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CONCOURS DE CHRONOMÉTRIE #2 : Les sept indomptables samouraïs du tourbillon

Suite et fin de notre coup de projecteur sur le Concours international de chronométrie : une louable initiative torpillée par la frilosité de marques plus promptes à affirmer leur excellence qu'à la prouver en l'éprouvant. On ne trouvera guère que sept marques pour s'aligner dans la catégorie Tourbillon. Navrant... En prime : une histoire des concours de chronométrie...  ▶▶▶ CATÉGORIE TOURBILLON (ENTREPRISE)Les sept marques les plus courageuses du concours... 


Suite et fin de notre coup de projecteur sur le Concours international de chronométrie : une louable initiative torpillée par la frilosité de marques plus promptes à affirmer leur excellence qu'à la prouver en l'éprouvant. On ne trouvera guère que sept marques pour s'aligner dans la catégorie Tourbillon. Navrant... En prime : une histoire des concours de chronométrie... 

 CATÉGORIE TOURBILLON (ENTREPRISE)
Les sept marques les plus courageuses du concours...
 
◉◉ Sept marques sont engagées dans cette catégorie (Frederique Constant, Greubel Forsey, Laurent Ferrier, LUC Chopard, L. Leroy, MHVJ et Roger Dubuis). Ce n'est pas mieux que pour l'édition précédente, qui ne comptait guère que sept concurrents pour tester leur tourbillon (Chopard, Frederique Constant, Greubel Forsey, L. Leroy, MHVJ, FP Journe, Technotime), Laurent Ferrier s'enrôlant pour remplacer FP Journe, sans doute un peu déçu par sa deuxième place derrière Greubel Forsey. Sept marques pour environ 140 marques qui commercialisent aujourd'hui des tourbillons. C'est un peu décourageant [même en comptant les marques du concours Classique, on n'est jamais qu'à un total de 14 marques suisses, 12 en excluant les manufactures de mouvements], et même inquiétant, à une heure où l'horlogerie suisse a plus que jamais besoin de labels internationaux de référence pour rassurer les consommateurs du monde entier...
 
◉◉ Au risque de se répéter, admettons tout de même qu'il est particulièrement troublant de voir les marques qui font le plus confiance au COSC, au point d'afficher leur certification sur le cadran (Rolex, Omega, Breitling, Panerai, entre autres, mais on pourrait en dire autant de Patek Philippe) prendre leurs distances vis-à-vis de ce concours, qui est aujourd'hui le seul organisé en Suisse pour valoriser les savoir-faire mécaniques et accorder à la précision chronométrique la priorité qui lui revient. Si les batteries de tests ne conviennent pas, il faut le dire. Si les procédures de travail sont fautives ou erronées, il en discuter. Comme personne ne semble les contester, on en déduira que c'est un pur problème d'image et de communication, les marques considérant qu'elles ont plus à perdre qu'à gagner en se comparant : c'est pitoyable, quoique très humain – mais le Grand Prix d'Horlogerie de Genève est confronté à cette même capacité ontologique d'affronter une compétition loyale...
 
◉◉ FREDERIQUE CONSTANT (Slimline Tourbillon)
 
 
 
◉◉ GREUBEL FORSEY (Invention)
 
 
 
◉◉ LAURENT FERRIER (Galet Classic Double spiral)
 
 
 
◉◉ CHOPARD L.U.C. (Tourbillon 3C)
 
 
 
◉◉ L. LEROY (LL104/1) 
 
 
 
◉◉ MANUFACTURE MHVJ (T 1500)  
 
 
◉◉ ROGER DUBUIS (Excalibur)
 
 
◉◉ Tous les détails sur les montres de la catégorie Tourbillon sont à retrouver sur le site du Concours international de chronométrie ou sur celui des marques concernées...
 
 
 
 
 HISTOIRE
Les Concours de chronométrie et les observatoires...
 
◉◉ Observatoires astronomiques et concours de chronométrie ont toujours été étroitement liés au cours des derniers siècles. La création d’observatoires astronomiques précède souvent l’organisation de services chronométriques dans ces mêmes établissements. C’est notamment le cas de Paris (1671) et de Greenwich (1675). Les premiers contrôles et observations chronométriques datent du XVIIIe siècle, époque qui voit les chronomètres de marine résoudre le problème du calcul des longitudes en mer. L’Observatoire de Genève construit en 1772 par l’astronome J.-A. Mallet se dote, dès la fin du siècle, d’un service chronométrique placé sous l’égide de la Société des Arts (1776), vouée au soutien du développement de l’horlogerie. Des épreuves y sont organisées dès 1848, toutefois sans règlement précis. Le premier concours a lieu en 1872. A Neuchâtel, l’Observatoire astronomique, fondé en 1858, fournit un service chronométrique dès 1860 avec un règlement distinguant les épreuves des chronomètres de marine et celles des chronomètres de poche.
 
◉◉ D’autres pays créent leur propre observatoire avec service chronométrique. Les Anglais commencent à Liverpool en 1843 avec un règlement dès 1893, suivis de Hambourg (D) en 1877, Yale College (USA) en 1879, Kew-Teddington (GB) en 1883, Besançon (F) en 1885, Greenwich (GB) en 1675-1886, Leipzig (D) en 1883, Paris (F) en 1671-1891, puis Wilhelmshafen et Kiel (D), etc. Ces observatoires mesuraient et enregistraient la marche des montres et des chronomètres de poche et de marine qui leur étaient soumis. La « marche » est l’écart journalier en secondes par rapport à une base de temps ultra-précise soit, au début une pendule-mère, maintenant une horloge atomique. Dès 1860, l’Observatoire de Neuchâtel adopte un règlement qui précise les conditions des épreuves. Il fixe des critères tels que les positions, les durées et les températures. Au début, la durée d’observation en position horizontal variait de quinze jours pour les chronomètres de poche à trois mois pour les chronomètres de marine. La température ambiante pouvait varier de manière importante selon les conditions atmosphériques. Au fil du temps, en fonction des possibilités techniques, on crée des tests dans des glacières et la température ambiante est mieux contrôlée. Les meilleurs résultats sur la marche moyenne sont récompensés tant pour des pièces individuelles que pour des séries de pièces. Dès 1895, une modification du règlement permet de récompenser les régleurs.
 
◉◉◉ En 1901, un nouveau règlement définit les températures qui, sur neuf périodes, passent de 32°C à 4°C pour remonter à 32°C, en fixant également les tolérances à ne pas dépasser. On introduit un « nombre de classement » au moyen d’une formule permettant de combiner les résultats sur les critères suivants: l’écart moyen de la marche diurne, le coefficient thermique, la reprise de marche (différence entre la marche du 1er jour et celle du 14ème jour lorsque tous les tests sont terminés), l’écart de proportionnalité, etc. On obtenait ainsi des « Bulletins de marche » qui indiquaient les résultats selon les critères mentionnés. Des prix de série étaient attribués aux entreprises et aux régleurs qui avaient déposé au moins six chronomètres de bord et de poche. En 1905, un bulletin de chronomètre de marine de classe B, observé sur cinq périodes de sept jours à des températures successives de 32°C, 25°C, 18°C, 25°C, 32°C, répondait aux tolérances suivantes :
◉ Ecart moyen de la marche diurne ± 0.50 s
◉ Reprise de marche ± 3.00 s
◉ Différence entre deux marches diurnes consécutives ± 3.00 s (il y a lieu d’insister sur le fait que, si les mesures ne s’effectuaient que dans la position horizontale, ces tolérances étaient déjà très serrées par rapport à celles d’aujourd’hui).
 
◉◉ En 1922, un nouveau règlement entre en vigueur à Neuchâtel. Il définit trois catégories : chronomètres de marine, chronomètres de bord, montres de poche. Les premiers étaient observés en position horizontale pendant neuf périodes de sept jours avec des températures variant par paliers de 7°C, de 32°C à 4°C puis à 32°C. Les chronomètres de bord subissaient quatorze périodes d’observation dans cinq positions puis, en position horizontale, aux mêmes températures que les chronomètres de marine. Enfin les montres de poche étaient observées pendant quarante-cinq jours dans cinq positions et à trois températures. Toutes ces définitions, modifiées au cours du temps, ont conduit à l’élaboration de la norme ISO 3159, dont la dernière révision date de 2009, permettant d’attribuer à une montre la qualification de « chronomètre », à ne pas confondre avec les chronographes destinés à mesurer des temps (par exemple dans le monde sportif). On relèvera que le sévère règlement du Concours international de chronométrie exige, pour l’attribution d’un prix, que la pièce ait répondu successivement deux fois aux exigences de cette norme, puis une troisième fois après avoir subi des épreuves de choc et d’exposition au magnétisme.
 
◉◉◉ Charles Thomann mentionne les déposants lauréats des multiples prix de série et premier prix en catégorie marine, bord, poche, bracelet, pour les Concours de l’Observatoire de Neuchâtel qui se sont déroulés entre 1923 et 1967 [on rappellera qu’il s’agit des Concours de Neuchâtel. Les fabricants de Genève et de la Vallée de Joux figurent dans les résultats de l’Observatoire de Genève pour lequel nous ne disposons pas de statistiques].
 
 
◉◉De 1860 à 1985 (le dernier dépôt est enregistré en 1984), ce ne sont pas moins de 46’198 dépôts qui ont été effectués à l’Observatoire de Neuchâtel, toutes catégories confondues, dont 34’548 ont obtenu un bulletin, soit un taux d’échec de 25.2%. Si les pièces présentées aux concours à la fin du XVIIIe siècle étaient destinées à la vente, un siècle plus tard, les chronomètres mesurés n’étaient plus à vendre. On avait parfois affaire à de véritables « bêtes de concours » amoureusement soignées par leur régleur attitré. Les comptes rendus désignaient ainsi parfois une même pièce présentée plusieurs années consécutives. Les concours de l’Observatoire de Neuchâtel furent suspendus par arrêté du Conseil d’Etat le 26 avril 1968 avant d’être abolis en 1976. Le Concours international de chronométrie a quant à lui été relancé en 2009. Le succès de l’édition 2011 a conduit les organisateurs à pérenniser la manifestation qui a désormais lieu tous les deux ans. Il est organisé en collaboration avec notamment le Contrôle officiel suisse des chronomètres, avec la Haute Ecole ARC – Ingénierie et avec l’Observatoire de Besançon. Les liens historiques entre observatoires et concours de chronométrie s’en trouvent ainsi perpétués.
 
◉◉◉ Sources : Estelle Fallet, La mesure du temps en mer et les horlogers suisses, Institut L’homme et le temps, 1995, et Charles Thomann, Les dignitaires de l’horlogerie, Le Griffon, 1981)...
 
 
 
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