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GPHG 2021 #05 (accès libre)
Supplique aux membres du jury pour qu’ils évitent de grossières erreurs d’appréciation #1

Au fil des années, on découvre que les jurés du GPHG – qui changent désormais tous les ans ou presque – n’ont pas toujours eu la main heureuse dans leurs choix. Autant leur suggérer quelques bonnes idées de montres à ne pas oublier de récompenser…


Commençons donc par examiner quelle(s) montre(s) ont des chances de l’emporter dans chacune des catégories, en tenant compte d’une façon plus générale de l’air du temps et des modes horlogères, mais aussi de la personnalité des différents membres du jury, qu’ils soient membres tirés au sort de l’Académie du GPHG ou qu’ils soient personnellement choisis et désignés par la direction du GPHG. Il est évidemment impossible de tenir compte des « petits arrangements entre amis » qui permettent toujours de réorienter ou de corriger le vote des jurés si une marque venait à être trop souvent récompensée. Dans la seconde partie de ce décryptage, nous terminerons par un guide raisonné de l’usage des trente jurés pour l’attribution des prix hors catégorie qui sont laissés à leur discrétion (Innovation, Audace, prix spécial du jury, etc.)…

Trois précisions avant de découvrir nos premières préconisations. D’une part, il ne s’agit en rien d’une préférence personnelle : notre sélection aurait été relativement différente, mais la vox populi de l’horlogerie en aura décidé autrement. D’autre part, le choix que nous suggérons aux jurés tient compte du message – fort ou faible, intelligent ou banalisé, original ou académique – que la montre récompensée enverra aux marchés et aux amateurs : la responsabilité des jurés n’est pas de faire plaisir à telle ou telle marque, mais de redonner confiance et espérance à la communauté de la montre. Enfin, last but not least, il faut déplorer la banalité, sinon l’impression de médiocrité, qui se dégage de la présélection de l’année, avec trop de marques surreprésentées : 18 marques s’arrogent 56 des 84 montres en compétition (voir notre analyse Business Montres du 8 septembre 2021 : « Mais comment autant d’honorables académiciens ont-ils pu faire preuve d’un tel conformisme ? ». Il faudra néanmoins que les jurés composent avec cette présélection qui est tout sauf idéale : quels seraient les moins mauvais choix ?

❑❑❑❑ DAME : trois montres se détachent d’emblée de la présélection 2021 pour exprimer ce que pourrait la montre féminine de l’année – Chanel, Piaget, Van Cleef & Arpels. Les deux premières de ces montres ne sont pas vraiment des nouveautés de l’année, les deux dernières relevant d’une approche trop précieuse dans cette catégorie. Le choix original serait la Lady Beat d’Armin Strom, mais elle n’a rien de très féminin, tout comme la Parmigiani Fleurier. Alors, au bénéfice du doute, en avant pour la Chanel…

❑❑❑❑ COMPLICATION POUR DAME : rien que de très convenu, avec le retour de Piaget et Chanel pour des montres déjà vues, mais aussi plus précieuses que vraiment techniques. Les vraies complications se trouvent chez Louis Vuitton et chez Montres KF (Karsten Frasdorf), mais ces pièces ne témoignent pas d’une féminité exacerbée. Alors, au bénéfice du doute, allons-y pour Chopard…

❑❑❑❑ HOMME : cette catégorie vise généralement l’élégance et une certaine idée de la sobriété horlogère, ce qui exclut d’emblée MB&F et Piaget, voire même Louis Érard. On a déjà vu ailleurs Seiko et H. Moser & Cie. Reste donc une montre dont les qualités consonnent exactement avec l’esprit de ce prix : Hermès…

❑❑❑❑ COMPLICATION POUR HOMME : si la LMX de MB&F est trop compliquée et la Chopard pas assez (!), la compétition devrait se jouer entre trois marques – Breitling, Bvlgari et Chanel. Bvlgari a eu tort de ne pas présenter la version bleue de sa Worldtimer et Chanel n’est est pas à sa première présentation de la Monsieur. Optons donc pour cet excellent compromis entre élégance et mécanique que constitue la Breitling…

❑❑❑❑ ICONIQUE : les vraies icônes savent faire la différence, ce qui qualifie trois marques pour l’attribution du prix – Tudor, Vacheron Constantin et Zenith. Les deux premières n’ont pas encore la densité, ni la pertinence iconique de la dernière : donc, au bénéfice, jouons pour ce prix la carte de Zenith…

❑❑❑❑ TOURBILLON : y a-t-il vraiment photo entre toutes ces montres ? Trois font valoir leur différence : ArtyA, Louis Moinet et De Bethune. Certes, il serait temps qu’ArtyA décroche un prix, de même que Louis Moinet [qui n’a pas forcément inscrit sa montre dans la bonne catégorie], mais un tourbillon « basculant » s’impose d’emblée : celui de De Bethune…

❑❑❑❑ CALENDRIER ET ASTRONOMIE : la catégorie est un peu disparate, entre les montres à quantièmes et les montres à vocation cosmographique. Même si Konstantin Chaykin mériterait un coup de main et même si le planétarium de Christiaan Van Der Klaauw est éblouissant de virtuosité, le bon choix serait la sobriété d’une grande lune vient légendaire, celle d’Arnold & Son…

❑❑❑❑ EXCEPTION MÉCANIQUE : on est une fois encore dans le mariage de la carpe et du lapin, avec deux « objets du temps » qui auraient mérité une catégorie autonome [la Svemir de Miki Eleta méritant en soi une Aiguille d’or !], une classique trop vue et revue (Piaget), une dinguerie musicale (Jacob & Co), un parangon du néo-classicisme mécanique (Bernhard Lederer) et un hommage à la tradition des automates. Si ces deux dernières montres méritent un tel prix [dommage qu’on ne puisse avoir ici la version bleue du chronomètre ultra-innovant de Bernhard Lederer], au bénéfice de la tradition et parce que c’est l’année du bicentenaire de la mort de Napoléon, récompensons une montre mécanique compliquée qui sauve l’honneur impérial de l’horlogerie suisse : la Napoléon de Christophe Claret…

❑❑❑❑ CHRONOGRAPHE : si l’U30 d’Angelus semble trop compliquée, le monopoussoir de Louis Érard trop simple, la montre d’aviateur d’IWC trop souvent galvaudée au GPHG et le chrono Tudor assez banalisé, deux finalistes sur les six présélectionnés cochent à peu près toutes les bonnes cases : Breitling et Zenith. Si la récompense iconique n’allait pas à Zenith, son Chronomaster Sport serait un excellent choix, mais il sera sans doute tentant pour les jurés d’accorder ce prix – une montre verte, c’est la tendance de l’année ! – à la Premier de Breitling…

❑❑❑❑ À SUIVRE : Supplique aux membres du jury pour qu’ils évitent de grossières erreurs d’appréciation #2 (GPHG 2021)  

LES AUTRES SÉQUENCES

CONSACRÉES AU GPHG 2021

Les actualités de l’année pour le Grand Prix d’Horlogerie de Genève 2021, avec les analyses, les tendances, les échos, les coulisses et les indiscrétions qui font mieux comprendre les enjeux et le palmarès final…

❑❑ LE SNIPER DU LUNDI   : « Mais comment autant d’honorables académiciens ont-ils pu faire preuve d’un tel conformisme ? » (Business Montres du 8 septembre)

❑❑ #04   : Quels prix aurait-il fallu créer pour ce GPHG 2021 et pourquoi ils vont nous manquer ? (Business Montres du 12 mai)

❑❑ #03   : Quelles sont les montres qui mériteraient d’entrer dans la compétition ? (troisième partie : Business Montres du 11 mai)

❑❑ #02  : Quelles sont les montres qui mériteraient d’entrer dans la compétition ? (deuxième partie : Business Montres du 10 mai)

❑❑ #01  : Quelles sont les montres qui mériteraient d’entrer dans la compétition ? (première partie : Business Montres du 6 mai)


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