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WONDER WEEK 2015 #2 : Mais de quelles bonnes nouvelles va-t-on pouvoir parler pendant cette semaine genevoise ?

Comment la famille Hayek a perdu 7 milliards de francs suisses en quelques secondes, comment les petits actionnaires minoritaires du Swatch Group ont perdu 36 % de leur patrimoine en quelques mois et pourquoi les montres suisses vont devenir invendables en quelques jours : pas facile de garder le moral dans ces conditions...  ▶▶▶ EN RÉSUMÉ Indiscrétions, analyses, informations, enquêtes, rumeurs & murmures 


Comment la famille Hayek a perdu 7 milliards de francs suisses en quelques secondes, comment les petits actionnaires minoritaires du Swatch Group ont perdu 36 % de leur patrimoine en quelques mois et pourquoi les montres suisses vont devenir invendables en quelques jours : pas facile de garder le moral dans ces conditions...

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EN RÉSUMÉ
Indiscrétions, analyses, informations,
enquêtes, rumeurs & murmures 
(développements ci-dessous)...
 
❏❏❏❏ À QUEL PRIX SONT LES MONTRES DU SIHH ? ❏❏❏❏ LES TOURISTES CHINOIS VONT-ILS BOUDER LA SUISSE ? ❏❏❏❏ LE BARDARBUNGA VA-T-IL SE RÉVEILLER ? ❏❏❏❏ LE SWISS MADE EST-IL FOUTU ? ❏❏❏❏ GÉGÉ FERA-T-IL UNE GAFFE ? ❏❏❏❏ YVAN LACÈRE LES EUROS ❏❏❏❏ LE SWATCH GROUP EST-IL À LA MERCI D'UN RAID HOSTILE ? ❏❏❏ NICK A-T-IL UN LIVRET DE CAISSE D'ÉPARGNE ? ❏❏❏❏ SANS PARLER DE TOUS LES AUTRES SUJETS, QUI ONT PLEIN DE CHOSES À NOUS APPRENDRE... ❏❏❏❏
 
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 WONDER WEEK 2015
Les possibles bonnes nouvelles
et les vraies mauvaises nouvelles...
 
122-insolite-06◉◉ LA VENUE À GENÈVE DE GÉRARD DEPARDIEU, bonne ou mauvaise nouvelle ? On l'attend à la soirée Cvstos, dont il est l'ambassadeur plénipotentiaire, et on le verra au WPHH de Genthod, avec pas mal de caméras de télévision autour de lui. S'il lâche une vraie bêtise [tout dépendra de l'intensité bachique du séjour : voir ci-contre, mais cette image est une forgerie maligne et virale], c'est le buzz assuré pour la marque de Sassoun Sirmakes et même pour la Wonder Week : ce sera donc une bonne nouvelle. En tout, sa convocation très autoritaire – en russe et à la russe – à la conférence de presse à Moscou (Business Montres du 8 décembre) a récolté plus de 210 000 « vues » sur les réseaux sociaux et provoqué une affluence de journalistes sur place. S'il se contente d'être présent et s'il n'a pas le moral pour faire un peu de provocation, à propos du franc suisse et du rouble, à propos de Poutine ou à propos du terrorisme, personne ne saura qu'il est venu et ce ne sera pas une bonne nouvelle... 
 
◉◉ LES TENSIONS GÉOPOLITIQUES INTERNATIONALES, bonne ou mauvaise nouvelle pour les affaires horlogères ? Ce n'est évidemment bon pour personne : les capitales européennes sont désormais à la merci d'ennemis radicaux venus de l'intérieur, alors que les liaisons internationales aériennes, maritimes ou terrestres (trains, routes) sont à la merci de terroristes que plus rien ne semble pouvoir arrêter. Pas de paix, pas de touristes, pas de voyages et pas de business ! Certaines régions du monde sont neutralisées par des conflits qui mêlent les intérêts des Etats voyous à ceux des narco-trafiquants, des terroristes plus ou moins versés dans le banditisme et des guerres religieuses : l'arc de crise maghrébo-oriental d'hier déroule à présent une sorte de balafre géopolitique autour du tropique du Cancer, du Mexique à l'Indonésie, avec des dérivations provisoires vers le sud du Sahel, l'Ukraine ou le nord de l'Amérique latine. Autant de zones interdites qui contrarient les principes fluides d'un commerce prospère et dédramatisé. Autre risque : les simples changements politiques dans un pays [comme la lutte anti-corruption en Chine, prévisible, mais négligée par les marques de luxe] ou le nationalisme panslave en Russie, assorti des sanctions occidentales qui ont abattu le rouble : de nouveaux « éléments de langage » ont suffi à refermer les marchés russe et chinois. Risque majeur complémentaire : la crise franc suisse-euro n'est qu'un indicateur du profond malaise qui met à mal tout l'actuel édifice des parités monétaires : le dollar peut s'effondrer, l'euro se dévaluer, le rouble ne pas remonter la pente et le yuan devenir une monnaie-refuge, tout comme l'or, dans une planète monétaire devenue folle. Et on ne parle pas ici des risques écologiques, non seulement ceux de la submersion de certaines côtes pour cause de réchauffement climatique [avec les problèmes de transferts de populations, et de misère déstabilisante que cela suppose], mais tout simplement le réveil inévitable d'un simple volcan islandais, disons le Bardarbunga, pour paralyser le transport aérien dans toute l'Europe. Quand la confiance n'y est plus et que le cash ne circule plus aisément, le moindre incident grippe la machine...
 
◉◉ LA CHUTE DE L'ACTION SWATCH GROUP, bonne ou mauvaise nouvelle ? À première vue, mauvaise pour le clan hayek, propriétaire du Swatch Group : les héritiers de Nicolas Hayek, dont son fils Nick et sa soeur Nayla, ont perdu en quelques jours l'équivalent en valeur de 7,108 milliards de francs suisses. Ils possèdent 63,2 millions d'actions du groupe, qui valent aujourd'hui 360 CHF pièce, mais qui valaient 592 CHF pièce il y a un an. Ne prenons pas cette valeur haute sur 52 semaines et contentons-nous de la variation depuis le début de l'année (- 19 % à l'heure d'écrire ces lignes, mais les 20 % étant dépassés hier soir) : cela représenterait, en cas de vente de tout le bloc, l'équivalent d'une perte de 7,108 milliards de CHF. Ce qui représente quand même 14,6 milliards de francs suisses de perte théorique sur 52 semaines – soit à peu près la même somme en euros ! C'est le tsunami le plus cher de l'histoire : on comprend le coup de gueule rageur du patron du Swatch Group ! Cette perte efface en quelques heures tous les gains en capital de ces quatre dernières années : Nick Hayek aurait mieux fait de toute mettre à la Caisse d'épargne... 
 
◉◉ SWATCH GROUP (2) : ce n'est pas non plus une bonne nouvelle pour les petits actionnaires, minoritaires et généralement populaires, du Swatch Group, qui ont perdu plus de 35 % de leur capital investi dans ces actions depuis un an (en y intégrant la baisse du cours qui a suivi le découplage du franc suisse et de l'euro). Si les comptes ne se redressent pas rapidement [et il faudrait pour cela annoncer de très très bonnes nouvelles avant le mois de mai, mais on ne les voit guère venir], la prochaine assemblée générale risque d'être un peu chahutée. C'est probablement cette absence de perspectives riantes – et la prise de conscience tardive de l'impact des smartwatches – qui a poussé les analystes à sanctionner plus durement le Swatch Group que le groupe Richemont, qui n'a perdu que 20 % de sa valeur boursière depuis un an [pas de quoi mettre à la rue la famille de Johan Rupert]...
 
◉◉ SWATCH GROUP (3) : en revanche, cette baisse du cours de l'action Swatch Group est une aubaine pour les raiders potentiels, qui peuvent effectuer un « ramassage » discret – en restant au-dessous des 5 % par acheteur. La famille Hayek ne contrôlant qu'un peu plus de 40 % des droits de vote, l'éclatement du « noyau dur » reste à la portée d'un méchant prédateur ou d'un pack d'investisseurs qui voudraient s'offrir au moins un strapontin à la table du conseil d'administration du premier horloger mondial. Ce bas niveau historique de l'action du groupe peut également donner des idées à d'autres groupes de luxe, tant pour s'offrir un balcon sur les comptes de leur concurrent que dans le cadre d'un pacte d'alliance entre milliardaires de l'horlogerie internationale. N'oublions que c'était par pur philanthropisme managérial et dans un louable souci de « protection » que Bernard Arnault (LVMH) avait tenté de s'inviter chez Hermès... 
 
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◉◉ L'INFLATION DU FRANC SUISSE, bonne ou mauvaise nouvelle pour Genève ? En tout cas, pas pour le SIHH 2016 [qui sera le vrai vingt-cinquième anniversaire du salon, lancé en 1991 : à croire qu'on a fêté cette année les 25 ans parce qu'on ne savait pas si ce serait possible en 2016] : les hôteliers et les espaces d'exposition ont déjà fait savoir à la direction du salon qu'ils ne pourraient pas maintenir l'année prochaine les prix de 2015, ce qui nous promet, dans un contexte économique horloger nettement déprimé, un format plus réduit [voire pas de format du tout si on suit les récriminations de quelques marques] et/ou beaucoup moins d'invités. Les hôteliers de la ville s'attendent d'ailleurs à une baisse globale de la fréquentation, notamment pendant les périodes de salon [ce qui fera le bonheur des hôteliers de la France voisine]. À Genève, il n'y a guère que les frontaliers français pour se réjouir de cette augmentation monétaire inopinée de leur salaire : ce qu'ils ne savent pas, c'est qu'un certain nombre d'employeurs ont déjà renoncé à l'idée de leur verser une augmentation salariale, en prétextant l'avantage monétaire (de 20 % à 30 % en pouvoir d'achat) dont ils viennent de bénéficier. En attendant, Yvan Arpa recycle chez Artya son idée initiale de 2011 : le cadran réalisé avec des billets d'euro déchiquetés (ci-dessus) : anticipation ?
 
◉◉ DES PRIX IMPOSSIBLES À FIXER, bonne ou mauvaise nouvelle pendant la semaine genevoise ? Grande nouveauté au SIHH : les montres qui seront commandées n'auront pas de prix fixes ! Ce seront des prix « à la louche » ! Les marques n'ont pas encore étudié l'adaptation de leurs tarifs 2015 aux errances haussières du franc suisse. Les détaillants pourront donc faire leur marché, mais avec des prix non définitifs. Ce qui ne va pas faciliter les prises de commande, surtout avec des clients déjà naturellement très attentistes...
 
◉◉ LE FRANC SUISSE QUI S'ENVOLE, bonne ou mauvaise nouvelle pour les marques européennes ? Et plus généralement pour les principaux marchés européens. Il est certain que la destination touristique suisse devient moins intéressante pour les global shoppers asiatiques : non seulement le séjour sera plus cher, mais les montres y sont nettement moins intéressantes à acheter pour les revendre ou pour les offrir une fois de retour en Asie. C'est valable pour les touristes chinois comme pour les touristes japonais. En revanche, on peut imaginer un report de ces achats sur les places françaises, allemandes ou anglaises – mais à condition que les horlogers suisses résistent à la tentation d'augmenter leurs prix pour  maintenir leurs marges [démarche qui serait suicidaire après toutes les hausses de ces dernières années]. C'est également une bonne nouvelle pour les marques européennes extra-suisses, qui vont avoir l'occasion de prendre quelques parts de marché sur leurs segments respectifs, surtout si elles ne se sentent pas concernées par le Swiss Made réglementaire [qui pourrait lui même succomber dans cette escalade monétaire : voir ci-dessous]. Un seul exemple : mécaniquement, le prix des Swatch va augmenter (même si une partie des coûts de production n'est pas libellée en francs suisses), alors que le prix des Ice Watch sera exprimé en euros de facto dévalués – inutile de préciser qui va en profiter ?
 
◉◉ LE FRANC SUISSE À ÉGALITÉ AVEC L'EURO, bonne ou mauvaise nouvelle pour l'horlogerie française ? On peut se demander si ce n'est pas une chance historique inespérée de recréer, sans tarder, une filière horlogère française digne de ce nom, dans une Franche-Comté qui a tous les atouts (légitimité, traditions, monuments, marques, fournisseurs, centres de formation, laboratoires de recherche, etc.) pour revenir au premier plan international sur ce terrain. On peut même ajouter à cette liste les fonds d'Etat nécessaires, comme Business Montres l'a récemment révélé à propos des 8,5 millions d'euros alloués par l'Etat à la mise au point d'un mouvement mécanique « Made in France ». C'est aujourd'hui une question de volonté plus que de faisabilité – et une urgence compte tenu des conséquences de l'actualité monétaire... 
 
◉◉ UN FRANC SUISSE SÛR DE LUI ET DOMINATEUR, bonne ou mauvaise nouvelle pour la communication de l'horlogerie suisse ? Tout à coup, les espaces publicitaires valent un tiers moins cher dans la zone euro, qui représente tout de même un tiers des exportations suisses : les marques vont donc pouvoir s'offrir 30 % de pages supplémentaires. Même coup de baguette magique pour les sopts publicitaires à la télévision : le discompte n'est pas mince et chacun devrait en profiter en Suisse pour se refaire une notoriété auprès des publics européens. 
 
◉◉ LE SWISS MADE CHAHUTÉ PAR LE FRANC FORT, bonne ou mauvaise nouvelle pour l'industrie horlogère ? C'est une bonne nouvelle parce que la hausse inévitable du prix de revient des montres va permettre de clarifier le marché entre les marques qui pratiquent le vrai Swiss Made (celui qui répond à l'esprit de la réglementation) et celles qui se contentent d'un Swiss Made de papier (qui se contente de la lettre de cette réglementation, pas toujours du bon côté de la ligne jaune). Ce serait aussi une bonne nouvelle si elle hâtait les négociations bilatérales sur l'extension de la zone géographique du Swiss Made – aujourd'hui délimitée par les frontières de la Confédération – aux territoires européens voisins (France, Allemagne, Italie) qui ont une tradition horlogère : cet élargissement, réaliste sur le plan industriel et sur le plan culturel, serait un premier pas vers la défense globale du bastion horloger européen contre les concurrents extra-européens. Les autorités suisses se montreraient responsables si, après le coup de poignard dans le dos du découpagle, elles en profitaient pour accélérer la mise en place de cette « zone économique privilégiée », au moins pour l'horlogerie : il ne s'agit pas de renégocier la règle des 60 %, mais de repousser le curseur douanier à quelques kilomètres [10 km, 20 km, 30 km : le débat reste ouvert] à l'extérieur de la frontière géographique. Le renchérissement du franc suisse est cependant une mauvaise nouvelle : avec plus de francs suisses, on peut acheter encore plus de composants plus ou moins stratégiques à l'étranger ! Le découplage risque de pousser les marques suisses à tricher de façon encore plus éhontée avec la réglementation, certaines de l'impunité que leur garantit à la fois l'absence de vrais « gendarmes » du Swiss Made et l'arrogant sentiment de puissance que donne des grosses usines et des grosses marques, sentiment qui rappelle le « fait du prince » des anciennes monarchies européennes. « Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir », disait déjà M. de La Fontaine...
 
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