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MARDI : Les millions perdus de feu le sympathique duc d'Orléans

La Rolex de Marlon Brando, la Breguet de Ferdinand-Philippe d'Orléans, la Patek Philippe de Bill Cosby, les soufflets de Vincent Perriard, les chevaliers de Roger Dubuis, les machines de Max Busser, les montres de Gérald Genta, les tourbillons de Vianney Halter, les squelettes de Vacheron Constantin...  ◀▶ AU SOMMAIRE DE CES SMS DU MARDIDes informations développées après la Pendule sympathique ci-dessous... ❏❏❏ LE CINÉMASCOPE DU JOUR : douze épées autour d'une table ronde pour une mise en scène hollywoodienne... 


La Rolex de Marlon Brando, la Breguet de Ferdinand-Philippe d'Orléans, la Patek Philippe de Bill Cosby, les soufflets de Vincent Perriard, les chevaliers de Roger Dubuis, les machines de Max Busser, les montres de Gérald Genta, les tourbillons de Vianney Halter, les squelettes de Vacheron Constantin...

 
◀▶ AU SOMMAIRE DE CES SMS DU MARDI
Des informations développées après la Pendule sympathique ci-dessous...
 
❏❏❏ LE CINÉMASCOPE DU JOUR : douze épées autour d'une table ronde pour une mise en scène hollywoodienne...
 
❏❏❏ L'ANALOGIE DU JOUR : où Vincent Perriard a-t-il pris l'idée des "soufflets" de sa HYT H1 ?
 
❏❏❏ LA TROUVAILLE DU JOUR : s'agirait-il du premier product placement de l'histoire du cinéma ?
 
❏❏❏ LES ENCHÈRES DU JOUR (1) : sympathique, la pendule, sans doute, mais à quel prix sous le marteau ?
 
❏❏❏ LES ENCHÈRES DU JOUR (2) : bien large et bien rare, cette Patek Philippe, mais à quel prix sous le marteau ?
 
❏❏❏ LE SCOOP DU JOUR : ce sera celui de la semaine, mais on ne vous le dévoilera que demain... Restez en ligne !
 
❏❏❏ LES ACTUALITÉS DU JOUR : notées à la volée, en vrac, en bref et en toute liberté (les série limitées médiacentriques, la nouvelle ingéniérie chronographique, l'énigme des légendes seventies, le tourbillon qui déchire, les nouvelles marques du jour, etc.)...
 
 
 
◀▶ LES ENCHÈRES DU JOUR (1)
La Breguet sympathique
◇◇◇ Au moins deux pièces maîtresses de l'horlogerie européennes devraient changer de mains aujourd'hui, chez Sotheby's New York. La première est la "pendule sympathique" Breguet livrée en 1835 au duc d'Orléans. Une pièce de musée, imaginée par le "grand Breguet" (Abraham Louis) et développée par son petit-fils (Louis Clément, qui semble avoir été digne de son grand-père). Cette pièce exceptionnelle a bénéficié d'un effort tout particulier dans le catalogue de cette vente Sotheby's (lot n° 124) : on a presque l'impression de lire un catalogue Christie's, y compris dans le ton ! Tous les détails essentiels sont dans le catalogue, auquel on pourra se reporter : autant s'intéresser aux détails qui n'y sont pas ! Vendue dans les années 1990 par Henri d'Orléans – comte de Paris, descendant direct du duc d'Orléans et prétendant au trône de Paris – au moment où il a dilapidé, pour des raisons personnelles assez sordides, l'immense fortune des Orléans, cette pendule avait été achetée par le collectionneur américain Seth Atwood, sur les conseils de George Daniels, pour le Time Museum (aujourd'hui disparu). Jusque dans les années 1970, cette pendule Sympathique [dénomination usuelle – aucun rapport avec son caractère amical ! – qui remonte à sa création par Abraham Louis Breguet] avait été régulièrement entretenue par les ateliers Breguet (en haut de la page : le mouvement). On ne comprend donc pas trop ce que George Daniels a eu ensuite à réparer et même à reconstruire dans les années 1990, à moins d'admettre qu'elle ait été réparée par des maladroits ou des incapables, qui l'auraient endommagée jusqu'à son arrivée au Time Museum (ci-dessous : la montre – l'originale – que remonte la pendule Sympathique)...
 
 
◇◇◇ Lors de la dispersion des collections du Time Museum, à partir de 1999, cette pendule a connu un destin romanesque. Achetée lors de la première vente de ces collections organisée par Sotheby's, elle avait été payée près de 6 millions de dollars, après une lutte acharnée entre Philippe Stern, qui la voulait pour son musée Patek Philippe de Genève, et un mystérieux collectionneur proche-oriental, dont a su depuis qu'il n'était autre qu'un membre de la famille royale du Qatar, qui opérait alors un "ramassage" de nombreuses oeuvres d'art sur les marchés internationaux. Manque de chance pour Sotheby's, cet aristocrate qatari n'a jamais payé ses factures, ni celle de la pendule du duc d'Orléans, ni celle de la super-complication Patek Philippe (montre de poche "Graves"). La pendule a donc été récupérée par Sotheby's dans les vitrines du musée Patek Philippe, où elle était hébergée, de même que la montre "Graves". C'est cette pendule qui revient aujourd'hui sous le marteau, la montre "Graves" devant logiquement suivre dans les ventes à venir...
◇◇◇ Et c'est là que le bât blesse ! Retrouvera-ton en 1999 l'adjudication de 1999 ? C'est hautement improbable. Six millions de dollars en 1999, c'est pratiquement 8 millions d'euros d'aujourd'hui et presque 9 millions de francs suisses. Sotheby's se refuse à donner une estimation officielle pour ce lot n° 124, mais, en cherchant bien sur le site Sotheby's et après quelques soustractions, on découvre qu'il est valorisé à près de 3 millions de dollars, les experts de Sotheby's déclarant pour leur part qu'il leur en faut au moins cinq millions pour ne pas être ridicules. On ne sait pas ce qui peut se passer aux enchères, mais on peut raisonner logiquement. L'honorable aristocrate qatari qui pratiquait la folle enchère en 1999 n'est plus là : sans lui, à l'époque, la pièce n'aurait sans doute pas dépassé les trois millions. Le musée Patek Philippe semble avoir acquis une autre pendule Sympathique, d'un style beaucoup plus Breguet que la décoration néo-versaillaise de la pendule du duc d'Orléans : il serait d'autant plus étonnant que Philippe Stern attise les enchères qu'il est sans doute plus intéressé par une transaction – probablement privée – sur la super-complication "Graves" récupérée par Sotheby's. L'affaire devrait donc être réglée entre une poignée de collectionneurs asiatiques – pas évident qu'ils soient mobilisés – et le musée Breguet, qui n'a pas de pendule Sympathique dans ses trésors [les onze autres connues sont entre les mains de musées ou de collections royales inaliénables]. Optons pour le musée Breguet – Emmanuel Breguet se fera sans doute pas le déplacement – et pour une enchère qui ne devrait pas dépasser les trois millions de dollars, à quelques poignées de billets verts près...
◇◇◇ Ce qui constituera un signal inquiétant pour le marché : la décote brutale de cette pendule "pièce de musée" sera un clignotant d'alarme pour beaucoup de collectionneurs qui ont commencé à investir dans les années 1990. On comprend leur inquiétude. C'est tout le marché qui peut se trouver ébranlé par une "mauvaise" enchère – ce qui aidera d'autant Philippe Stern pour imposer à Sotheby's une vente de gré à gré de la montre "Graves" (raison de plus pour qu'il n'intervienne pas sur la Sympathique). On en déduira que Sotheby's, maison encore toute à sa "course aux records" pour reconquérir la confiance des collectionneurs, n'aurait jamais dû prendre le risque d'une vente aux enchères ultra-médiatisée pour cette pièce. On souhaite que le scénario connaisse une happy end aujourd'hui, mais on a des doutes ! En revanche, la Patek Philippe du chapitre suivant va faire parler d'elle...
 
 
 
 
◀▶ LES ENCHÈRES DU JOUR (2)
Au moins un demi-million pour 46 mm d'or Patek Philippe...
◇◇◇ Parlons une fois de ce qu'on ne trouve pas dans ce catalogue Sotheby's : la pièce la plus intéressante – sur le plan historique, horloger et financier – est sans doute le lot n° 243, une Patek Philippe réf. 2512, probablement pièce unique, remarquable à la fois par son mouvement, par son état (superbe cadran noir) et surtout par sa taille (46 mm, ce qui est exceptionnel chez Patek Philippe). Cette montre se trouvait dans les collections du célèbre animateur de télévision Bill Cosby, bon client de Patek Philippe et de Sotheby's, mais aussi grand collectionneur d'autres marques, qui a accepté de remettre sur le marché une pièce acquise en 1988, toujours chez Sotheby's. Estimation 2012 : 100 000-150 000 dollars, ce qui fait rigoler tout le monde, la montre devant logiquement franchir la barre du demi-million de dollars, et probablement flirter avec le million pour sa facture finale (ci-dessous). Très élégante quoiqu'impressionnante par ses dimensions, elle est dans un état quasiment parfait et fresh to the market depuis un quart de siècle. Quel collectionneur pourrait lui résister, d'autant qu'on n'en connaît pas d'autre de cette qualité, les deux autres Patek Philippe de cette taille sont deux chronographes, dont un calibre à rattrapante acquis par le musée Patek Philippe – qui pourrait être tenté de lui trouver une petite soeur aujourd'hui ! À surveiller : un représentant de Christie's sera-t-il dans la salle Sotheby's pour enchérir ouvertement pour le compte d'un client Christie's ? C'était une des délicieuses humiliations infligées par Christie's à Sotheby's, en début d'année à New York – histoire de prouver que c'est toujours Christie's qui fait l'événement, même quand c'est Sotheby's qui tient le marteau...
 
 
◇◇◇ Beaucoup (mais pas trop) d'autres montres intéressantes dans cette vente, comme la superbe Patek Philippe du lot n° 242, deux réf. 2497 Patek Philippe (l'une à trois aiguilles, l'autre à quatre : lot n° 240 et lot n° 241), quelques belles petites montres émaillées et une Rolex de joaillerie qui est peut-être la plus joaillière (12,5 carats) et la plus chère jamais réalisée par la marque (100 000 dollars de 1955 pour ce lot n° 140, estimé 20 000-30 000 dollars : ci-dessous)...
 
 
 
 
◀▶ LA TROUVAILLE DU JOUR
Quand Marlon Brando faisait la promo de sa Rolex...
◇◇◇ Trois ans avant James Bond contre Dr No, qui n'était pas une opération promotionnelle pour la Submariner de Rolex (portée par James Bond dans le film de Terence Young), Marlon Brando se livrait à une incroyable publicité clandestine pour Rolex. La scène se situe à la minute 56 et 43 secondes du film de Sidney Lumet, The Fugitive Kind (1952), en français L'Homme à la peau de serpent, basé sur une nouvelle de Tennessee Williams (qui a d'ailleurs écrit le scénario). On vous donne le lien pour la version italienne [on peut aller directement à 0:56:43], en hommage au collectionneur érudit John Goldberger, qui a attentivement étudié cette scène et même consulté le manuscrit du scénario pour vérifier que la tirade de Marlon Brando... ne s'y trouve pas ! Avec beaucoup de naturel, le comédien explique en présentant sa montre à sa partenaire (image en haut de page) : "Bon, prends ce chronomètre Rolex, il dit le l'heure, la date, le jour de la semaine, le mois et toutes ces sacrées phases de Lune". Il parlait de sa Rolex triple date phases de lune réf. 6062, une des montres les plus compliquées jamais commercialisées par Rolex – un modèle qui est aujourd'hui une star de collection de montres. Une scène non écrite dans le scénario qui pourrait donc bien être la première trace d'un product placement au cinéma, longtemps avant que cette pratique ne soit devenue une habitude à Hollywood. Le plus déroutant : en 1959, cette référence 6062 était sortie des collections depuis cinq ou six ans – ce qui rend absurde l'idée d'une "publicité clandestine" décidée par Rolex. Alors ? Mystère...
Marlon Brando : une tirade imprévue et très commerciale pour promouvoir sa Rolex...
 
 
 
◀▶ L'INSPIRATION DU JOUR
Vincent Perriard, l'homme qui rêve au-dessus des parkings...
◇◇◇ Pendant que HYT livre ses premières montres et lance sur iPhone et iPad ses premières applications (disponible à l'App Store), les travaux continuent à Bâle pour livrer à la communauté horlogère le plus beau temple de la Mecque annuelle des montres. Sur la vue d'artiste ci-dessous, on repère bien le tout gazonné du nouveau bâtiment qui recouvrira la piazza, ainsi que le Hall 2 [où seront regroupées beaucoup de marques de montres], la tour de l'hôtel et le parking, au premier plan à droite. À ce sujet, un scoop malicieux sur les vraies sources d'inspiration de Vincent Perriard : regardez bien attentivement (en bas de la montre) les "soufflets" qui pompent le liquide fluorescent de sa H1 pour indiquer l'heure. Ne vous rappellent-ils pas les rampes hélicoïdales du parking de Baselworld ? Ne le répétez pas : la nuit, Vincent Perriard plane au-dessus de Bâle, c'est là qu'il a repéré les rampes et c'est ça qui a guidé la création de la station de pompage mécanique installée dans la H1...
 
 
 
 
◀▶ LE CINÉMASCOPE DU JOUR
Chevaliers de la table ronde, goûtons voir si le temps est bon...
◇◇◇ Là, on sort des métiers d'art pour entrer dans l'univers enchanté des figurines de l'univers Warhammer, du kriegspiel et de la mise en scène hollywoodienne : pour sa collection Excalibur, Roger Dubuis saute à pieds joints dans la légende en osant douze chevaliers de la Table ronde autour d'un exceptionnel cadran émaillé. Des chevaliers sculptés dans l'or, l'épée à la main, autour d'une table dont le style reprend les codes de la Table ronde qu'on voit encore dans le Grand Hall de Winchester, en Angleterre, et qui est datée du XVIe siècle. Les aiguilles passent sous les épées, ce qui permet de donner à chaque heure le nom d'un chevalier : chacun d'entre eux avait ses qualités morales exemplaires et ses faiblesses. Mieux que du storytelling, une leçon de vie au quotidien, en compagnie de personnages de la grande légende arthurienne, placée sous le signe de la devise "Vaillance et largesse". Partez "à la recherche d’aventures pour redresser les torts, protéger les faibles, abaisser les orgueilleux", leur avait ordonné l'enchanteur Merlin. Ce qui était, en soi, un sacré programme marketing, toujours utile à rappeler par les temps qui courent. Série limitée à 88 pièces et pièces à découvrir au SIHH – en compagnie d'autres merveilles dont on vous reparlera bientôt...
 
 
 
 
◀▶ LE SCOOP DU JOUR
Un coup de tonnerre mécanique dans le chronométrage...
◇◇◇ Désolé, on ne vous le dira que demain, mais restez bien en ligne demain matin pour en profiter avant tout le monde : ça va faire beaucoup de bruit, ça concerne deux bonnes dizaines de marchés sur tous les continents, ça implique plusieurs marques, ça ne va pas faire plaisir à tout le monde et ça peut rebattre les cartes sur le podium des maisons dont on parle le plus...
 
 
 
 
◀▶ LES ACTUALITÉS DU JOUR
Notées à la volée, en vrac, en bref et en toute curiosité...
 
◇◇◇ IWC : retour pur et dur au style Gérald Genta pour la nouvelle Ingenieur Chronographe Racer, qui sera quelque chose comme la montre officielle du partenariat entre IWC et l'écurie de F1 Mercedes AMG Petronas (ci-dessus). Si Lewis Hamilton ne conserve pas son contrat avec TAG Heuer [dont il est aujourd'hui l'ambassadeur au titre de son volant chez McLaren), ce sera peut-être sa montre. On constate que ce "style Genta" a bien résisté au temps. Ce chronographe annonce une famille élargie à différentes complications, avec notamment un tourbillon force constante (platine/céramique), un calendrier perpétuel (jour-date digital) et diverses interprétations plus sportives...
 
◇◇◇ GÉRALD GENTA : à propos de Gérald Genta (l'homme, pas l'ex-marque), un livre est en cours de rédaction du côté de l'Italie, où Osvaldo Patrizzi rassemble actuellement de la documentation...
 
◇◇◇ TOURBILLON : apparemment, notre reprise d'une conférence de Vianney Halter, ajoutée à la republication d'une interview de François-Paul Journe, relance clairement le débat sur le tourbillon, "complication" mécanique controversée, dont l'utilité purement horlogère reste à démontrer. D'autres interventions d'horlogers de référence sont prévues dans les jours qui viennent : nos amis chinois ont du souci à se faire ! Pendant des années, on les a gavés de tourbillons dont les machinateurs les plus autorisés commencent à répéter [ce qu'ils faisaient depuis longtemps, mais, maintenant, on les écoute au lieu de les entendre] que, finalement, c'est plus un prétexte marketing qu'un impératif mécanique...
 
◇◇◇ MB&F : la marque devrait dévoiler aujourd'hui son nouveau concept HM n° 5, présenté à Baselworld à une poignée de privilégiés et retardé depuis cet automne pour des questions logistiques. Business Montres en reparlera évidemment ces jours-ci, mais l'idée est, une fois de plus, de jouer avec les légendes de la fin du XXe siècle pour leur donner une nouvelle traduction mécanique et esthétique. À suivre : Stay Tuned...
 
◇◇◇ VACHERON CONSTANTIN : initiative originale, le développement conjoint avec le quotidien Le Temps (Suisse) de deux montres squelettées. On peut lire toute l'histoire dans Le Temps d'aujourd'hui (ne pas manquer la vidéo sur ces "deux montres exceptionnelles). Ces "montres de médias" – on en recense déjà cinq ou six, mais Vacheron Constantin innove dans la haute horlogerie – sont une tendance émergente du marché : les marques y gagnent des partenariats plus motivants que la simple négociation commerciale autour du budget publicitaire, alors que les médias y gagnent de regagner du terrain et de la légitimité par rapport aux acteurs numériques qui pratiquent depuis longtemps ces séries limitées digitocentriques...
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