » qui circule qu'en 2008 et les crédits accordés à des banques visiblement malades sont encore plus importants (+ 30 % qu'en 2007). La nouvelle bulle nous semble donc énorme et, en trois mots, « ça sent mauvais » ou « ça finira mal ». Reste à savoir qui tombera le premier parmi les grandes économies développées (ci-dessous : merci à Hergé, qui nous aide à garder le sens de l'humour ; tout le monde aura reconnu quelques extraits de L'Etoile mystérieuse)... 
◉◉◉◉ L'histoire de l'industrie des montres nous prouve que les crises horlogères ne sont jamais allumées par une seule étincelle, mais par une conjonction tragique de facteurs négatifs. Dont on découvre qu'il existe aujourd'hui quelques tonneaux sous l'allumette fatale. Le coup de frein chinois arrive au mauvais moment, tout comme les perspectives de désastre américain affolent la planète financière, qui redoute un krach du dollar... La bataille du poignet (carpo-révolution) ne fait que commencer et on peut redouter que les montres-bracelets suisses ne se fassent expulser rapidement d'une position conquise de haute lutte il y a tout juste un siècle... L'inflation démente et suicidaire du prix de ces montres suisses – tarifs calqués sur la capacité contributive des seuls Asiatiques enrichis par la crise – les rend de plus en plus inaccessibles aux amateurs européens, qui étaient pourtant les plus fervents amateurs de ces objets du temps... La course au profit court-termiste a érodé l'inventivité des marques mainstream, trop occupés à gérer la globalisation de leur marketing et qui se refusent désormais à toute prise de risque, alors que la clé de l'avenir est dans la créativité accessible pour les marchés qui ont la culture de la montre – et non la culture du seul symbole statutaire, qui peut demain consacrer un autre hochet que la montre... Les grandes marques, ligotées par des investissements à contre-cycle, décidées voici trois ans, en plein boom chinois, et engluées dans la mise en place d'un réseau international de boutiques non-profitables, se retrouvent avec une explosion de leurs coûts d'exploitation strictement corrélée à une chute brutale de leurs profits, ce qui se termine toujours en inflation des étiquettes qui rendent les produits encore moins accessibles, et donc un nouvel effondrement des profits... Le niveau des stocks de montres est historiquement très haut, partout dans le monde, même pour les plus grandes marques, plus haut qu'en 2008-2009, juste avant la reprise tirée par les Chinois [le pire est que les réseaux parallèles sont eux aussi totalement engorgés]... Les réseaux classiques de distribution (détaillants) se trouvent déstabilisés par la révolution du e-commerce et condamnés par la mise en place des réseaux monomarques et, du coup, ils n'assurent plus leur rôle traditionnel d'accès à la montre... Obsédés par une croissance double digit qui relève désormais du délire passéiste, les dirigeants de la profession se trouvent culturellement démunis face une crise dont ils n'ont pas eu d'expérience... L'ahurissement publicitaire des grands médias les rend incapable de tirer la sonnette d'alarme, les déclarations aussi lénifiantes que péremptoires des pilotes de la branche accélérant encore la confusion des esprits et leur intoxication... Etc. Ce qui fait beaucoup de raisons de s'inquiéter conjugués dans la même stase spatio-temporelle... 
◉◉◉◉ Ceci posé, la même histoire des montres suisses nous démontre que les vallées ont une incapable capacité de résilience, une fois éliminées les scories des époques défaillantes. Quand on a purgé les tuyaux des productions excédentaires [il faudra du temps pour tourner la page], quand on a réorganisé la production sur des bases plus modernes [qui peut nous garantir que les groupes sont éternels ?], quand on a limogé les dirigeants incapables [chaises musicales à prévoir], quand les aléas de l'économie ont fait le ménage parmi les entreprises défaillantes [qui se souvient d'IBM, de Polaroïd, de Kodak et des autres ?], on pourra enfin passer aux choses sérieuses, grâce aux marques, aux hommes et aux créations qui auront prouvé leur consistance dans la crise et la pertinence de leur résistance à une conjoncture pas toujours juste pour les plus faibles et les plus indépendants qui ne sont pas forcément les moins méritants [c'est pourquoi il faut soutenir ces créateurs indépendants dont la survie engage l'avenir : leur récent triomphe au Grand Prix de Genève est un signe encourageant]. L'industrie suisse s'est relevée de périls aussi toxiques que la révolution du quartz, dans les années 1970, ou, un siècle plus tôt, la révolution du machinisme industriel des années 1880. La montre reste un fétiche magique par la fascination qu'il provoque, mais l'histoire des objets du temps est une mutation perpétuelle, des premières mini-horloges qu'on accrochait autour du cou à la fin du XVe siècle jusqu'aux « ovnis » contemporains dans le goût Deep Space façon Vianney Halter. Comme l'avenir n'est jamais écrit nulle part, il est impossible de savoir quelle forme prendra la rédemption : le futur, c'est quand l'avenir devient possible. Soldats de l'horlogerie, du haut de cette pyramide de doutes sur l'avenir proche, cinq siècles de traditions horlogères nous contemplent...G.P. 
▶▶▶ CHANELComment repenser le luxe en deux étages ? 
◉◉◉◉ La grandeur des grandes marques, c'est précisément de pouvoir poser et imposer de nouveaux codes, d'un coup de baguette magique, mais avec un savoir-faire très étudié. Si Chanel, qui vient d'ouvrir sa première « grande » boutique en Suisse (à Genève, rue du Rhône) en même temps que sa première boutique horlogère (même entrée, mais concept de décoration différent : ci-dessous) parvient à cette redéfinition du luxe, c'est avec un immense souci du moindre détail, dans le moindre des matériaux et des aménagements de l'espace. Cette double boutique de la rue du Rhône est ce qu'on peut imaginer de mieux en matière de néo-luxe pour nouveaux amateurs du XXIe siècle : un luxe dépourvu de toute volonté ostentatoire comme de toute ambition statutaire, mais singulièrement « riche » de sens dans la panoplie des symboles qu'il sait déployer, des métiers qu'il sait mettre en oeuvre et des effets subliminaux qu'il provoque. On ne démontre pas, on suggère. Le faste n'est pas dans l'or qu'on tartine à pleines pelletées, mais dans les fils d'or dont on souligne les volumes, dans l'usage tactique du tweed et des paravents de Coromandel, dans les « objets du culte » chanélien (boules de cristal, luminaires, motifs décoratifs, lions, etc.) dont on parsème le parcours ou dans la conception des cabines d'essayage, muées en véritables mini-boutiques toutes décorées de matériaux originaux et d'oeuvres d'art (ci-contre : c'est à ce genre de détails annexes qu'on reconnaît la signature d'une grande maison). Rien qui ait été vu ailleurs, sinon dans une toute autre logique, rien de banal ou de trivial, mais une grande sûreté de goût dans le mariage des styles et des influences. Le tout sur deux étages, dans un superbe immeuble d'une rue du Rhône dont les boutiques concurrentes prennent de toute évidence un sacré coup de vieux... 
◉◉◉◉ Evidemment, il ne faut pas moins que le talent d'un Peter Marino pour mettre en scène un tel faste sans rompre avec la tradition de discrétion opulente de la maison Chanel, mais il faut surtout être une marque sûre d'elle, consciente de donner du temps au temps et sans impatience dans la (re)conquête permanente de ses publics. C'est rafraîchissant : on ne tente pas ici de séduire les clients [qu'ils soient chinois, ouzbèques ou même locaux], mais de les sécuriser et de les apaiser, par le jeu des lumières – exceptionnellement réussies, comme souvent avec Peter Marino – autant par la gestion des espaces et par la scansion des vitrines et des étalages [qui favorisent toujours le contact direct avec le produit et la matière]. Très peu d'articles exposés, mais chacun peut raconter une histoire (ci-dessous, l'étage Mode) : du coup, que d'espaces voisins évoquent les souks de Marrakech plutôt qu'une certaine idée du luxe ! On se prend à regarder les montres Chanel – ne pas manquer la sublime Camélia brodée, Grand Prix de Genève 2013 – et les créations de haute joaillerie Chanel d'un autre oeil – ne pas manquer non plus la broche Camélia ci-dessus : ce cadre exceptionnel conforte leur légitimité en même temps que la maturité qui a présidé à leur conception. C'est là que la double boutique (horlogerie-joaillerie à droite, mode et maroquinerie à gauche : image ci-dessous) prend tout son sens : c'est le même message et la même grammaire stylistique, mais exprimée avec d'autres mots et sur d'autres modes de conjugaison. Dans l'univers du luxe, Chanel est une leçon de savoir-vivre... 
▶▶▶ « MONTRES INTELLIGENTES »Nick Hayek mérite-t-il un carton jaune, sinon un rouge ?◉◉◉◉ En tout cas, il frôle le hors-jeu en persistant à démobiliser la communauté horlogère, alors que se profile, face à la montre suisse, un des plus graves dangers de ces dernières décennies – nous parlons ici des smartwatches, ou « montres intelligentes ». Le patron du Swatch Group persiste à ne pas y voir la moindre menace pour l'horlogerie traditionnelle, avec des arguments qui prouvent qu'il n'a rien compris à la carpo-révolution (« wrist-revolution » : la bataille territoriale pour le poignet) qui se profile dans les douze à dix-huit mois à venir (en cartouche en haut de la page : une anticipation futuriste des années 1970).
◉ Les smartwatches réclameraient un logiciel que le Swatch Group se refuse à la fois à développer et à acquérir auprès d'une société spécialisée : louable souci d'indépendance, mais aveuglement stratégique incomparable ! Apparemment, l'état-major de Bienne n'a pas encore pris en compte ni la révolution informatique, ni la révolution numérique, ni la révolution Internet, ni la révolution connectique. Pour Noël, peut-être faudrait-il offrir un boulier à Nick Hayek...◉ Les smartwatches « solliciteraient les deux mains, alors qu'une seule main est nécessaire pour les téléphones portables » : c'est une double absurdité, puisqu'on conseillera à Nick Hayek non seulement de relire Dick Tracy, mais aussi d'essayer de remonter ou de mettre à l'heure sa montre traditionnelle avec une seule main quand elle n'est pas au poignet (0-0 balle au centre !). Plus que tout, cette remarque prouve qu'il croit encore que les « montres intelligentes » ne serviraient que d'appoint au téléphone, alors qu'elles seront le point de convergence de tous les usages numériques (téléphone, effectivement, mais également données personnelles, capteurs biométriques, liens e-commerce et tout le reste). Nick Hayek doit encore penser qu'un smartphone ne sert qu'à téléphoner...◉ Les smartwatches seraient si gourmandes en énergie qu'elles réclameraient de se promener avec un câble de rechargement : là encore, quelle ignorance des fantastiques progrès dans la micro-consommation et dans les nano-énergies – et quel mépris pour des marques comme Casio, qui maîtrisent justement les technologies alternatives (énergie solaire) en même temps que les technologies de basse consommation et les technologies tactiles ! Pour savoir à quoi peut ressembler une montre traditionnelle, ressentie comme un produit de mode, mais dotée d'une technologie Bluetooth, on appréciera le film Casio ci-dessous... ◉ Les smartwatches seront pour Nick Hayek le meilleur outil de promotion des montres traditionnelles, en poussant les jeunes générations à reporter une montre au poignet : c'est effectivement bien vu [ce qui confirme au passage que la vraie guerre est celle du poignet], mais comment imaginer que des néo-amateurs de montres passeront impertubablement de la montre connectée – prothèse numérique qui sert à tous les usages du quotidien et qui vous relie au monde (on en rêvait déjà dans les années 1950 : ci-dessous) – à une montre classique qui ne fait que donner l'heure en vous coupant du monde [ce qui n'est plus acceptable qu'en week-end ou en soirée, un peu comme on se fait plaisir au volant d'une vénérable automobile vintage en fin de semaine] ? 
◉◉◉◉ On comprend malgré tout que ce dossier des smartwatches (ci-dessous, une caricature des années 1980, qui rejoint les objections de Nick Hayek) agace vraiment le patron du Swatch Group, qui sera le premier exposé si ces « montres intelligentes » tiennent leurs promesses commerciales [Samsung, dont la première montre Galaxy Gear est quasiment ratée, n'en annonce pas moins 800 000 ventes !] : c'est tout la pyramide des marques du groupe (Swatch, Tissot, Longines, Rado) qui risque d'être ébranlée pour le « grand remplacement » qui s'annonce. Business Montres l'a déjà écrit : on pourrait tabler sur un effondrement des volumes, de l'ordre de la moitié des ventes actuelles de montres suisses évaporée avant dix ans. Rappelons notre analyse sur les marques qui s'en tireront le mieux : celles dont le prix moyen est nettement inférieur au prix de marché des smartwatches (autour de 150 euros : disons Ice-Watch, avec d'autant plus de certitudes que Swatch ne cesse d'augmenter ses prix), celles qui surfent sur le marché de la griffe et de la mode (ce sont des accessoires, non des équipements du quotidien) et celles qui restent des objets de référence statutaires (Rolex, Patek Philippe et les autres, dont on ne portera plus les montres qu'en certaines occasions, ce qui va sérieusement affecter les volumes). 
◉◉◉◉ Face à ce danger potentiellement léthal des « montres intelligentes », un double pari. On peut imaginer – c'est le premier pari – que Nick Hayek bluffe pour masquer une prochaine initiative sur le terrain des smartwatches : c'est oublier qu'il s'est déjà personnellement pris quatre raclées mémorables sur ce terrain, où il était pionnier mais trop en avance sur le marché (le pager Swatch, la Swatch Access, la Swatch Paparazzi, en collaboration avec Microsoft, et la Swatch BMT, Bienne Mean Time) et c'est oublier que le Swatch Group n'arriverait de toute façon que trop tard sur ce marché et que sa voix serait noyée – si on l'exprime en parts de marché médiatiques – dans l'immense hourvari des promotions de la iWatch et de ses futurs concurrents [même si, comme Business Montres l'a déjà déploré, la meilleure réponse suisse aurait été un développement commun Swatch-Apple, avorté pour des questions d'égo]. Second pari : on peut aussi considérer – comme 90 % des responsables de la branche – que la fière et noble horlogerie traditionnelle est naturellement immunisée contre tout danger venu de l'entrée de gamme, en particulier contre tous ces gadgets électroniques qui ne sauraient remplacer la griserie des rouages mécaniques et des nano-composants en matériaux high-tech. On peut toujours rêver... 
▶▶▶ LES IN–10–CRÉTIONS DU JOURNotées à la volée, en vrac, en bref et en toute liberté... ◉◉◉◉ MONTRE INTELLIGENTE : un bon exemple des nouvelles biotechnologies connectées et de la future « révolution du poignet » (carpo-révolution) est à rechercher dans la proposition Night-Sense développée en Israel (en plus de la vidéo ci-dessus, voir également notre analyse plus générale, sous le signe de l'autruche, un peu plus haut dans la page). Il s'agit d'une montre-bracelet destinée aux diabétiques et capable d'analyser leurs mouvements, en particulier la nuit, pour donner l'alarme dès qu'une chute de glycémie ou un excès d'insuline sont détectés [des pathologies qui tuent à peu près 20 personnes par jour !]. C'est exactement le genre de services qui seront, demain, intégrées dans les capteurs biométriques des smartwatches – et ce n'est pas de la science-fiction, mais une proposition déjà expérimentale... 
◉◉◉◉ TOURBILLON : mais si, le tourbillon fait toujours recette en Asie, comme objet statutaire (le tourbillon look) autant que comme indicateur socio-culturel (la passion mécanique assortie des moyens de l'assouvir) ! Mais si le tourbillon marche encore ! En témoigne la récente exposition organisée par le groupe Sincere, à Singapour : 100 montres dotées d'un tourbillon (échantillon ci-dessus), réparties en quatre espaces (tourbillons seuls, multi-tourbillons, tourbillons à complications, tourbillons joailliers). De quoi ratisser large, bien au-delà des seules marques distribuées par Sincere. Au programme, Les nombreux tourbillons de Franck Muller, mais aussi ceux de A. Lange & Sohne, Greubel Forsey, Audemars Piguet, Bovet, Girard-Perregaux, Omega, Bvlgari, Zenith, Bell & Ross ou IWC (liste ci-dessus : l'exposition est prévue jusqu'au 12 février). Une jolie réunion de famille, qui prouve au moins que les amateurs asiatiques croient toujours au tourbillon, qui fait de moins en moins recette dans le coeur des amateurs européens... 
◉◉◉◉ DIAMANT ORANGE : quand Business Montres (18 novembre) vous révélait comment le diamant orange vendu 36 millions de dollars par Christies était parti pour l'« Orient compliqué », la réalité était encore plus compliquée que prévue. Celui que nous soupçonnions d'être l'acheteur n'était que le « masque » – l'ami et le guide – de l'enchérisseur final, un richissime collectionneur de montres lui aussi, tout aussi proche-oriental et tout aussi versé dans les raretés joaillières. Rendons à César ce qui est à César et à Christie's ses « vrais » clients à 36 millions de dollars [ceux qui comptent sont ceux qui lèvent leur paddle, pas ceux qui conseillent de lever le paddle pour acquérir cet exceptionnel diamant The Orange]... ◉◉◉◉ SHAWISH : le joaillier qui monte – repéré à Baselworld cette année pour quelques propositions audacieuses – conforte son enracinement genevois avec un événement co-organisé avec un fameux chocolatier au Bon Génie, dans le coeur commercial de Genève (28 novembre). Du beau et du bon ! Shawish : une marque à ne pas perdre du vue, qui a bien compris les attentes des nouveaux clients du luxe (ci-dessous)... 
◉◉◉◉ SEVENFRIDAY : couleurs de néons pour les nouvelles déclinaisons des montres Sevenfriday, géniales réinterprétations mécaniques du nouveau design horloger suisse, sous influence robotisée (les fameux automates Kuka) pour la version orange, mais ne manquez pas la symphonie bleue et l'immersion dans le vert... ◉◉◉◉ KARL LAGERFELD : le « Kaiser » de la mode à Sciences-Po (Paris) ! Pas évident de réussir le pari d'une conférence de deux heures, mais le couturier a muselé toute contestation de la part des étudiants, domptés par son débit oratoire et son sens des formules. « Je n'ai pas fait d'études. Je n'ai pas eu le temps... L'école, c'est bien, mais ça ne suffit pas... Je milite pour la journée de 48 heures... [À propos de ses trois marques] Un truc stimule un autre. Chanel, c'est ma version française, Fendi, ma version italienne, Lagerfeld, la version de moi-même... Je n'ai pas croisé Coco Chanel. Il ne valait mieux pas, elle m'aurait détesté... Il faut respecter les choses, mais si vous voulez survivre, il ne faut pas rester là-dedans... [À propos des codes Chanel] Dans les collections, de 1954 aux années 60, il n'y avait pas de camélias... Certains disent que l'élégance est morte. C'est faux. Elle a changé de visage... C'est à nous de nous adapter aux évolutions du temps et non l'inverse... Ce qui compte, c'est aujourd'hui... À notre époque, on n'ait pas besoin d'une fortune pour être bien habillé : le luxe est obligé de faire des efforts sur-humains à cause de ça... Je pense qu'on peut toujours faire mieux »... 
◉◉◉◉ RAKETA : la manufacture de Saint-Pétersbourg vient de se voir interdire la commercialisation de sa montre « Raketa pour Sochi » (ci-contre), éditée à l'occasion des jeux Olympiques de Sotchi, début 2014 (Business Montres du 19 novembre). Il aurait fallu être très naïf pour penser que la maison Omega – partenaire horloger officiel, et exclusif, à prix d'or – du Comité international olympique allait laisser penser ce premier accroc au contrat commercial qui lie les Jeux à la marque du Swatch Group. Même pour un coup de canif porté par une marque russe Made in Russia. Même si cette montre ne mentionne pas les jeux Olympiques et ne comporte pas le moindre anneau olympique. Pas touche à mon monopole horloger ! ◉◉◉◉ CHRONIQUE JUDICIAIRE : tout le monde l'a remarqué, mais ça commence à faire beaucoup ! Des boutiques de montres sont attaquées quasiment tous les jours (ou toutes les nuits), mais c'est désormais au tour des manufactures d'être visitées par les malfrats (le week-end dernier : Piaget à la Côte-aux-Fées et Vacheron Constantin à Plan-les-Ouates), quand leurs clients ne sont pas dépouillés dans la rue par les gangs spécialisés. Comme on aimerait que les polices européennes (notamment en France et en Suisse) aient la même célérité que la police de Bahrain, qui n'a mis que quelques semaines à démanteler la bande des malfaiteurs venus du Kosovo qui avaient « cassé » la boutique Rolex de Manama, la capitale du royaume de la famille Al Khalifa. 79 Rolex, estimées à 1,4 million de dollars avaient été volées le 10 septembre dernier : deux mois plus tard, les malfrats sont sous les verrous ! ◉◉◉◉ MB&F : bonne idée de l'équipe de Maximilian Büsser, qui a compilé dans une revue annuelle, Parallel Worlds (ci-dessous), le meilleur des publications du blog A Parallel World et de différentes parutions relatives aux expositions de la M.A.D. Gallery de Genève. Maquette très inspirée par Monocle, mais récapitulation utile pour lire, sur papier (dos carré, quadrichromie, 128 p., diffusion chez les détaillants de la marque, 13 euros pour rester crédible), des articles vite noyés et oubliés dans l'hyperflux quotidien de la planète numérique... 
◉◉◉◉ XAVIER DIETLIN : ne pas manquer le film sur la poésie mécanique, tourné par Xavier Dietlin lors de l'exposition de la montre de l'année 2013. On y découvre une vitrine conçue par Xavier Dietlin (le vitriniste le plus créatif de sa génération), qui a travaillé avec le génial automatier de Sainte-Croix, François Junod, qui a mis à disposition ses propres automates. Magnifique et poétique (Business Montres Vision et ci-dessous) ! D'AUTRES SÉQUENCES RÉCENTESDE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...