> 


SMARTWATCHES (accès libre) : Face au défi d'Apple, Nick Hayek préfère affronter le danger dans les prétoires plutôt que dans les vitrines...

Face au danger, Nick Hayek appelle les flics ! Persuadé que les smartwatches n'ont pas le moindre avenir (avec des arguments qui démontrent qu'il n'a pas compris l'ampleur de la menace), Nick Hayek s'attaque à la future iWatch d'Apple en se tournant vers le juge plutôt que vers le consommateur pour arbitrer...  ▶▶▶ SWATCH GROUPE CONTRE APPLEN'est-il pas un peu tard pour contrer Apple


Face au danger, Nick Hayek appelle les flics ! Persuadé que les smartwatches n'ont pas le moindre avenir (avec des arguments qui démontrent qu'il n'a pas compris l'ampleur de la menace), Nick Hayek s'attaque à la future iWatch d'Apple en se tournant vers le juge plutôt que vers le consommateur pour arbitrer...

libelium_smart_world_infographic_big
 
 SWATCH GROUPE CONTRE APPLE
N'est-il pas un peu tard pour contrer Apple
devant les tribunaux au lieu de répondre
aux défis de la prochaine grande « bataille du poignet » ?
 
 
nexusae0_32◉◉ GRAND FRISSON JURIDIQUE AU SWATCH GROUPE !  Les médias suisses (Tribune de Genève) découvrent aujourd'hui que le groupe de Nick Hayek vient de lancer différentes procédures contre Apple pour la trop grande proximité entre le nom de marque déposé « iSwatch » (enregistré dans 80 pays) et le nom de modèle iWatch, déposé par Apple dans un certain nombre de pays. Cette information n'est pas une découverte pour les lecteurs de Business Montres, informés de ces procédures depuis le 13 novembre 2013 ! Les récentes déclarations d'une responsable de la communication du Swatch Group à ce sujet (source Watson) ne sont donc qu'une confirmation : il faut dire qu'on s'y perd un peu et qu'une clarification est devenu inévitable. Comme nous l'avions déjà anticipé (« Embrouille : iSwatch, iWatch, Ice-Swatch, on s'y perd un peu, mais la bataille vient de commencer » : Business Montres du 15 février 2013), une réaction était nécessaire.
 
◉◉ À DÉFAUT D'UNE RÉPONSE CONCURRENTIELLE ADAPTÉE,  le Swatch Group préfère se battre dans le prétoires : pas sûr que ce soit le bon choix stratégique... Le retard du Swatch Group dans le domaine des montres intelligentes est pour l'instant incompréhensible, mais déjà très dangereux pour l'industrie des montres suisses : Nick Hayek a commencé par envoyer un message lénifiant à la profession, en se gaussant de ces montres qui n'auraient de toute façon qu'un écran ridiculement petit, une autonomie ridiculement limitée et une capacité logicielle ridiculement éphémère. Impossible pour lui d'imaginer que les consommateurs puissent arbitrer en faveur d'un gadget électronique face à ses belles montres suisses. Sa position de matamore a ensuite évolué vers la reconnaissance (discrète) d'un problème, en roulant des mécaniques pour réaffirmer que le Swatch Group avait toutes les technologies pour se lancer sur le marché des smartwatches, mais qu'il ne le souhaitait pas : souvent pointée du doigt par Business Montres, c'est la version biennoise du « Retenez-moi où je fais un malheur » cher aux Marseillais. Moyennant quoi, à sa dernière conférence de presse, Nick Hayek nous a présenté une Tissot connectable à un smartphone par Bluetooth – montre que personne n'a pu manipuler [ce qui permet de penser qu'il s'agissait plus ou moins d'un postiche, non présenté à Baselworld] et qui ne serait, dans le meilleur des cas, qu'une réponse inappropriée et tardive [Casio dispose de telles montres Bluetooth depuis des années]...
 
ku-xlarge5
◉◉ AU RISQUE DE SE RÉPÉTER DANS SES PROPRES PAGES, Business Montres maintient son analyse : contrairement à ce que peut en penser l'état-major du Swatch Group, ce qui se joue n'est en rien une concurrence frontale entre une nouvelle génération de montres (connectées et enrichies de fonctions numériques multiples) et une ancienne génération de montres traditionnelles (mécaniques ou électroniques). Personne n'en veut à la montre suisse. Ce qui se joue, c'est une conquête territoriale du poignet par des objets nomades, dont la montre suisse n'était d'ailleurs qu'un élément pionnier au début du XXe siècle. C'est le poignet qui est l'enjeu stratégique, parce que c'est au poignet qu'on peut attacher, facilement et logiquement, une « tour de contrôle numérique » des connexions de chacun au système mondial des objets connectés. L'idée n'est pas de lutter contre la montre traditionnelle, mais de prendre place dans une partie du corps où il est d'usage de porter un objet facile à consulter – partie du corps où il est facile de capter des flux vitaux capables d'enrichir de fonctions biométriques les nouveaux objets de poignet. Dans ce schéma stratégique, les fonctions purement téléphoniques sont purement annexes : les nouvelles fonctions [qu'on parle de traceurs d'activité, de stockage des mots de passe, de billeterie train ou avion, de clés de contact ou toute autre nécessité nomade utile au poignet] seront de toute façon plus porteuses d'utilité immédiate et de style de vie que les simples fonctions horaires...
 
 C'EST LÀ QU'ON PEUT S'INQUIÉTER DE VOIR LE SWATCH GROUP tenter de bloquer Apple sur le tapis vert des tables de négociation [toutes ces manoeuvres se termineront forcément par un arbitrage amiable] plutôt que dans les vitrines, par une offre concurrentielle adaptée aux enjeux d'une nouvelle demande. Ayant compris qu'il avait deux ans de retard sur les évolutions du marché encore instable des smartwatches et que le premier train – celui de la première iWatch d'Apple, dès cet automne – allait partir sans lui, Nick Hayek appelle les flics. Il a compris que ces smartwatches, quelles qu'elles soient, allaient sérieusement impacter sa pyramide des marques [d'abord en commençant par le segment Swatch et Tissot, en déstabilisant très vite le reste de l'édifice] et remettre en cause la dynamique de son groupe, mais peut-on opposer une argumentation judiciaire à une mutation sociétale aussi profonde que celle de l'« Internet des objets » ? Au début du XXe siècle, on pouvait ne pas croire à l'avenir de l'automobile et vanter – contre ce moyen de transport puant et aléatoire – le noble art équestre, ses traditions millénaires et les immortels métiers d'art de la sellerie, mais les marques qui avaient choisi cette option ne sont plus là pour nous en parler. En revanche, Hermès – qui a très vite recyclé les casaques des jockeys en carrés de soie et les sacs à selle en sacs à main féminins – est toujours la plus belle histoire qui soit jamais arrivée au luxe européen...
 
dick-tracy-watch2◉◉◉◉ D'AUTANT QU'UN TROISIÈME LARRON POURRAIT SE GLISSER dans le duo de chiffonniers qui va se jouer devant les juges entre le Swatch Group et Apple. Il s'agit évidemment du groupe Ice-Watch, dont le nom déposé a été négocié avec le Swatch Group, au cours d'un accord amiable récemment intervenu sous la surveillance des juges suprêmes de Berne, en Suisse (révélations Business Montres du 28 janvier 2014). On peut d'ailleurs se demander si cet accord amiable – considéré comme « hautement confidentiel » par les deux partis [pourquoi ?] – ne concernait pas une possible contre-attaque contre Apple : en riposte aux attaques du Swatch Group (explications dans l'article cité ci-dessus), le groupe Ice-Watch avait assigné Nick Hayek en justice pour le dépôt du nom « iSwatch », phonétiquement trop proche de « Ice-Watch » (c'était une autre révélation Business Montres du 26 novembre 2012). Il y a de fortes chances pour que le nouvel accord amiable, parrainé par le Tribunal fédéral de Berne, ait annulé ces procédures – ce qui donne désormais une grande liberté de manoeuvre à la machine Swatch Group pour se lancer, dans le monde entier [disons partout où le nom d'iWatch a tenté d'être déposé], à l'assaut d'Apple. 
 
◉◉◉◉ LE RECOURS À LA JUSTICE, C'EST TOUT DE MÊME LE DEGRÉ ZÉRO d'une réponse stratégique à ce qui s'annonce comme un enjeu industriel et commercial décisif. Dans sa fréquentation des tribunaux, le Swatch Group – qui a les moyens d'une riposte forte, mais pas forcément aussi massive que celle d'Apple, dont les avocats ont pu sortir victorieux d'un bras de fer contre Samsung – n'aligne pas que des victoires devant les juges. Certes, l'opération Tiffany & Co a été fructueuse [tout en ne récoltant que 15 % des indemnités demandées], mais les exemples de causes perdues abondent [ne reparlons pas de l'action contre UBS]. L'accord amiable finalement (piteusement ?) négocié avec le groupe Ice-Watch – pot de terre qui a eu raison du pot de fer biennois – prouve que le droit n'est pas forcément toujours du côté où on l'attend. Inutile de rappeler à nos lecteurs que, selon Nick Hayek, il y a tout juste un an, les smartwatches n'avaient guère de chances de s'imposer sur le marché : c'est curieux, cette fébrilité judiciaire contre un concurrent dont on affirme qu'il va droit dans le mur...
 
9377599
 
 
 
D'AUTRES SÉQUENCES RÉCENTES
DE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...
Partagez cet article :

Restez informé !

Inscrivez-vous gratuitement à notre newsletter et recevez nos dernières infos directement dans votre boite de réception ! Nous n'utiliserons pas vos données personnelles à des fins commerciales et vous pourrez vous désabonner n'importe quand d'un simple clic.

Newsletter