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C x P #03 (accès libre)
Le comment du pourquoi : les petits secrets, les curiosités et les iniquités de l’univers des montres (troisième épisode)

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’horlogerie, sans jamais oser le demander : c’est 101 questions, pas une de plus ou de moins, et donc 101 réponses en une grosse quinzaine d’épisodes, histoire de ne pas bronzer idiot et de terminer les vacances avec des neurones plus musclés qu’en partant.


Tiens, en parlant de montres, si vous vous demandez pourquoi et si vous cherchez à savoir comment, vous avez frappé à la bonne porte : vous avez de bonnes chances de trouver les bonnes réponses dans notre série estivale « Le comment du pourquoi ». Le « pourquoi » de ce « comment du pourquoi », c’est le plaisir d’apporter 101 réponses aux questions élémentaires que peuvent se poser tous les amateurs de montres, débutants ou même confirmés.

CÉLÉBRITÉS #03

Pourquoi l’ancien président François Hollande était-il le digne héritier d’un de ses lointains prédécesseurs, Dagobert Ier, roi des Francs de la dynastie mérovingienne ?

Si le « bon roi Dagobert » avait, selon une fameuse chanson parodique du XVIIIe siècle, la fâcheuse habitude de mettre « sa culotte à l’envers », le président de la République François Hollande avait la curieuse habitude de porter sa Swatch… à l’envers (image ci-dessous) – ce qui n’a rien de bien « normal » pour un président qui se flattait de n’être que « normal » et qui brocardait son prédécesseur de droite, Nicolas Sarkozy…

EXPRESSIONS #03

Pourquoi Sylvie Vartan voulait-elle partager en deux – et même en trois – cent-cinquante-cinq secondes de bonheur ?

En 1967, Sylvie Vartan s’entiche d’une mélodie d’inspiration fox-trot proposée par son directeur artistique de l’époque, Jean Renard. Les paroles de Deux minutes trente-cinq de bonheur (à écouter ci-dessous) constituent une sorte de déclaration d’amour par disque 45 tours interposé : Sylvie Vartan est alors, à la ville, la femme de Johnny Hallyday, chanteur à succès très souvent en tournée. Quand Sylvie Vartan enregistre ce disque, à Londres, début 1967, il faut une seconde voix, mais aucun choriste n’est disponible : c’est donc Carlos, son secrétaire-assistant (et futur chanteur fantaisiste) qui va enregistrer avec elle sa première chanson et qui sera donc le troisième larron de cette histoire d’amour. Ce tube européen de l’année 1967 (France, Belgique, Italie, etc.) ne durait pas deux minutes trente-cinq, mais deux minutes vingt-neuf…

ICÔNES #03

Comment la future Big Bang n’avait pas prévu d’arriver chez Hublot pour y devenir une des plus célèbres icônes horlogères du XXIe siècle ?

Fin 2004 début 2005, Jean-Claude Biver s’ennuie un peu et il cherche un nouveau défi. Marc Hayek, que Jean-Claude Biver avait pris sous son aile chez Blancpain, a fini par convaincre son grand-père, Nicolas Hayek, le patron du Swatch Group, d’éjecter celui que tout le monde semblait désigner comme le dauphin de Nicolas Hayek. Les relations entre les deux hommes sont cependant restées excellentes et c’est Nicolas Hayek qui va conseiller à Jean-Claude Biver de tenter de redresser la maison Hublot en y prenant 20 % de participation. Reste à trouver la bonne idée pour relancer Hublot ! Jean-Claude Biver a le déclic quand il découvre, grâce à une révélation de Business Montres, l’imminence du divorce entre Ferrari et ma manufacture horlogère Girard-Perregaux. Ce contrat horloger est en cours de renégociation et il y a beaucoup de monde sur les rangs. Jean-Claude Biver demande donc à son designer préféré [le fameux Miodrag Mijatovic, « Mijat » pour les initiés] de lui dessiner au plus vite une montre capable de séduire les équipes de Ferrari. Le cahier des charges est simplissime : il faut à Jean-Claude Biver « une très belle montre, dans un style très viril, avec des angles, des reliefs, des vis et une “gueule” superbe ». Elle sera superbe ! Tellement superbe que Jean-Claude Biver – auquel Ferrari préfèrera finalement Panerai [mais Hublot finira par signer avec Ferrari fin 2011] – gardera le concept de cette montre pour en faire la Big Bang et développer ensuite son storytelling autour de la fusion. Si on retrouve un jour les dessins préparatoires de cette Big Bang, on découvrira que c’est avec les codes jaune-rouge de la Scuderia que la Big Bang « pré-fusion » était à l’époque sortie de sa chrysalide (révélations Business Montres du 28 octobre 2011)...

LÉGENDES #03

Comment peut-on faire la fortune de Patek Philippe en réparant des montres chez Rolex ?

Il fallait être un génie de l’horlogerie pour réussir cet exploit. Un génie genevois, de surcroît : ce génie a existé et c’était Louis Cottier (1894-1966). Très peu d’horlogers du XXe siècle auront eu autant d’influence que lui. Né à Carouge, près de Genève, dans une famille d’horlogers, et formé par l’École d’horlogerie de Genève, il travaille pour plusieurs manufactures avant de se mettre à son compte, très modestement, pour imaginer de nouvelles mécaniques et des complications horlogères inédites : à la fin de sa vie, il avouait avoir construit 455 mouvements différents pour des montres de poche. Dans les années 1930, sa réputation était telle qu’on lui confiera la restauration et l’entretien de la collection de montres anciennes d’Hans Wilsdorf, le fondateur de Rolex, mission dont il s’acquittait encore dans les années 1950. C’est en 1931 qu’il met au point sa première montre de poche World Time, qui sera la première montre-bracelet suisse capable d’indiquer l’heure dans vingt-quatre fuseaux horaires (une division de la planète en « tranches » régulières d’heures locales instituée en 1884). Louis Cottier vend cette montre de poche à l’horloger Baszanger, qui était alors très réputé à Genève. Les grandes marques sautent sur l’occasion et commandent de nouvelles séries de ces montres à fuseaux horaires à Louis Cottier : Agassiz, Vacheron Constantin, Patek Philippe, Rolex et quelques autres [au cours de sa vie, Louis Cottier travaillera avec une grosse quinzaine de maisons horlogères]. C’est cependant avec Patek Philippe qu’il collaborera le plus durablement, jusqu’à faire de ces « Heures universelles » de la marque des montres recherchées par les collectionneurs du monde entier et détentrices de records d’adjudication aux enchères : il est vrai qu’il ne réalisait qu’une quinzaine de montres par an ! Son brevet des montres « Word Time » à deux couronnes a été utilisé par des dizaines d’autres marques...

MARQUES #03

Comment Richard Mille a-t-il commencé par tester la résistance de ses tourbillons ?

En 2001, ce siècle et ce millénaire n’avaient qu’un an, mais l’entrepreneur français Richard Mille avait tout juste cinquante ans et pas tout-à-fait trente ans d’expérience dans l’univers des montres. Trois ans auparavant, il a quitté la maison Mauboussin, dont il était actionnaire, pour lancer sa propre marque horlogère : il rêvait de montres capables d’illustrer les valeurs de la haute mécanique automobile, de l’esprit pionnier des industries aérospatiales et d’honorer en les revivifiant les grandes traditions de l’horlogerie. Ses montres devraient donc faire la part belle aux nouveaux matériaux et afficher, en plus d’une architecture disruptive, une précision, une résistance aux chocs et une précision éprouvée. Alors que ce n’est pas encore la mode [puisque c’est lui qui relancera l’intérêt pour cette « complication » mécanique], Richard Mille – qui s’est associé avec Dominique Guenat et qui a mis en place un partenariat technique avec Renaud Papi (Audemars Piguet) – imagine un tourbillon à remontage manuel au boîtier en forme de « tonneau » avec un indicateur de couple. Le prix annoncé est extravagant pour l’époque, mais c’est une habileté marketing qui positionne d’emblée la marque Richard Mille en haut de la pyramide des grandes marques suisses. En 2001, on enfile encore des gants blancs pour manipuler un tourbillon, que chacun s’accorde [à tort !] à considérer comme le nec plus ultra de la subtilité mécanique horlogère. Cette année-là, Richard Mille hante les couloirs de Baselworld, où il n’a pas encore les moyens de s’offrir un stand : pour démontrer l’extraordinaire résistance aux chocs de son tourbillon RM 001 (ci-dessous), qu’il considère comme une montre de haute horlogerie « sportive chIc » comme il n’en a encore jamais existé, Richard Mille s’amuse à lancer sa montre sur la moquette des allées de Baselworld. Ses copains journalistes sont estomaqués et ils relaient ce geste de folie. « Sacrilège ! », crient les vestales de l’intégrisme horloger et de la bienpensance mécanique. Richard Mille rigole : sa démonstration a porté et tout le monde parle de ce tourbillon avant-gardiste qui semble taillé pour les grandes aventures et dont le boîtier « sandwich » fascine. Personne ne saura que ce malheureux prototype rendra l’âme au bout du troisième jour, les pivots du balancier en or ayant cédé à ces traitements brutaux. Peu importe, une révolution vient d’avoir lieu ! La marque Richard Mille est lancée : sur cette orbite, Richard Mille va devenir la plus belle référence mondiale de l’horlogerie suisse en même temps que le plus génial des créateurs horlogers français du XXIe siècle…

MÉCANIQUES #03

Pourquoi les Parisiens décident-ils que certaines années vont durer une seconde de plus ou de moins que les autres ?

Normalement, théoriquement, une « année » dure en moyenne 31 536 000 secondes, avec 86 400 secondes supplémentaires les années bissextiles. Il s’agit d’une échelle de temps calculée sur la base du « temps atomique international », dans lequel la seconde de référence admise dans le monde entier correspond à la « durée de 9 192 631 770 périodes de la radiation correspondant à la transition entre les deux niveaux hyperfins de l'état fondamental de l'atome de césium 133 » – autant dire que cette échelle de temps purement physique n’a rien de pratique. Et elle n’a rien non plus d’astronomique, ni même de politique, puisque le temps « civil » international – le « temps universel coordonné » (UTC) que nous utilisons tous les jours et qui est défini par un réseau d’horloges atomiques – est en partie lié au « temps solaire moyen », lui-même à la rotation de la Terre, qui est variable. Pour ne pas laisser dériver l’heure UTC (« temps universel coordonné ») par rapport à cette variation imprévisible de la vitesse de rotation de la Terre et donc pour que le temps « civil » reste aussi proche que possible des réalités du temps « cosmique », on va donc ajouter ou retrancher, de temps en temps, une seconde « intercalaire », à la fin de la dernière minute du dernier jour précédant le 1er juillet ou le 1er janvier : au jour prévu, la seconde suivant 23:59:59 UTC est comptée 23:59:60 UTC, qui elle-même sera suivie de 00:00:00 en date du lendemain. Dans un tel cas, la journée du 30 juin ou du 31 décembre aurait une durée de 86 401 secondes au lieu des 86 400 habituelles [86 399 secondes au lieu des 86 400 habituelles si la rotation de la Terre s’accélérait et qu’on retirait une seconde]. C'est le Bureau Central du Service international de la rotation terrestre et des systèmes de référence situé à l'Observatoire de Paris qui décide de l'introduction des secondes intercalaires et les annonce à l'avance par un bulletin d'information (Bulletin C), publié tous les 6 mois. La manipulation de ces secondes « intercalaires » par la communauté scientifique commence à être très contestée tant elle peut avoir de conséquences économiques sur les grands réseaux d’information numériques qui structurent la planète (Business Montres du 27 juin 2015 : ci-dessous) : la question de fond qui se pose est de décider si le temps doit conserver son ancrage astronomique, lié à la rotation de la Terre ou si l'on doit abandonner cet ancrage pour un temps continu, mais purement artificiel. La réponse relève plus de considérations anthropologiques, historiques, sociales, politiques voire philosophiques que purement techniques. À part les robots qui nous succèderont peut-être un jour, qui voudrait vivre dans un temps purement synthétique ?

ALORS, COMBIEN DE BONNES RÉPONSES, plus ou moins précises et bien argumentées, pour ces six premières questions ? Notez le score de vos bonnes [ou moins bonnes] explications à ces « comment du pourquoi ». Rien n’est ici figé dans le marbre : faites-nous part de vos propres réponses à ces questions et de nos erreurs éventuelles…

LE COMMENT 

DU POURQUOI

Résumé des précédents épisodes, avec les liens pour les retrouver…

❑❑❑❑ C x P #02  : Phileas Fogg privé de Breguet, belle lurette, Jaquet Droz, solaria, la Suze d’Omega et la mise en « lignes » (Business Montres du 26 juillet)

❑❑❑❑ C x P #01  : Breguet, Einstein, Breitling, Swatch, Tudor, Knibb (Business Montres du 23 juillet)


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