GPHG 2019 #07 (accès libre)
Comment le Grand Prix de Genève a battu tous ses records et pourquoi c’est encourageant
La communauté des montres a répondu positivement : il fallait « sauver le soldat GPHG », il est sauvé ! Jamais on n’avait vu autant de marques inscrire autant de montres pour un Grand Prix de Genève. Jamais les chances de remporter un prix n’avaient été aussi ouvertes que pour ce GPHG 2019. Des records battus qui sont très encourageants pour la grande mutation prévue pour 2020, mais, en attendant, il est déjà évident que le 7 novembre sera un grand jour pour l’horlogerie suisse…
Pour la dernière édition de sa première vie (puisque tout changera en 2020), le Grand Prix d’Horlogerie de Genève aura frappé un grand coup : 120 marques, contre 104 en 2018, 87 en 2017 et 86 en 2016 (récapitulation précédente : Business Montres du 13 juillet 2018). Le plafond de verre qui semblait contenir le nombre de marques en compétition sous les cent inscriptions a été explosé avec d’autant plus d’allégresse que près de la moitié de ces 120 marques sont des « primo-accédantes » au GPHG [certaines venant à peine de faire leur apparition sur le marché ou comptant le faire à la rentrée) ou des maisons qui ne participaient plus depuis longtemps à la compétition. Les pays d’origine de ces marques sont également plus variés : à côté des classiques références suisses, françaises, allemandes, autrichiennes, russes ou japonaises, on voit apparaître des nouvelles marques venues non seulement de ces traditionnelles nations horlogères, mais aussi de Belgique, d’Israël, de Tchéquie, du Royaume-Uni, des Etats-Unis, d’Italie, du Canada, de Hong Kong ou carrément d’ailleurs. Avec une vingtaine de grands pays représentés, la question lancinante de la représentativité horlogère du GPHG se pose avec un peu moins d’acuité : plus que jamais, ce sont les absents qui auront tort le soir du 7 novembre…
Même constat pour la quantité des montres inscrites par ces 120 marques : on dépasse cette année les 200 pièces (202 selon nos pointages), contre 195 en 2018, 181 en 2017 et 175 en 2016. Là encore, un cap psychologique a été dépassé. Ce volume est d’autant plus intéressant qu’il est réparti plus harmonieusement dans les quatorze catégories officielles de prix – avec un pic (23 montres) en « Complication homme » et en « Challenge (22 montres) et deux creux : 7 montres en joaillerie [catégorie devenue trop imprécise qu’il faudra sans doute affiner et aménager par la suite] et 8 montres en « Chronométrie » – catégorie méchanicienne par nature exigeante, difficile et pas forcément bien comprise, quoique très intéressante pour les avancées futures de l’horlogerie mécanique. Deux marques ont engagé sept montres (maximum réglementaire) : Rebellion et Zenith. Trois marques ont engagé six montres, trois autres cinq montres, six en ont inscrit quatre, cinq ont opté pour trois montres, vingt-deux pour deux pièces et près de 70 marques ont préféré tenter leur chance avec une seule nouveauté [nous examinerons dans un article ultérieur quelles nouvelles marques ont une chance de tirer leur épingle de ce jeu compliqué qu’est la présélection, puis l’attribution d’un prix].
Quatorze prix sont à attribuer à ces 202 montres pour ce qui est des catégories officielles, auxquelles on ajoutera les cinq prix directement décernés par les membres du jury (« Aiguille d’or », « Innovation », « Audace », « Révélation » et « Prix spécial du jury »). Sans compter une possible auto-saisine des jurés souverains qui pourraient, à leur discrétion, donner un autre prix à toute autre marque de leur choix. La statistique brute (nombre de marques par nombre de prix) donne à chaque montre engagée dans la compétition une chance sur dix (10 %) de décrocher un prix, mais certains seront plus favorisés que d’autres, puisqu’on n’aura qu’une chance sur 23 en « Complication homme » (une sur trois pour la présélection), contre une chance sur 7 en joaillerie (plus de 85 % de chances d’y être présélectionné). Ceci sans tenir compte des possibilités de « reclassements stratégiques » d’après la présélection, quand les attributions des prix à la discrétion du jury permettront à une marque qui ne serait arrivée qu’en deuxième ou en troisième position dans sa catégorie de rafler tout de même un prix [nous en reparlerons dans un article ultérieur, quand les présélections seront connues]…
La bataille s’annonce donc très dure dans les catégories les plus fréquentées : « Complication homme » (23 montres), « Challenge » (22), « Homme » (19), « Dame » (19), « Exception mécanique » (17) ou « Métiers d’art » (17), mais c’est d’usage au GPHG avant les présélections [plusieurs articles sont à venir à ce sujet]. Du côté des nouveaux prix institués en 2019, on notera le succès [relatif, certes, mais ce n’était pas gagné d’avance pour une « première » au GPHG] du prix « Montre de plongée », qui verra 13 montres en compétition pour la présélection, et la déception tout aussi relative pour le prix « Montre iconique » (dix inscriptions), alors que les marques ne jurent que par leurs icônes – il est probable que la barre des vingt-cinq ans d’ancienneté « emblématique », était probablement placée trop haut, puisqu’elle élimine toutes les nouvelles icônes du XXIe siècle (l’Octo de Bvlgari, la J12 de Chanel, la T-Touch de Tissot, la Big Bang de Hublot, etc.). On ne comprend pas pourquoi Bvlgari n’a pas inscrit son Arena Gérald Genta semi-centenaire dans cette catégorie « Montre iconique », où la montre se serait plus facilement imposée qu’en catégorie « Homme », de même qu’on ne comprend pas l’absence de Tudor dans cette zone de la compétition…
On l’aura compris : le GPHG 2019 ouvre de nouvelles chances à la plupart des marques inscrites – en se souvenant que 100 % des gagnants auront fait l’effort de s’inscrire et que les absents auront forcément tort au soir du 7 novembre, après la proclamation du palmarès. Jamais le « jeu » du GPHG n’avait été aussi ouvert pour autant de marques qu’en 2019, qu’elles soient « grandes » ou plus modestes, « historiques » ou perdreaux de l’année » : une chance sur six de bénéficier d’un des 19 prix pour les 120 marques engagées, c’est nettement plus qu’en 2018, alors qu’il y avait moins de prix pour moins de marques. C’est la vraie leçon de cette séquence 2019, qui sera la dernière du GPHG ancienne formule : plus on est de fous, plus on gagne ! On espère que 2020 pourra continuer sur cette lancée…
GPHG 2019
Nos précédentes séquences sur le Grand Prix d’Horlogerie de Genève.
❑ ❑ ❑ ❑ ❑ GPHG 2019 #06 (accès libre) : Monsignore Cologni ne veut pas laver le GPHG de son « péché originel » (Business Montres du 9 juillet)
❑ ❑ ❑ ❑ ❑ GPHG 2019 #05 (accès libre) : Il manque un prix au GPHG 2019 : celui de la marque qui n’a aucune chance d’en gagner un ! (Business Montres du 2 juillet)
❑ ❑ ❑ ❑ ❑ GPHG 2019 #04 : Allez, MM les horlogers, encore un effort pour mériter une récompense ! (Business Montres du 26 juin)
❑ ❑ ❑ ❑ ❑ GPHG 2019 #03 : De toute façon, quoi qu’on en pense, il faut sauver le soldat GPHG ! (Business Montres du 11 juin)
❑ ❑ ❑ ❑ ❑ GPHG 2019 #02 : Un décodage sans faux-semblant de tout ce qui va changer pour le prochain GPHG (seconde partie : le nouveau règlement intérieur et les nouveaux prix) – Business Montres du 2 mai)
❑ ❑ ❑ ❑ ❑ GPHG 2019 #01 : Un décodage sans faux-semblant de tout ce qui va changer pour le prochain GPHG (première partie : le nouveau jury – Business Montres du 1er mai)
❑ ❑ ❑ ❑ ❑ GPHG 2018 #30 : Les dix changements radicaux qui peuvent éviter au GPHG 2019 un naufrage annoncé (seconde partie : Business Montres du 20 novembre)
❑ ❑ ❑ ❑ ❑ GPHG 2018 #29 : Les dix changements radicaux qui peuvent éviter au GPHG 2019 un naufrage annoncé (première partie : Business Montres du 19 novembre)