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E-MÉCANIQUE #1 : Ce qu'il faut comprendre du nouveau concept EMC (Urwerk)

Il va falloir s'y faire : le nouveau système EMC présenté par Urwek n'est que l'éclaireur d'une nouvelle vague de concepts e-mécaniques. C'est la réconciliation intelligente de la mécanique la plus traditionnelle et des nouvelles technologies. Sacrée revanche que cette électronique asservie à une mécanique horlogère qu'elle pensait terrasser. Explications inédites... ▶▶▶ URWERK ECMUne assistance électronique parallèle... ◉◉◉◉ Au choix : MAO ou E-mécanique. Mécanique assistée par ordinateur ou électro-mécanique. Optons …


Il va falloir s'y faire : le nouveau système EMC présenté par Urwek n'est que l'éclaireur d'une nouvelle vague de concepts e-mécaniques. C'est la réconciliation intelligente de la mécanique la plus traditionnelle et des nouvelles technologies. Sacrée revanche que cette électronique asservie à une mécanique horlogère qu'elle pensait terrasser. Explications inédites...

 URWERK ECM
Une assistance électronique parallèle...
 
◉◉ Au choix : MAO ou E-mécanique. Mécanique assistée par ordinateur ou électro-mécanique. Optons pour la e-mécanique, plus facile à mémoriser et plus valorisante par la mise en avant de la part mécanique du concept, qui n'a après tout qu'une toute petite composante d'assistance électronique. Business Montres (29 mai) vous présentait récemment les grandes lignes de cette nouvelle idée de Felix Baumgartner et Martin Frei – idée qui leur avait valu les félicitations de Philippe Dufour ce qui reste un singulier privilège.
 
◉◉ Problème : le concept est si novateur qu'il n'est pas facile à expliquer. Le temps d'une nouvelle rencontre avec Felix Baumgartner, qui nous avait alerté sur ses projets dès le mois de janvier, il est temps de revenir sur le principe e-mécanique de cette montre, dont la version définitive sera présentée fin août, mais dont le premier prototype est déjà sur les établis de la R&D Urwerk. Le plus simple est sans doute de suivre logiquement la chaîne des fonctions assistées par l'électronique, en gardant en mémoire la stricte orthodoxie mécanique du reste du mouvement, qui sera aussi le premier « mouvement manufacture » entièrement réalisé (à quelques éléments près) dans l'atelier de production de la marque, à Zürich. L'image ci-dessus permet de reconstituer cette chaîne de fonctions, détaillée et vulgarisée dans les paragraphes suivants...
 
 
◉◉ LE CAPTEUR OPTIQUE : placé au-dessus du balancier très spécialement dessiné pour la circonstance, ce capteur à faisceau optique (image ci-dessus : 1) va s'activer, à la demande du bouton poussoir qui sera logé dans la carrure du boîtier (dessin en bas de la page), pour décompter les battements de ce balancier en Arcap pendant trois secondes (schéma technique ci-contre). Il n'interfère en rien dans la cinétique mécanique de la montre : il en ausculte simplement le « coeur battant » traditionnel (4 Hz), avant de transmettre ces informations à la centrale d'analyse dont nous reparlerons plus loin. Sur l'image ci-dessus, le double barillet n'apparaît pas : on rappellera qu'il est monté en pile verticale sur un seul axe pour assurer la meilleure stabilité possible de la marche de la montre, avec une réserve de marche de 80 heures à la linéarité étudiée (détails et images : Business Montres du 29 mai).
 
 
◉◉ LA PUCE INTELLIGENTE : les informations captées optiquement parviennent à un calculateur électronique étalonné par un oscillateur calé sur 16 millions de Hz. Ce « puce » intelligente [agrandie ci-dessus à des fins pédagogiques] va comparer les données du balancier à un référentiel, en extrapolant les résultats captées sur quelques secondes à une journée entière, ce qui permettra d'afficher la précision de la montre en secondes d'avance ou de retard par rapport à un étalon standard. Pour situer le niveau de précision et de fiabilité, cet oscillateur-calculateur a été développé pour Urwerk par Maxon Motor, une entreprise suisse qui équipe le Rover de la Nasa actuellement en mission sur la planète Mars. Les informations ainsi analysées sont traduites en indications d'affichage pour le micro-moteur qui gère l'indicateur de précision de l'EMC (ci-dessous)...
 
 
◉◉ LE COMPTEUR EMC : les données e-mécaniques sont précisées par une aiguille, dans un compteur qui se situera sur la montre, côté « cadran » (disons au recto de la montre : schéma en bas de la page). Quinze secondes d'avance au maximum, ou quinze secondes de retard, pour cette précision virtuelle déduite de la marche du balancier. Le P de cette échelle de précision (ci-dessus) correspond à Power Plus ou à Power Moins (par rapport à zéro seconde). Le delta de l'échelle est le delta minuscule grec, symbole mathématique de la différence. On appréciera au passage que cet affichage e-mécanique de la précision – lancé à la demande par une pression sur le poussoir – se fasse par aiguille, comme toutes les montres mécaniques : l'électronique ne sert ici qu'à transmettre une information utile pour régler la montre (ci-dessous)...
 
 
◉◉ LE RÉGLAGE FIN DE L'EMC : si on le souhaite et si cela est nécessaire, il ne reste plus alors qu'à corriger l'éventuel décalage de précision. C'est le moment de prendre le mini-tournevis livré avec la montre et d'agir sur la vis de réglage fin située au dos de la montre : une manoeuvre on ne peut classique dans l'horlogerie mécanique, qui agit sur la longueur active du spiral par l'intermédiaire de la raquette (détails et images : Business Montres du 29 mai). Une opération qui est généralement réservée à l'horloger qui ouvre la montre, mais Felix Baumgartner estime que ses collectionneurs ont désormais la maturité technique suffisante pour  procéder eux-mêmes à ce réglage, en fonction des insformations transmises par la centrale d'analyses de la puce : 15 secondes par jour en plus ou moins, c'est largement suffisant pour le degré de précision éprouvée avec lequel les montres seront livrées...
 
 
◉◉ LA CENTRALE D'ÉNERGIE : pas question d'ajouter une pile ou une batterie à cette montre mécanique, qui se remontera de façon classique (couronne et barillet), mais dont le circuit électronique parallèle se remontera lui aussi de façon mécanique, avec une manivelle (ci-dessus) qui sera repliable et intégrée dans la carrure du boîtier (schéma en bas de la page), un peu comme les manivelles qui permettaient de faire avancer le film dans les anciens Rolleiflex d'avant l'électronique. Il ne manque à cette manivelle qu'un seul argument supplémentaire : un cliquetis mécanique comparable au moelleux cliquètement de ces appareils photo. Ce générateur démultiplie l'énergie par un facteur 250 en rechargeant un condensateur logé transversalement dans le bas du boîtier : une vingtaine de tours de manivelles – certains préfèreront parler d'un winch rétractable, mais c'est le même esprit – suffisent à recharger le condensateur pour quatre ou cinq contrôles successifs. C'est là qu'on touche à la finesse de ce nouvel art e-mécanique : tout est manuel, même le remontage de l'électronique. Et quelle énergie renouvelable ! Plus écolo, tu meurs...
 
◉◉ ET LA MONTRE DANS TOUT ÇA ? Cette Urwerk e-mécanique (U-EMC) sera une vraie Urwerk, d'une taille comparable aux autres montres de la collection, mais sans l'affichage satellitaire désormais célèbre. Les fonctions ont été regroupées côté cadran, de façon logique (schéma ci-dessous) : comme elle est encore à l'état de prototype de travail, il est difficile d'en donner une image, mais on y retrouvera les méplats et les angles chers à Martin Frei, dont les crayons sont aussi intelligents que ce concept e-mécanique. La forme rectangulaire du boîtier ci-dessous n'est qu'allusive : la montre sera plutôt dans le goût trapézoïdal cher à la marque, avec une couronne à 6 heures, une réserve de marche à 8 heures et une intégration parfaite des « outils » annexes de l'ECM (manivelle et condensateur) dans la carrure...
 
◉◉ Question subsidiaire, qui ouvre la seconde séquence de cette analyse du concept e-mécanique : l'électronique d'assistance a-t-elle sa place dans la haute horlogerie et les collectionneurs sont-ils prêts à acccepter cette intrusion après un quart de siècle de dictature mécanique ? Nous y répondrons dans la suite de cet article...
 
◉◉ À SUIVRE : Ce que l'électro-mécanique peut apporter de nouveau à l'horlogerie (Business Montres du 7 mai)...
 
 
 
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