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DESIGN HORLOGER : Pourquoi un designer suisse n'a-t-il pas le droit de marquer sur sa montre que son design est suisse ?

On marche sur la tête ! Alors que la loi sur le Swiss Made protège des composants usinés en Asie s'ils s'intègrent dans un mouvement « suisse », elle interdit aux designers suisses de signaler que leurs montres ont un design suisse sans mention formelle du Swiss Made. Le débat ne fait que commencer... ▶▶▶ SWISS MADNESSOn protège la lettre industrielle de la loi, pas son …


On marche sur la tête ! Alors que la loi sur le Swiss Made protège des composants usinés en Asie s'ils s'intègrent dans un mouvement « suisse », elle interdit aux designers suisses de signaler que leurs montres ont un design suisse sans mention formelle du Swiss Made. Le débat ne fait que commencer...

 SWISS MADNESS
On protège la lettre industrielle de la loi,
pas son esprit protecteur de l'exception créative suisse... 
 
DESIGN SUISSE_00008◉◉ Dans son émission Le droit chemin (tournée à Baselworld), pour la chaîne indépendante la télé (Suisse romande), Leila Delarive s'interroge sur le design et sa protection par la loi. Effectivement, si la loi protège bien l'aspect industriel de la suissitude des montres [et encore, au prix de fatales dérives, encouragées ou tolérées au plus haut niveau des autorités de la branche], cette même loi sur le Swiss Made ne prévoit rien de ce qui fait l'essence immatérielle des montres suisses : leurs codes, le concentré de culture mécanico-esthétique qu'elles abritent, leurs style, cette « touche suisse » qui est si recherchée dans le monde entier. Contrairement à une idée reçue, la loi sur le Swiss Made ne garantit en rien la bienfacture d'une montre, c'est-à-dire sa fidélité à certains principes de qualité [c'est la mission des poinçons, des certificats ou des labels annexes], mais uniquement sa conformité à certaines règles industrielles d'assemblage final et de contrôle en Suisse des seuls mouvements, envisagés sous le seul angle de leur valorisation (en termes de coût) et non de leur valeur (en termes de respect des règles de cette Swiss Touch que les amateurs du monde entier plébiscitent)... 
 
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◉◉◉ Ne refaisons pas ici le procès du Swiss Made, dont la nouvelle version, fin 2015, risque d'être encore plus incitatrice aux tricheries et ne raisonnons, comme dans le cadre de cette émission (vidéo au-dessus du titre), qu'en termes de design. L'exemple de la marque Gaston & Co est édifiant (ci-dessus). Les collections de cette marque genevoise – qui n'a pas voulu se positionner sur le segment Swiss Made pour rester à des prix accessibles et par souci de flexibilité industrielle saisonnière, sont dessinées par Emmanuel Gueit, une des stars du design horloger contemporain, fils d'un des plus célèbres designers de la fin du XXe siècle (Jean-Claude Gueit) et lui-même dessinateur d'une des légendes de l'aube du XXIe siècle, la Royal Oak Offshore d'Audemars Piguet. On lui doit aussi quelques autres fleurons de l'horlogerie contemporaine et quelques joyaux de la couronne, mais on n'a pas le droit contractuel d'en parler. Peu importe. Avec ou sans Swiss Made, les montres Gaston & Co témoignent d'une touche suisse indéniable, d'une qualité horlogère non moins indéniable et d'une bienfacture à l'enviable qualité-prix, en plus d'un branding très amusant (vidéo ci-dessous). Problème : Emmanuel Gueit, designer suisse, n'a pas le droit d'indiquer sur le cadran ou sur le boîtier que ces montres ont été dessinées en Suisse par un designer suisse. Qui parlait, hier, de la « force injuste de la loi » ?
 
 
 
◉◉ La loi protège ainsi de son ombrelle Swiss Made des montres dont le boîtier, le bracelet, le cadran et les composants du mouvement peuvent être asiatiques, pourvu qu'elles aient respiré une bouffée d'oxygène suisse au dernier maillon de leur chaîne logistique, mais elle interdit à un Emmanuel Gueit de préciser sa qualité de designer suisse sur un cadran parce que ses montres – dont la suissitude ne fait de doute pour personne, sauf pour les bureaucrates de l'autorité fédérale – n'ont pas repoli en Suisse ce dernier maillon de leur supply chain ! Absurde, mais vrai... C'est de la géographie réduite à la dernière case du jeu de l'Oie. L'émission de Leila Delarive ouvre le débat à ce sujet : on peut la regarder dans son intégralité (pendant le premier quart d'heure, les faits y sont clairement exposés : ci-dessous), où se contenter de l'intervention de Business Montres (Grégory Pons), qui explose les mêmes faits dans les dix minutes suivantes (vidéo en haut de la page). L'idée serait de créer, non un label administratif supplémentaire, mais une forme de « poinçon de maître », une marque de fabrique de la « Guilde des designers suisses », lesquels s'auto-organiseraient pour pouvoir se reconnaître en eux et pour faire reconnaître leur Swiss Touch dans le monde entier – le plus simple étant de les autoriser à apposer leur qualité de Swiss Designer sur le cadran ou le boîtier. Le débat est ouvert : qu'on en profite pour se parler entre artistes !
 
 
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