Il y aurait bien encore quelques questions qui fâchent avant de quitter 2015. On veut bien rester poli, mais on ne va pas se priver d’un peu de mauvais esprit. Pas de souci, il y aurait en 2016 bien d’autres occasions de grincer des dents ou de laisser épater par la créativité des uns ou l’ingéniosité des autres.

Dernière séquence de chaises musicales pour l’année 2015 – du moins on l’espère ! – avec le départ surprise de Gérald Roden : le patron des activités suisses de Festina quitte sans préavis le groupe dont il venait de restructurer les activités industrielles dans le Valais (Soprod), dans le Jura, dans la vallée de Joux et jusqu’en France.

Pour les bisounours de la communauté horlogère, tout va forcément pour le mieux. Côté marques, « tout va très bien, Madame la Marquise ». Côté amateurs, on a encore du mal à admettre que les marques ne sont pas omnipotentes et qu’elles peuvent régresser, inexorablement, sans pour autant mourir instantanément. Les idées reçues ont la vie dure. Après une année de décroissance en 2015 (la première depuis 2009), qu’en sera-t-il l’année prochaine ? 2016 pourrait bien être l’année zéro de la vraie horlogerie du XXIe siècle…

Mais aussi une concavité trimensionnelle du temps, une mode qui prend Hollywood pour une réalité cosmogonique et un chronographe de légende qui a enfin réussi à se laisser surpasser…

Si on a parlé d’eux cette année, c’est qu’ils ont assuré le spectacle et qu’ils ont donné l’exemple de ce qu’il fallait faire – ou ne pas faire ! Un coup de projecteur à compléter par la lecture de nos articles sur « Les 10 marques qui nous ont le plus épatés en 2015 » et sur « Les 10 marques qui feraient mieux d’oublier 2015 » (voir nos éditions précédentes)…

Tout au long de cette année, Business Montres a pu analyser pour vous la bonne santé démographique de l’horlogerie : le solde de l’année est largement positif, avec une petite centaine de nouvelle marques (tous azimuts stylistiques et géographiques) pour une dizaine de disparitions prématurés. La sélection ci-dessous est donc forcément subjective et intempestive…

Ce n’est pas qu’elles ont démérité sur le plan économique (95 % des marques suisses ont régressé) : c’est tout simplement qu’elles n’ont pas sur trouver les ressources – mentales ou managériales – indispensables pour parer au grippage de leur activité et au trouble de leur identité. D’où cette sélection subjective et intempestive de maisons qui n’ont guère brillé au cours de cette « Annus Horribilis »…

L’inconvénient d’un positionnement horloger sur l’art de vivre, c’est que la montre n’est qu’un petit accessoire périphérique parmi d’autres. L’avantage d’un contenu de marque qui sait échapper au carpo-intégrisme mécanique, c’est que tous les champs du possible s’ouvrent dès qu’on veut bien réfléchir « out of the box »…

Ce n’est pas une question de performance économique, de créativité rupturiste ou d’initiative spectaculaire : c’est seulement une affaire de cohérence entre l’identité et la dynamique de la marque. D’où cette sélection subjective et intempestive...

Revêtu de ses peintures de guerre, Antonio Calce est déjà au trot sur son meilleur mustang : serait-ce le grand retour de Girard-Perregaux, après une remise en question totale des routines créatives, industrielles et commerciales qui avaient fini par ankyloser la manufacture…

Franchement, qu’est-ce que ça peut nous faire, cette invasion de singes sur les cadrans ? Est-ce vraiment le bon message à envoyer à ces marchés qu’il est devenu vital de reconquérir – l’Europe, les Amériques, le Proche-Orient ? Qui peut croire que la nouvelle génération des amateurs asiatiques, si friande de modernité, va se passionner pour ces fétiches des millénaires précédents ?

Ras-le-cadran de la désinformation sur les montres connectées ! Alors que personne n’y croyait, tout le monde devient fébrile à leur sujet – même le Swatch Group qui fait toujours semblant d’imaginer qu’elles ne représentent aucun danger. Problème : ceux qui croient créer des contrefeux ne font qu’allumer les cierges votifs d’un improbable rituel d’exécration…

Sotheby’s disperse à Londres, le 15 décembre prochain, en quatre vacations, une extraordinaire collection de 314 « montres anglaises » issues d’une des plus célèbres collections britanniques. Osvaldo Patrizzi nous explique pourquoi il est tombé amoureux de ces montres « historiques »…

Alors, elle donne quoi, sur les marchés, cette montre connectée lancée par Jean-Claude Biver ? Pas de chiffres officiels sur les performances de cette Carrera Connected, mais des indices qui remontent du terrain : ce diable de « Bibi » semble avoir encore réussi un de ces coups fumants qu’il affectionne…

À part saint Nicolas dans quelques jours, le Père Noël en fin de mois ou les Rois mages quelques jours avant le SIHH, bref à part une intervention surnaturelle, par quel miracle l’horlogerie suisse se relèverait-elle de ses difficultés d’ici aux salons horlogers du début 2016 ?