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JOYEUX NOBEL (accès libre)
Cette année, à qui devrait-on décerner le… prix Nobel d’Horlogerie ?

Le millésime 2019 n’étant pas le plus exceptionnel de ce siècle et faute de montres d’anthologie, il ne serait pas si facile de définir qui mériterait ce prix d’horlogerie s’il prenait aux jurés de Stockholm la fantaisie d’en créer un. Sans se prendre au sérieux, mais avec de très sérieux arguments, quels seraient les « nobélisables » de la montre en 2019 ?


Rappelons que les prix Nobel, créés grâce à l’héritage d’Alfred Nobel, l’inventeur de la dynamite, récompensent, chaque année, des personnes « ayant apporté le plus grand bénéfice à l’humanité » par leurs inventions, leur découvertes ou les améliorations apportées à de tel ou tel autre domaine de la connaissance, de la culture et des savoirs. Pourquoi ne pas tenter l’exercice avec l’horlogerie, tout en étant parfaitement conscient que les montres n’ont rien de fondamental, ni même d’indispensable sur le plan scientifique, et qu’elles ne relèvent plus des instruments du quotidien qui apportent un réel bénéfice à l’humanité ? À chacun de faire son choix dans la liste ci-dessous : quelles seraient donc, en 2019, les « nobélisables » de l’industrie des montres (par ordre alphabétique de personnes, puisque les prix récompensent généralement des personnes, et non des institutions) ? On n’en a trouvé que cinq, mais ça peut s’arranger…

❑❑❑❑ JEAN-CHRISTOPHE BABIN (Bvlgari) : c’est certainement le dirigeant horloger qui a le mieux fait avancer sa marque au cours de ces dernières années et qui a le plus contribué au rafraîchissement esthétique et technique d’une horlogerie un peu trop portée sur la rétro-nostalgie vintage. Faute d’icônes historiques, il en a créé et raflé au passage de nombreux prix pour ses innovations mécaniques pour les avancées dont témoignent ses Octo, mais aussi ses collections de haute joaillerie. Une bonne rafale de brevets et des grands prix internationaux témoignent de cette suractivité créative. Comme les prix Nobel sont souvent attribués à des équipes, il faudra associer à cet hommage Guido Terreni, qui s’est récemment retiré de l’opérationnel horloger, mais qui reste toujours proche des activités montres de Bvlgari…

❑❑❑❑ ROBERT GREUBEL & STEPHEN FORSEY (Greubel Forsey) : perpétuellement en quête d’une autre horlogerie, plus soucieuse du respect humain dû à ceux qui la font et plus respectueuse de ses traditions mécaniques comme de son patrimoine décoratif, les deux co-créateurs d’une des plus « petites » manufactures suisses (par la taille) ne cessent d’inventer, d’innover, de réinventer et de retrouver tout ce qui faisait le sel de cette horlogerie suisse. On connaît les doubles et les quadruples tourbillons. On découvrira bientôt la conception du « fait main » chez Greubel Forsey : beaucoup de « grandes » maisons vont en rougir de honte. « Le plus grand bénéfice de l’humanité » [définition d’un apport qui mérite le prix Nobel] passe chez eux par un nouvel apprentissage du respect de la main et de l’œil de l’homme au travail derrière son établi, avec toute la puissance de son expérience au service de la beauté et de la vérité exprimée par la précision d’une montre…

❑❑❑❑ DENIS FLAGEOLLET (De Bethune) : l’horlogerie lui doit déjà tellement tant qu’il aurait dû recevoir depuis longtemps un prix Nobel d’horlogerie si ce prix existait. On ne compte plus ses avancées au service de la précision, de la chronométrie et de l’art horloger. Son ingéniosité semble sans limite. Cette année, il a donné dans la montre de plongée [« niche » où personne ne l’attendait] aussi bien que dans le chronographe à lecture centrale. Ce qu’il y a de bien avec lui, c’est que chaque nouvelle montre n’est qu’une marche supplémentaire vers la suivante, avec un sens de la continuité entre les grands ancêtres du XVIIIe siècle et notre temps, mais toujours avec un zeste de décalage et un grain de folie dans l’expression esthétique de son néo-classicisme légèrement déjanté…

❑❑❑❑ GUY SÉMON (TAG Heuer) : en termes stricts, c’est probablement lui qui a le plus apporté par ses découvertes et ses inventions aux savoirs et à la culture des beaux-arts de l’horlogerie. On évoque ici son spiral « révolutionnaire » en nanofibres de carbone [une « rupture » technologique jamais vue depuis plus de trois siècles dans l’horlogerie mécanique], mais aussi son « oscillateur vibrant » mis au point pour Zenith. Et encore, on ne parle ici que de ce qu’il a pu présenter cette année ! S’il n’y avait qu’un seul prix Nobel de l’horlogerie à décerner cette année, c’est lui qui monterait sur la scène de l’Académie royale suédoise de musique, à Stockholm…

❑❑❑❑ RICHARD MILLE (Richard Mille) : sans vraiment prétendre avoir « apporté le plus grand bénéfice à l’humanité » par l’invention, les avancées ou les améliorations mécaniques dont témoignent ses montres, ce Français de génie a porté à un point d’incandescence encore jamais vu la notion même d’horlogerie contemporaine. Chacune de ses montres est un laboratoire technique en miniature pour tester des solutions technologiques encore jamais osées ailleurs, qu’on parle de matériaux, d’architecture ou de style. Pour lui, les montres sont des « friandises » et il a prouvé cette année que ces « friandises » relevaient de la haute horlogerie. Richard Mille, ce n’est pas de l’horlogerie lourde (au sens où il y a des sciences « dures »), mais une certaine et insoutenable l’légèreté de l’être – exactement ce dont les beaux-arts du temps ont besoin en ce moment…


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