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JEUDI : Et si on arrêtait de prendre les Chinois pour des crétins cousus d'or ?

Et si on arrêtait de croire qu'on pourra éternellement refiler aux "émergents" toujours plus de verroterie, à des prix toujours plus scandaleusement irréels ? Les cultures chinoises pratiquaient le luxe trente ou quarante siècles avant que les vallées horlogères suisses ne soient déboisées...    ▶ AU SOMMAIRE DE CE ZAPPING DU MERCREDIDes réponses données après la Chanel 1932 ci-dessous...❏❏❏❏ ÉDITO : pourquoi la question des prix …


Et si on arrêtait de croire qu'on pourra éternellement refiler aux "émergents" toujours plus de verroterie, à des prix toujours plus scandaleusement irréels ?

Les cultures chinoises pratiquaient le luxe trente ou quarante siècles avant que les vallées horlogères suisses ne soient déboisées... 

 
 
▶ AU SOMMAIRE DE CE ZAPPING DU MERCREDI
Des réponses données après la Chanel 1932 ci-dessous...
❏❏❏❏ ÉDITO : pourquoi la question des prix – sujet qui fâche – est-elle à ce point occultée ?
❏❏❏❏ CÂBLE : pourquoi la nouvelle "Nadal" de Richard Mille ne tient-elle qu'à un fil ?
❏❏❏❏ LOUPE : quelle vision derrière le microscope embarqué de Greubel Forsey ?
❏❏❏❏ SÉANCE : comment rajouter un demi-siècle de légitimité horlogère à Chanel ?
❏❏❏❏ INDISCRÉTIONS : notées à la volée, en vrac, en bref et en toute curiosité (une montre en bambou, l'optimisme de Nick Hayek, le règne de Nayla Hayek, des chroniques horlogères en France et en Suisse, le tourbillon de Ralph Lauren, les puces horlogères, le bide de Nicolas Canteloup, la politesse des masques, la militarisation de Colette, etc.)... 
 
 
◀▶ EDITO
Vraiment stupides et dorés sur tranche, tous ces Chinois ?
▷▷▷ L'inflation des étiquettes a frappé tout le monde pendant la Wonder Week, mais personne n'a osé en parler. Les marques ont tout osé : 1,92 millions d'euros chez A. Lange & Söhne pour une grande complication, dont la taille (50 mm) est tout aussi inflationniste que le prix, est-ce bien raisonnable (présentation Business Montres du 25 janvier) ? 165 000 euros pour la montre de poche Panerai en céramique noire, est-ce bien raisonnable, même pour un tourbillon (présentation Business Montres du 30 janvier) ? 620 000 dollars pour la Richard Mille Johan Blake en composite truffé de nanofibres de carbone, est-ce bien raisonnable (présentation Business Montres du 25 janvier) ? On pourrait aussi parler des plus petites marques, qui ne pratiquent plus le concept qu'aux alentours de la centaine de milliers de francs suisses ou qui se permettent, comme H. Moser & Cie, pas loin de 30 % d'inflation entre le 1er janvier 2012 et le 31 janvier 2013.
▷▷▷ Plus les prix réels baissent (les prix réellement pratiqués sur le marché, discomptes aidant) et plus les étiquettes valsent – ceci compensant cela : sachant qu'il y a de toute façon 40 % de discompte pratique, autant augmenter les prix théoriques ! De toute façon, les "Chinois" paieront. Ils sont si nombreux, ces néo-milliardaires émergents, qu'il y aura toujours quelques abrutis pour s'offrir ces montres dont les prix tiennent plus de la rançon que de la raison. Au temps de la cour impériale chinoise, quand les montres émaillées à Fleurier arrivaient en Chine après une centaine de jours de navigation hasardeuse, la rareté pouvait peut-être expliquer des prix qui réservaient ces montres aux élites mandarinales. Même quand les milliardaires américains se battaient pour commander à Patek Philippe la montre la plus compliquée du monde (voir le libre A Grand Complication : Business Montres du 30 janvier), la manufacture genevoise veillait à rentrer dans ses frais tout en réalisant un honnête profit, mais elle ne se serait jamais autorisée à pratiquer l'extorsion de fonds au nom de la capacité contributive du client final.
▷▷▷ Les dangers de cette augmentation des prix déconnectée du réel sont multiples et particulièrement pernicieux par leur effet intoxiquant sur le long terme. D'une part, ils consacrent le triomphe de l'horlogerie financière sur l'horlogerie industrielle : les statistiques horlogères ne commentent plus que la valeur des exportations, et non leur volume. Peu importe que la Suisse vende nettement moins de montres et perde des parts de marché, pourvu qu'elle les vende plus cher ! On ne crée plus de la valeur avec des produits manufacturés, mais avec les factures de ces produits. Ensuite, cette inflation irrépressible contamine toute la pyramide des montres : impossible de pousser le sommet vers les cimes sans aspirer les prix de base vers le haut. C'est donc toute l'offre qui se déporte et qui devient de moins accessible aux publics naturels de la marque : les montres suisses ont à peu près doublé de prix depuis l'an 2000 [voire beaucoup plus], mais quels amateurs occidentaux – sauf cas particuliers – ont réellement doublé leurs revenus au cours de cette période ? Il existe donc une déconnexion entre les marques et leurs clients, qui érode l'image de marques devenues accessibles et qui tend à les faire considérer comme des biens de luxe réservés aux nouvelles fortunes émergentes. Ce qui n'est jamais bon pour la réputation des marques ainsi trivialisées, surtout dans le contexte de low cost et de déflation où baignent les économies européennes. Notre passé récent regorge de marques de luxe suicidées par leur abus de diffusion auprès de publics trop typés parce que trop friqués. Que ceux qui n'ont jamais regretté la pierrecardinisation d'un créateur trop galvaudé lèvent la main...
▷▷▷ Sans revenir sur les dangers de prix qui prennent l'ascenseur quand les revenus des clients prennent l'escalier de service, notamment sur la généralisation du discompte (précisément en Asie), on constate que c'est le référentiel prix qui est aujourd'hui en cours de désagrégation. Cumulée à la banalisation du marché parallèle (fruit d'une surdistribution abusive et mal répartie à l'échelle de la planète), cette désagrégation  rend les amateurs méfiants et avides de "soldes" de toute sorte. Chacun peut constater la décote fatale des modèles de référence sur le marché des enchères, où les exceptions ne font que confirmer la règle d'une casse autour de 50 % de la valeur neuve sur les modèles récents.Est-ce pour cette raison que les collectionneurs émergents n'osent rien revendre ? Le vrai danger reste cependant à venir : depuis une décennie, on a vendu à peu près n'importe quoi à n'importe quel prix. Aujourd'hui, la fièvre se calme et c'est l'heure des comptes. Les vrais valeurs s'affirment, quand les fausses s'éclipsent. Les collectionneurs, les clients et les amateurs chinois – nom générique pour toutes les nouvelles fortunes asiatiques – apprennent à discerner le bon grain de l'ivraie. Ils pratiquent avec passion l'apprentissage de la culture horlogère.
▷▷▷ Les prendre pour des crétins, aveugles et muets, de surcroît forcément cousus d'or, c'est se payer leur tête et leur faire perdre la face : ils ne le pardonneront pas de sitôt à ces Européens méprisants, qui les ont pris pour ces peuplades africaines auxquelles on refilait verroterie, casseroles en fer blanc et couvertures colorées à la fin du XIXe siècle. On oublie un peu facilement que l'Empire du Milieu achetait des montres européennes bien avant que les élites de l'euro-bourgeoisie ne s'en entichent. N'oublions pas que les cultures chinoises produisaient déjà des biens de luxe (soieries, céramiques, orfèvreries) des dizaines de siècles avant l'aube de l'horlogerie suisse. Les peuples de haute culture ont de la mémoire : le rançonner avec arrogance sous prétexte qu'ils peuvent payer, au lieu de les mettre en confiance par une humilité retrouvée, c'est se tirer une rafale dans le pied. Sur le moment, ça fait du bruit ; après, ça fait très mal !
▷▷▷ À quoi bon le répéter une fois de plus ? L'horlogerie est malade de ses prix. Elle est devenue malade de ses profits. Elle s'est auto-intoxiquée à une vision financiarisée à outrance de son activité. Elle se met en danger par sa pratique abusive des coefficients multiplicateurs, à tous les maillons de sa chaîne de création de valeur et de sa supply chain. Elle obère son avenir en abusant de la naïveté émergente de ses meilleurs clients, qui n'auront eu que le tort de croire aux discours marketing de marques qu'ils considéraient comme dignes de confiance – ce qui n'était pas forcément le cas. N'oublions jamais que l'horlogerie n'est pour rien – ou pour si peu –  dans l'extravagante explosion de ses importations : ce ne sont pas les marques suisses qui sont devenues meilleures, ou plus habiles, ou encore plus efficaces ; c'est le marché qui a grandi, tout seul, du fait d'un progrès économique planétaire. La voracité pour les montres suisses des marchés émergents était un réflexe archaïque, que l'évolution socio-économique va corriger en l'éduquant, pour la ramener à des niveaux comparables à ceux des marchés émergés. Cessons donc de prendre nos amis asiatiques pour des cash machines légèrement débiles et souvenons-nous que, sur place, les consignes du Parti communiste sont de plus en plus strictes sur les montres de luxe, clairement victimes d'un ostracisme politico-sociétal. Et cessons de pratiquer des prix "à la gueule du client", qui dégoûte les clients traditionnels tout en déstabilisant les nouveaux clients...
G.P.
 
 
 
 
◀▶ CHANEL
Un demi-siècle d'histoire officielle en prime...
▷▷▷ L'image en haut de la page (au-dessus du sommaire) est extraite de la vidéo ci-dessus : il s'agit d'un reportage d'actualités daté de 1932, qui avait été alors projeté dans les salles de cinéma, pendant les "actualités", juste avant le film. On y découvre la collection de joaillerie lancée par Chanel en 1932, alors que l'Europe commence à encaisser les premiers contrecoups du krach de 1929, aux Etats-Unis. Dans cette collection (image juste après le sommaire), une montre-bracelet sertie, ou plutôt un bracelet-montre : inutile de demander à Chanel de quelle montre il s'agit. La maison n'a pas la moindre archive à ce sujet, mais la présence de cette montre parmi les bijoux Chanel rajoute un demi-siècle à l'horlogerie Chanel, dont la date de création annoncée était jusqu'ici 1987. Il est probable que cette première montre Chanel était, comme les montres de joaillerie de l'époque, une pièce ou un mouvement commandé à une manufacture suisse et "rhabillé" par Chanel [c'est ce que faisaient à l'époque les joailliers parisiens]. On sait que Chanel connaissait bien les montres, même si elle n'en portait pas souvent et qu'elle se contentait d'emprunter des montres masculines aux hommes de sa vie. D'où, peut-être, le style relativement large de la montre de joaillerie présentée en haut de la page. Détail piquant : une des raisons qui peuvent expliquer la disparition de tout document au sujet de cette montre est donnée dans la vidéo ci-dessous, mais de manière allusive. Les "grands" joailliers de la place Vendôme avaient été bousculés par les codes Chanel, bien détaillés et bien expliqués dans la vidéo ci-dessous (allègement des structures, priorité à la ligne, importance de la souplesse et de l'ouverture, quête du mouvement, motifs cosmiques comme l'étoile ou la comète, libération de la lumière) : tout comme les couturiers classiques avaient été choqués par les jupes courtes, les cheveux libérés, le jersey ou les pantalons d'une Gabrielle Chanel qui voulait décorseter le vêtement féminin, ces Messieurs de la tradition Vendôme n'admettait pas qu'une simple "couturière" – terme méprisant à leurs yeux – se mêle de créer des bijoux avec des diamants. Dans un réflexe corporatiste unanime, ces "maisons" avaient fait pression sur les pouvoirs publics pour que tout commerce de joaillerie soit interdit à Chanel à la suite de cette exposition : il avait donc fallu tout dessertir à la fin de l'événement. Et les bijoux, et les montres...
 
 
 
 
◀▶ GREUBEL FORSEY
Un recentrage sur l'art de voir...
▷▷▷ Willard Wigan est un artiste un peu bizarre, qui ne travaille que dans l'infiniment petit : honoré par la monarchie britannique et dans les pays anglo-saxons, il est à peu près ignoré sur le continent. Robert Greubel et Stephen Forsey, qui pensaient travailler eux aussi dans l'infiniment petit, on trouvé leur maître avec ce nano-sculpteur qui leur a donné envie de créer une Art Piece 1 tout à fait inattendue dans leur collection, quoique très Greubel Forsey dans son style mécanique. Cette nouvelle Art Piece 1 témoigne en effet d'un style horloger très particulier : on ne peut y lire les heures que si on le souhaite vraiment, dans un guichet qui ne s'ouvre qu'à la demande [poussoir bleu sur le côté droit de la montre]. C'est nous rappeler que la perception du temps mériterait sans doute d'être mieux "regardée" et mieux savourée : elle est devenue automatique dans nos cultures – un coup d'oeil sur le cadran, sans même formuler les mots qui désignent l'heure ainsi regardée. Avec cette Art Piece 1, on veut voir, donc on lit l'heure avec attention. Et avec d'autant plus de curiosité qu'elle est réglée par un double tourbillon incliné à 30°. Ensuite, il y a le style artistique encore plus étrange de ces nano-sculptures qui ne sont visibles qu'à travers une loupe disposée dans la couronne : en fait, c'est un micro-microscope (miniaturisé), qui propose un grossissement de vingt-trois fois – ce qui est bien utile pour découvrir le travail de Willard Wigan (disposé, ci-dessous, sur le "pont" bleui situé dans l'axe de la couronne : ce n'était pas un masque, comme ci-dessous, mais un trois-mats !). Là encore, on force le regard à opérer une vue réelle, et non un balayage optique rapide. Toute cette Art Piece 1 se joue donc dans une logique de vision et dans un recentrage de l'art de voir. Ce qui sera toujours utile pour apprécier non seulement l'esthétique de la montre, mais aussi son architecture mécanique, son style contemporain et ses inscriptions.  À terme, ces nano-sculptures devraient permettre de loger dans la montre un véritable carrousel de personnage animés : on en trouvera quelques allusions dans la vidéo présentée par Business Montres Vision. Cette montre résume l'histoire de trois magiciens embarqués dans une impossible – mais magistrale – co-création. Quand on maîtrise cette dimension invisible à l'oeil nu, on peut rêver plus grand - sans limites ! Les sculptures de Willard Wigan vont nous obliger à regarder autrement les mouvements de nos montres et les pulsions de notre temps...
 
 
 
 
◀▶ RICHARD MILLE
Un tourbillon funambule parfaitement restylé...
▷▷▷ Funambule au sens strict, parce que suspendu à un fil, et au sens figuré, parce que démontrant une virtuosité qui permet de se jouer des difficultés. Ce tourbillon RM 27-01 [nouvelle nomenclature Richard Mille]succède à la précédente édition du tourbillon ultra-léger dédié à Rafael Nadal, qui a gagné plusieurs grands prix avec cette montre au poignet. L'intérêt de cette nouvelle version est double. D'abord, le style : le boîtier tonneau traditionnel Richard Mille a été revu, désépaissi et élargi, ce qui lui donne une nouvelle modernité sans rompre avec les codes esthétiques de la marque ("sandwich", vis, mouvement fonctionnellement squeletté). C'est une vraie Richard Mille, encore plus séduisante et portable que les autres du fait de sa légèreté (19 g avec le bracelet) et de son boîtier en polymère anthracite (composite extrêmement robuste, injecté de nanotubes de carbone). Cette combinaison permet l’obtention d’un matériau qui protège parfaitement le mouvement et le tourbillon placé en son centre contre les chocs. Parce que l'autre atout majeur de cette montre, c'est son mouvement à remontage manuel, avec platine en titane et ponts en aliminium-lithium (donc ultra-léger), le tout suspendu par câble (image en haut de page : un des câbles de suspension, 0,35 mm de diamètre). Ce qui est du jamais vu dans l'horlogerie ! La mise en tension de ces câbles est rendue possible grâce à un ingénieux mécanisme de tendeurs situés à 3 et 9 heures et de poulies, agissant comme des pylônes, placées aux 4 extrémités du mouvement. "Chaque câble, explique Richard Mille, est fixé au tendeur. Il passe à travers la poulie supérieure, puis dans le mouvement pour ensuite revenir dans la poulie inférieure pour enfin se loger dans le réhaut inférieur. Les câbles enlacés, l’horloger procède à la mise sous tension des câbles par rotation de la bague centrale des tendeurs avec un outil spécifique. Cette conception suspendue au sein du boîtier est capable de résister à des accélérations de plus de 5000 G". Ne pas négliger non plus le balancier à inertie variable, avec ressort à courbe terminale : il assure une plus grande fiabilité en cas de choc et lors du montage et du démontage du mouvement. Il garantit aussi une plus grande exactitude chronométrique à long terme.
 
 
 
 
◀▶ LES INDISCRÉTIONS DU JOUR
Notées à la volée, en vrac, en bref et en toute liberté...
 
◉◉◉ CHAISES MUSICALES : une recrue de choc pour la marque Swiss Military, manufacturée en Suisse par Charmex (Bubendorf). Le colonel Eugene Khruschchev, spécialiste des questions de défense et éditeur de Veterans Today, sera désormais le "conseiller militaire" de la marque pour le développement d'une autre offre encore plus professionnelle pour les guerriers contemporains [quelques unités ont déjà adopté les montres Swiss Military, en Suisse, en Allemagne, au Kosovo ou à Singapour). Le colonel Krushchev sera à Baselworld pour les journalistes qui aiment ça...
 
◉◉◉ RAIDILLON : avec une évidente bonne volonté, la sympathique marque belge Raidillon (baptisée ainsi à cause du fameux circuit de Spa-Francorchamps, également rappelé par le 55 rouge du cadran) se lance dans le chronographe à rattrapante, sur une base Valjoux 7750, avec des finitions intéressantes (touches de rouge, aiguille de la rattrapante argentée, "matelassage" du cadranet des bracelets très réussis (Made in Belgium). Série évidemment limitée à 55 exemplaires (8 500 euros : on aurait préféré... 5 500 euros !), dans un boîtier en acier de 42 mm..
 
◉◉◉ RALPH LAUREN : le sillon horloger creusé par Ralph Lauren demeure problématique. Si la collection 2013 (découverte au SIHH) se fait remarquer par le réalisme de ses prix, enfin conformes aux attentes du marché, quelques pièces demeurent problématiques comme le tourbillon logé dans un boîtier sportif de la collection Safari (finitions canon de fusil). Outre le fait que le tourbillon n'est pas la complication sportive la plus recommandée pour les amateurs de vie active, on s'interroge sur la vocation réelle de cette montre et de son mouvement micro-rotor, dont Ralph Lauren – hier si prolixe sur ses mouvements achetés aux marques du groupe Richemont – a refusé de communiquer la provenance : on peut vous avouer qu'il y a de fortes chances pour que ça provienne de La Fabrique du Temps (nouvel atelier de Louis Vuitton pour le groupe LVMH), une des seules équipes suisses à maîtriser le micro-rotor (Laurent Ferrier a trouvé les bases du sien dans cet atelier). On avait dailleurs remarqué la drague de l'équipe Ralph Lauren au GTE : apparemment, ils avaient faim de mouvements ! Que vient faire ce tourbillon dans une collection dont il contredit à peu près toutes les valeurs, qu'on parle de marketing ou de design ? 
 
◉◉◉ NOUVELLES MARQUES 2013 : encore un phénomène Kickstarter, mais cette fois, ce n'est pas un projet de montre connecté, mais de montre en bois (bambou), qui a déjà recueilli 400 % de sur-souscriptions sur le site de financement collaboratif. Avantage du bambou : c'est à la fois très léger, facile à recycler et sans impact destructeur sur l'environnement. The Big Face Woody sera le premier produit de la marque NFNT, qui surfe sur la vague eco friendly et dont nous ferons la référence #13/Génération 2013 en souhaitant bonne chance à cette jeune équipe pleine de bonne volonté...
 
◉◉◉ INVESTCORP : le conglomérat financier basé à Bahrein étudie actuellement plusieurs dossiers de rachat de marques de luxe italiennes. Investcorp a déjà placé quelques billes dans le groupe PPR et dans Tiffany & Co, ainsi que dans la marque Georg Jensen (active en joaillerie-horlogerie et rachetée fin 2012 pour 140 millions de dollars) mais une "fenêtre de tir" s'est ouverte en Italie, où plusieurs marques familiales ont des soucis de trésorerie qui les rend sensibles aux sollicitations des investisseurs extérieurs. Le rachat important d'une marque italienne devrait être annoncé dans les jours qui viennent (on parlait, mais c'est douteux, de Giorgio Armani, Roberto Cavalli, Missoni ou Ermenegildo Zegna, dont les familles fondatrices ne sont pas objectivement vendeuses)...
 
◉◉◉ NICK HAYEK : le patron du groupe Swatch reste relativement optimiste pour 2013, en espérant toujours une croissance à deux chiffres (au moins 10 %) grâce à la demande asiatique –mais il mise davantage sur la demande pour Longines et Tissot [qui sont devenues les marques les plus profitables du groupe, pour le ratio chiffre d'affaires/résultat opérationnel, Omega commençant à s'essouffler] plus que sur ses marques haut de gamme. Dans son entretien avec Bloomberg, Nick Hayek évoque également ses relations avec le groupe Hengdeli, dont le Swatch Group est devenu le principal actionnaire, mais dont les actions sont toujours orientées à la baisse à la Bourse de Hong Kong : "Tout va bien. Il n'y a pas le moindre motif de fâcherie (irritation) dans notre collaboration". Donc acte...
 
◉◉◉ SWATCH GROUP-HARRY WINSTON : intéressantes confidences (privées) d'un cadre de la marque – lui aussi en instance de départ, comme plusieurs de ses collègues au sein de l'état-major new-yorkais. Apparemment, les opérations seront reprises par Nayla Hayek en personne, qui avait déjà piloté le projet Tiffany & Co : la principale difficulté sera sans doute de concilier les procédures de travail américaines et les procédures de travail biennoises, substantiellement divergentes. Pour ce qui est des perspectives de développement de la marque, quelques remarques : alors que l'horlogerie ne représente aujourd'hui que 20 % de l'activité du pôle Harry Winston, on ne peut attendre de redressement spectaculaire qu'à hauteur de ces 20 % – soit une grosse poignée de millions en admettant un alignement rapide sur les marges au sein du Swatch Group et dans l'hypothèse où l'horlogerie Harry Winston bénéficierait rapidement des bienfaits comptables d'une intégration dans les structures du groupe. Pour ce qui est de la joaillerie, tout dépendra du maintien des équipes et des personnels en place, alors que le Swatch Group n'a pas les ressources humaines adaptées. L'intégration dans un groupe culturellement industriel et rigidement autocratique ne devrait pas profiter directement à cette joaillerie, ce qui éloigne d'autant les perspectives d'explosion des profits envisagées lors de l'acquisition d'Harry Winston. Le nouveau caractère suisse de la marque risque également de poser problème, non seulement aux Américains (de plus en plus braqués sur les questions d'honneur national), mais aussi aux Asiatiques – qui ne considèrent pas la Suisse comme totalement légitime dans le domaine de la joaillerie. Il restera également au Swatch Group à prouver ses compétences dans le domaine de l'achat des pierres – là encore, rien n'est joué...
 
◉◉◉ WINWATCH : la jeune marque, spécialiste des "montres à puces" (technologie RFID) a conçu une application fonctionnelle avec tout appareil mobile équipé d'une lecteur NFC (100millions de smartphones équipés pour la technologie NFC ont été vendus en 2013 : on estime qu'il y en aura 300 millions en 2013). Cette application gratuite est téléchargeable depuis Google Play Store (version Android 4.0.3 et plus). Elle permet aux propriétaires d'une Winwatch Fafleralp 1787m (vente : e-store Winwatchtrade) d'authentifier sa montre et s'ii le souhaite d'accéder au portail Winwatch Owner's Portal. Pour découvrir l'intérêt de ces montres bourrées de nouvelles technologies, une vidéo très démonstrative (ci-dessous)...
 
 
◉◉◉ THE WATCH ENTHUSIAST : la version 2013 de l'application est disponible. Avec, pour la version complète 2013, 2 842 montres de 126 marques, 14 500 images et 190 vidéos. Avec, comme toujours, une notation des montres, une par une, grâce à un protocole désormais considéré comme pertinente et donc indispensable aux amateurs en quête d'achat intelligent. Avec l'assurance d'une information disponible à tout moment, sur de nombreux supports numériques, Apple ou Android (renseignements : The Watch Enthusiast)...
 
◉◉◉ ULYSSE NARDIN : une nouvelle proposition du côté des répétitions minutes à automates, qui sont restées une des spécialités historiques de la manufacture du Locle. Entendre sonner l'heure tout en la lisant est un immense plaisir, que double ici le bonheur de la voir marquée par l'animation de deux jaquemarts, dont les mouvements sont synchronisés avec cette sonnerie de l'heure. Très peu de marques suisses maîtrisent cette science des automates à sonnerie. Le cadran de cette montre Carnaval de Venise présente deux personnages devant le pont du Rialto, sur le Grand Canal de Venise : les deux jaquemarts portent des masques, traditionnels pendant le Festival, qu'ils soulèvent chaque fois que la répétition sonne les heures, les quarts et les minutes. Se saluer entre masques est une des politesses raffinées du carnaval dans les ruelles de Venise : cette montre témoigne de sa parfaite éducation. La décoration fait appel à la technique de l'émail champlevé, dont Ulysse Nardin s'est fait une autre spécialité en développant un atelier spécialisé. Dans cette édition limitée, la technique de l'émail champlevé est sublimée par des ciselures manuelles et des gravures (édition limitée à 18 exemplaires en platine et en or rose.
 
◉◉◉ TIMEX : intéressante initiative de Colette (le fameux concept store parisien), qui expose à partir du 4 février, ni plus ni moins que la marque horlogère américaine Timex (créée en 1854). Dans la même vitrine que Hublot, Franck Muller, RJ-Romain Jerome ou HYT, ça s'annonce plutôt détonnant, mais très signifiant. Sélection de cette exposition : un modèle légendaire des années 1950,  la Camper, choisie à l'époque par l’armée américaine pour ses GI's, à cause de sa légèreté, de sa fiabilité, de sa simplicité et de sa robustesse. Ces montres – elles ont fait le Vietnam ! – ont gardé leurs proportions d’origine, leur belle rondeur, leur style professionnel et leur cadran de résine ultra-légère. La génération Y adore ce concept militaro-pacifiste, en version camouflage (prononcez "camo" : ci-contre) ou en version expédition (reflets métallisés). Ces Timex Camper résument assez bien les tendances néo-classiques du moment (codes traditionnels des montres de sport, quartz analogique en 40 mm, avec affichage des heures "militaires" sur 24 h, bracelet nylon de style Otan et rétro-éclairage du cadran), en y ajoutant le storytelling guerrier [c'est la saison !] et l'argument low cost (prix publics autour des 60-65 euros)...
 
◉◉◉ SLYDE : les nouveaux visages de la montre mécanumérique, qui propose même un tourbillon et un affichage GMT, très élégant, dans différentes "finitions" (source : Slyde). On ne peut pas s'empêcher de rêver d'une réalisation purement mécanique de ces moteurs virtuels...
 
◉◉◉ SWATCH : apparemment, la ministre française de la Santé, Marisol Touraine, préfère adopte un profil bas pour ses montres personnelles. On sait aujourd'hui que les blogueurs sont – beaucoup plus que les journalistes politiques – avides de ce genre de détails et toujurs prêts à en parler dans les médias sociaux. Sur les images de la campagne présidentielle, on ne voyait qu'elle et sa J 12 Chanel blanche (ci-contre, avec François Hollande). Depuis qu'elle roule en voiture ministérielle, Marisol Touraine arbore des Swatch très colorées (le plus souvent parme) – histoire de bien montrer à ceux qui ne l'auraient pas remarqué que ce sont des Swatch, et non d'odieuses montres de luxe probablement helvétiques, origine géographique qui fait l'objet de multiples rituels d'exécration dans les cabinets ministériels socialistes. Un peu ridicule, non ? Et sans doute très démagogique : pourquoi une ministre qui gagne bien sa vie n'aurait-elle pas une montre de marque ! Mme la ministre n'a sans doute pas compris que Chanel était une marque française aussi normale que son président, qui n'a toujours compris comment on porte sa Swatch au poignet (source : L'Argus des montres)...
 
◉◉◉ NICOLAS CANTELOUP : l'humoriste français de la radio Europe se moque du SIHH de Genève en imitant Guillaume Durand (à la minute 01:02 du podcast de l'émission d'hier matin). Pas très drôle, ni même très pertinent : on regrette que notre ami Gilbert Vacheron n'ait pas eu le temps de visiter le salon – où il était sans doute blacklisté comme tous les récalcitrants de l'horlogerie. Il nous a promis de revenir faire un tour à Baselworld, et peut-être même d'intervenir avant si la situation l'exigeait (on peut toujours retrouver Gilbert Vacheron dans notre sélection de quatre ses interventions horlogères : Business Montres Vision)...
 
◉◉◉ BFM BUSINESS : la chronique horlogère consacrée par Grégory Pons à la récente Wonder Week est à retrouver en podcast BFMBusiness (à compter de la minute 04:18). Explications de texte et compléments éditoriaux : Business Montres du 26 janvier...
 
◉◉◉ THEWATCHES.TV : les cinq "meilleures" montres du SIHH choisies par Business Montres, c'est dans un reportage de Marc-André Deschoux pour TheWatches.TV et c'est à retrouver sur la chaîne images Business Montres Vision : un peu plus de sept minutes pour tout savoir de ce qui se faisait de mieux chez Cartier, Jaeger-LeCoultre, Piaget, Roger Dubuis ou Greubel Forsey...
 
D'AUTRES SÉQUENCES RÉCENTES
DE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DE LA WONDER WEEK GENEVOISE...
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