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GRAND PRIX DE GENÈVE 2013 #3 : Ce que le nouveau réglement va changer et comment s'y adapter...

Bien sûr, qu'il faut un vrai grand Grand Prix de Genève ! Bien sûr que l'édition 2013 va dans le bon sens, avec ses nouveaux jurés, ses nouveaux prix et son nouveau réglement ! Bien sûr qu'il faut aller beaucoup plus loin dans les évolutions souhaitables...   ▶▶▶ GPHG 13Un total de seize prix, dont cinq nouveaux...  ◉◉◉◉ La présentation des nouveaux jurés et les données …


Bien sûr, qu'il faut un vrai grand Grand Prix de Genève ! Bien sûr que l'édition 2013 va dans le bon sens, avec ses nouveaux jurés, ses nouveaux prix et son nouveau réglement ! Bien sûr qu'il faut aller beaucoup plus loin dans les évolutions souhaitables...

  
 GPHG 13
Un total de seize prix, dont cinq nouveaux... 
 
◉◉ La présentation des nouveaux jurés et les données essentielles sur la nouvelle composition du jury ont été publiées dans notre article précédent (Business Montres du 24 mai et Business Montres du 25 mai). Il faut maintenant décoder le nouveau réglement intérieur, qui fixe les modalités de fonctionnement du jury et qui définit l'esprit des multiples prix décernés cette année. Il n'y a plus de temps à perdre pour organiser les dossiers de souscription, dont la remise est fixée pour la fin juin au plus tard...
 
◉◉ Les catégories de prix ont été revues et corrigées : on remarquera une meilleure définition technique de la catégorie  Grande complication, dont le commissaire du jury peut à tout moment réviser les frontières en fonction des innovations mécaniques. De même, les prix décernés aux montres de femmes sont scindés en deux, tout comme les montres d'homme – ce qui rendra les récompenses plus lisibles. La séparation entre Joaillerie et Métiers d'art a été clairement actée, la catégorie Sport paraissant ne plus pouvoir qu'intéresser des montres vraiment sportives. Le tout sans distinction fondée sur la nationalité et avec un critère de date assez souple (montres commercialisées après mars 2012, voire mars 2011 pour la Grande complication. Ces catégories sont celles où les marques inscrivent leurs montres, et non la liste des prix décernés (voir ci-dessous)...
 
◉◉ Les prix eux-mêmes ont été réévaluées à la hausse : un total de 16 prix seront attribués, contre 11 l'année dernière. Le GPHG entend ratisser plus large ! Quelques créations de l'année, sachant que le réglement du jury prévoit une évolution annuelle de ces prix, en quantité comme en spécialité. Le Prix de la révélation horlogère (nouveau) est destiné aux jeunes créateurs indépendants, actifs depuis moins de cinq ans : il pourra être attribué à une montre inscrite dans une des catégories ci-dessus ou à un « jeune talent » – le tout laissé à la discrétion du jury. Tout aussi nouveau de l'année, le prix Revival doit récompenser une montre rééditée ou réinterprétée en compétition dans l'une des dix catégories de base.
 
◉◉◉ En revanche, le prix de l'Horloger constructeur de l'année disparaît, victime à la fois de la raréfaction des ateliers indépendants capables de faire émerger des talents créatifs qui ne soient pas de simples exécutants et de la jalousie des marques qui refusent de médiatiser des constructeurs de talent que les concurrents seraient tentés de débaucher. Si on peut comprendre ces deux difficultés, il est regrettable de supprimer ainsi un des rares prix qui étaient attribués à une personne, et non à une marque ou à une montre. Il faudra sans doute revenir sur ces prix dans les années qui viennent...
 
◉◉ La présélection du jury s'effectue désormais sur sept montres, et non plus sur dix (dans chacune des dix catégories). À l'issue de ce premier tour électronique, le second tour fait entrer les membres du jury en conclave pour prendre en main les montres présélectionnés, en discuter de façon libre et argumenter et pour les évaluer. Un second vote est alors organisé, à bulletin secret, pour renoter les sept montres finalistes dans chaque catégorie : la mieux notée gagne le prix dans la catégorie concernée. Simple, mais plein de dispositions annexes intéressantes à maîtriser :
 
Une marque ne peut gagner qu'un seul prix. C'est à la fois juste et injuste. Juste pour ouvrir la compétition. Injuste parce qu'une marque qui aurait deux montres en tête verra la moins bien notée (total des points) déclassée au profit de celle qui viendrait immédiatement après (la deuxième), voire la troisième s'il existait un nouveau conflit de double attribution. La montre lauréate peut n'être ainsi qu'un troisième, sinon un quatrième choix (voir ci-dessous)...
 
 L'attribution de l'Aiguille d'or est indépendante du score final. Ce prix ne tient pas compte des notes, mais d'un consensus au sein du jury, qui doit normalement se porter sur les pièces les plus remarquables (dont les mieux notées), mais ce n'est pas une obligation. Le vote final se fait à bulletins secrets. Problème : la montre qui se voit attribuer l'Aiguille d'or est déclassée de sa catégorie initiale, où la montre suivante passe en tête, sauf si la marque est déjà récompensée par ailleurs...
 
Le jury procède de façon identique pour le prix Révélation horlogère. À la majorité, le jury décide d'une part d'attribuer (ou non) le prix, qui reste facultatif ; d'autre part, à qui l'attribuer, cette fois à bulletins secrets. La montre ainsi désignée sort de sa catégorie, ce qui redonne une chance aux montres suivantes. Cette souplesse désigne en fait ce prix Révélation horlogère comme une sorte d'Aiguille d'or junior...
 
 Le Prix spécial du jury et le prix Revival sont également attribués par un vote à bulletins secrets après concertation entre les membres du jury, qui pourront ainsi « rattraper » quelques injustices, voire procéder aux civilités diplomatiques et aux arrangements consensuels sans laquelle l'horlogerie ne serait suisse. Avec un peu d'imagination (surtout par ces temps de rétro-classicisme galopant), le prix Revival devrait permettre de récompenser à peu près n'importe quelle marque. Le Prix spécial du jury (ni marque, ni montre) ne pourra que sanctionner une personne, une institution ou une initiative tout aussi consensuelle...
 Innovation 2013 : il n'y aura plus qu'un seul gagnant proclamé sur scène pour chaque prix, les sept montres finalistes étant présentées rapidement, avec une explication ds choix du jury.
 
◉◉ Sans être réellement dissuasifs, les frais d'inscription (500 francs suisses par montre) n'incluent pas les frais d'exposition (5 000 CHF par montre pour les marques présélectionnées ou récompensées) et restent assez lourds pour les petites marques, alors qu'ils sont infinitésimaux pour les grandes. Là encore, c'est probable aussi injuste que justifié par le choix du modèle économique et compétitif retenu [seules les marques inscrites peuvent concourir]. Le jury garde cependant un droit naturel de saisine pour éventuellement attribuer un prix à une marque qui ne serait pas inscrite... 
 
 
 
 GPHG 13
Un modèle économique devenu contre-performant... 
 
◉◉ Indéniablement, le Grand Prix de Genève a procédé à une mue positive, dans l'esprit des améliorations suggérées par nos précédents articles à ce sujet (Business Montres du 16 novembre : Impressions finales de la douzième édition et Evolutions souhaitables pour la treizième édition). La nomination d'Aurels Bacs à la présidence du jury rend le verdict final encore plus insoupçonnable. L'élargissement spectaculaire – numériquement et continentalement – des membres du jury les rend encore moins manipulables. Ce qui va inévitablement changé le profil de la compétition et des prix distributeurs. Du coup, on l'aura remarqué, certaines marques habituées à ces récompenses ont préféré s'éloigner [la bouderie du groupe Richemont est rationnellement inexplicable], alors que d'autres sont tentés d'y venir ou d'y revenir. Il sea toujours temps de refaire un point fin juin, après la réception de tous les dossiers d'inscription...
 
◉◉ Malgré ces avancées positives, qui vont toutes dans le bon sens, on reste cependant encore loin du compte pour ce qui serait un Grand Prix internationalement reconnu pour la qualité de son travail et la représentativité de son palmarès. Le défaut le plus grave reste la faible participation des marques les plus notoires : le constater revient à condamner l'esprit même dans lequel ce prix s'est construit, puis enfermé en se privant de toute possibilité d'évolution. L'option marques – qui consiste à ne prendre en compte que celles qui s'inscrivent volontairement – est une impasse dès qu'on s'éloigne de la logique de connivence qui prévalait du temps des « petits arrangements entre copains », chers à notre grand ami le regretté Gabriel Tortella. Sans lui, l'édifice ne tient plus : la moindre défection l'ébranle. À terme, sans les leaders, faute de grands combattants, le combat s'arrêtera ou se résumera à un huis-clos marginal entre petites marques indépendantes...
 
◉◉◉◉ Il faudra un jour ou l'autre – le plus tôt sera le mieux – que le Grand Prix de Genève achève sa mutation et se défasse de son logiciel orienté marques pour se doter d'une nouveau logiciel centré sur les montres, ce qui obligera à revoir entièrement le modèle économique du projet, qui restera suspect tant qu'il sera financé par les marques qu'il entend récompenser. Cette dépendance financière des marques – celles qui s'inscrivent ou qui achètent les tables du dîner officiel – est devenue un poison : c'est aujourd'hui un problème, et non une solution. On ne peut plus baser un modèle économique sur des grandes marques qui ont utilisé le GPHG comme un tremplin avant de l'oublier dès qu'elles en ont perdu la maîtrise. On ne peut pas non plus baser ce modèle économique sur des petites marques qui repoussent le Prix vers la seconde division. C'est le recours aux marques qui est aujourd'hui globalement fautif, paralysant et contre-performant : faute de mieux, on fait avec, mais il est évident qu'on fera de moins en moins, et de moins en moins grand...
 
◉◉◉◉ Au contraire, la Suisse horlogère a besoin d'un Grand Prix qui soit à la fois internationalement reconnu et horlogèrement fédérateur. En oubliant l'option marques, on peut faire récompenser des montres et des personnalités par un jury de présélection élargi à tous les acteurs de la profession (vote électronique), le jury de décision sonnant juste (à quelques détails près) dans son format actuel. Ce serait la Saison 2 d'un nouveau Grand Prix d'Horlogerie, dont nous jouerons en 2013 une Saison 1 déjà bien restylée. Dans une logique de démunicipalisation décantonalisation d'une opération encore beaucoup trop genevo-genevoise, une reconnaissance fédérale s'avère indispensable pour motiver les marques encore absentes : le GPHG doit devenir une fondation multi-cantonale, et non l'apanage d'une équipe politique. De même, un élargissement supplémentaire du nombre des prix décernés permettrait de rendre compte de toute l'activité horlogère, et donc de pousser la profession à s'approprier ce Grand Prix pour une refaire un vrai instrument de promotion internationale, légitime, efficace et représentatif. D'autres pistes de travail existent. On a le temps d'en reparler, avant comme après la cérémonie du 15 novembre... 
 
 
◉◉ À relire (dans un précédent article) : que peut-on attendre du nouveau jury du Grand Prix de Genève ? (Business Montres du 24 mai)
 
◉◉ À relire (dans un précédent article) : pourquoi il va falloir compter avec les nouvelles sensibilités du jury international ? (Business Montres du 25 mai)
 
◉◉ À suivre (dans un prochain article) : quel mode d'emploi pour maximiser ses chances de décrocher un Grand Prix de Genève en novembre 2013 ?
 
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