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MARDI : Une Wonder Week qui ne mobilise guère l'enthousiasme des acheteurs, sauf pour certaines marques de niche

L'effervescence des années champagne n'y est plus, de même que n'y sont plus les détaillants du monde entier qui achetaient les yeux fermés : même s'il y a autant de journalistes et toujours plus de visiteurs privés, la Wonder Week n'est plus ce qu'elle était. Même la créativité des grandes marques est en baisse... ▶▶▶ WONDER WEEK 2014Genève entre doutes et illusions... 


L'effervescence des années champagne n'y est plus, de même que n'y sont plus les détaillants du monde entier qui achetaient les yeux fermés : même s'il y a autant de journalistes et toujours plus de visiteurs privés, la Wonder Week n'est plus ce qu'elle était. Même la créativité des grandes marques est en baisse...

 WONDER WEEK 2014
Genève entre doutes et illusions...
 
 
◉◉ SYRIE : même si nous devons rester le seul média à trouver bizarre que les montres de luxe aient pu se permettre d'exiler à Montreux les négociations Genève 2 pour le retour de la paix en Syrie, Business Montres persiste et signe (notre éditorial du 17 janvier). Il aurait été judicieux pour la profession d'envoyer un message « citoyen » en poussant les uns et les autres à libérer quelques chambres d'hôtel qui auraient permis à la conférence de se tenir à Genève, dès demain : même au milieu d'une ville sillonnée par les bus officiels du SIHH et de la Ville de Genève, le geste aurait eu du panache...
 
◉◉ MESSAGE CITOYEN : tiens, en parlant des « responsabilités citoyennes », un rappel utile de Financial Times sur le retour du féminisme dans la mode [l'horlogerie et le luxe ne peuvent plus s'abstraire des grands débats sociétaux], avec une confirmation par un contre-éditorial (« op-ed ») de Business of Fashion sur la nécessité pour le luxe de faire face à la « question raciale »...
 
◉◉ SIHH (1) : beaucoup de journalistes asiatiques, désormais repérables par grappes, mais beaucoup moins de détaillants venus d'Asie, et encore moins des Etats-Unis, avec, pour compenser, beaucoup plus de personnalités, de VIP invités par les marques, de grands clients et des collectionneurs mobilisés par les détaillants. Bref, plus de paillettes que de commandes, mais c'est désormais la loi des grands salons relationnels : les profits y perdent ce que le lustre y gagne. Les célébrités faisant plus de bruit que les professionnels, les observateurs n'y voient que du feu...
 
◉◉ SIHH (2) : la rumeur du jour, inquiétante pour de nombreux blogueurs, qui avaient pris l'habitude de venir à deux ou à trois passer une semaine pendant la Wonder Week, c'est que, dès 2015, les journalistes ne seraient plus invités (avion et hôtel), à l'exception d'une liste A qui s'annonce très disputée. Rumeur pour l'instant, non officielle et non autorisée, mais on est curieux d'en savoir plus...
 
◉◉ PALACES : on ressent aussi, sur les bords du lac, la baisse de tension de la Wonder Week, l'agitation de dimanche (avant l'ouverture officielle du SIHH) contrastant avec une journée de lundi on ne peut plus calme. Les marques de niche qui avaient fait l'effort de minimum de créativité – qui, à part De Bethune et Claret ? – recueillant le fruit de leur imagination et de leur prise de risques...
 
◉◉ ARTYA : Yvan Arpa, qui n'en est pas à une pirouette près, sacrifie à son tour aux divinités du néo-classique, avec un nouveau boîtier qu'on dirait venu tout droit de l'âge d'or des montres mécaniques, ce qui permet de mettre en valeur [du moins, mieux qu'avec les rugueux boîtiers bruts de décoffrage des autres collections] le contenu disruptif des cadrans. Un boîtier superbement dessiné, nettement aminci, adouci et d'une élégance rare. Exemple avec la Classic Bullets ci-dessous, très élégante avec ses douze cartouches, qui casse l'image bad boy des précédentes séries Son of a Gun (avec des vraies munitions sous le cadran). À découvrir à la GAE – Geneva Artya Exhibition – des Eaux-Vives, sur l'autre rive de la rade de Genève...
 
 
◉◉ BOVET : beaucoup de jolies propositions chez Bovet, dont une « Miss Audrey » qui met le concept Amadeo (passage aisé de la montre-bracelet à la montre de poche, au pendentif ou à la montre de bureau) à la portée des plus petits poignets puisqu'on joue ici en 36 mm, avec les mêmes finesses décoratives que dans les montres plus volumineuses (bélière sertie, guillochage du cadran nacre, aiguilles serpentine, etc.)...
 
 
◉◉ CHAUMET (1) : « petite » maison de joaillerie toujours un peu timide sur les bords du lac, Chaumet nous propose pendant la Wonder Week de découvrir ses collections horlogères marquées par l'esprit « métiers d'art », mais aussi par un grand réalisme dans la volonté de répondre aux attentes de ses client(e)s – la nouvelle collection Liens est désormais accessible autour de 2 500 euros dans un boîtier « jeune fille » de 27 mm [de quoi réouvrir les hostilités sur le marché européen des « montres de fiançailles », en bon français « petite montre de dame » qui a longtemps fait les choux gras de Poiray ou de O.J. Perrin]. En attendant, honneur aux métiers d'art de la décoration horlogère magnifiés par Chaumet (images en haut de la page), alors que le terrain est déjà profondément labouré par des maisons concurrentes comme Van Cleef & Arpels, Boucheron, Piaget ou Chanel. On appréciera la sobriété des boîtiers et le savoir-faire des artisans mobilisés par Chaumet pour styliser la nature (ci-dessous : la nouvelle collection « Attrape-moi... si tu m'aimes », avec ses oiseaux et ses libellules)...
 
 
◉◉ CHAUMET (2) : les libellules de la montre ci-dessous illustrent bien ce mariage de techniques précieuses, avec leurs ailes de nacre blanche, d'agate jaune et de cornaline orangée, sur un fond nocturne semé de lapis-lazuli et d'étoiles de diamants, avec une bordure d'herbes en or gravé dont les reflets s'animent sur un lac de nacre translucide aux reflets de platine...
 
 
◉◉ DE BETHUNE (2) : le Maxi-Chrono ne sera officiellement présenté qu'à Baselworld, mais on peut déjà vous dire que c'est le troisième réussite (sur trois nouveautés) de De Bethune pour cette Wonder Week. Il s'agit de la version définitive du chronographe cinq aiguilles déjà prototypé par la manufacture voici quelques années : cinq aiguilles sur un même axe (heures, minutes, secondes du chronographe, minutes du chronographe et heures du chronographe au centre), avec un tourbillon haute fréquence (36 000 A/h) calé sur trente secondes. Particularité : aucun compteur annexe, les secondes et les minutes du chronographe s'affichant dans une  échelle circulaire à la périphérie du cadran, les heures du chronographe se lisant au centre de la montre. Un chef-d'oeuvre de néo-mécanique contemporaine, réinterprété dans un goût classique des mieux maîtrisés...
 
◉◉ DE BETHUNE (2) : toujours à découvrir à Baselword, un « chronomètre de marine » d'un nouveau style, monté sur un « berceau » qui permet au boîtier de la montre d'osciller à la façon des anciens chronomètres de marine, avec une réserve de marche sur le cadran et un tourbillon à 9 h. C'est visiblement la montre de marine dont avaient rêvé Harrison et Leroy – et, en tout cas, la plus mécaniquement et esthétiquement fidèle à l'esprit de leurs chronomètres de marine...
 
◉◉ HUBLOT : une des propositions les plus amusantes de cette Wonder Week tout juste entamée reste la série des Big Bang Pop Art, dont les précédentes Tutti Furtti étaient les précieuses précurseuses. Là, on se lâche sans retenue dans les couleurs, avec un goût marqué pour les nuances warholiennes, en quatre montres plus délicieuses les unes que les autres (deux en or et deux en acier pour rester relativement accessibles dans les caprices), avec une taille raisonnable (41 mm) et des pierres qui donnent des sensations (topazes, améthystes, saphirs, tsavorites) et des émotions en toutes saisons...
 
 
◉◉ HYT : tout fier de sa nouvelle boutique et d'avoir enfin maîtrisé ses derniers problèmes de production [on nous annonce 70 montres qui sortiraient chaque mois des ateliers de la marque], Vincent Perriard multiplie les séries limitées et les déclinaisons de sa H1, alors que la H2 vient tout juste d'arriver sur les marchés. Au programme, des animations en couleurs de boîtiers et du fluide qui indique les heures : on appréciera le côté « Dracula »...
 
 
◉◉ LVMH (1) : un commentaire rapide sur la prise de pouvoir de Jean-Claude Biver, qui récupère la direction des trois pure players horlogers du groupe LVMH (TAG Heuer, Hublot, dont il reste président, et Zenith). Une information révélée dans la matinée par Business Montres – comme d'habitude en priorité et en toute liberté, sans attendre le communiqué du groupe – avant qu'elle ne fasse le tour des salons et des rédactions. D'abord, une omission : et Dior dans tout ça ? L'annonce officielle ne situe le département Montres de la maison de couture ni dans le pôle horloger confié à Jean-Claude Biver, ni dans le pôle joaillier qui revient à Antonio Belloni, actuel DG du groupe. L'enjeu n'est pas stratégique pour le groupe, mais on voit mal comment Dior pourrait s'en tirer et renouer avec une dynamique positive, sur le plan horloger, sans s'adosser au pôle Montres tel que va le reformater Jean-Claude Biver [dont on veut bien parier qu'il a un mandat de croissance externe – rachat de marques – dans sa lettre de mission]. Ensuite, un constat : celui de l'homogénéité exceptionnelle de ce pôle bivérien, constitué par Hublot [maison dirigée avec brio par Ricardo Guadalupe, seul CEP horloger du groupe à afficher une croissance de 8 % à 12 % selon les variations de change], Zenith [manufacture animée par Jean-Frédéric Dufour, fils spirituel de Jean-Claude Biver, qui a réussi à signer cette année une croissance supérieure à celle de l'industrie horlogère, autour de 5-6 %] et TAG Heuer, marque de volume dont le principal concurrent est aujourd'hui le géant Omega [une marque du Swatch Group dont Jean-Claude Biver a été responsable pendant dix ans et dont il connaît parfaitement les marchés et les problèmes, ce qui nous annonce une bataille sans merci]. On aura compris que ce bâton de maréchal accordé à Jean-Claude Biver par Bernard Arnault n'est pas une bonne nouvelle pour le Swatch Group ! Enfin, on relève dans cette nomination, issue des pressions conjuguées, répétées et insistantes de Bernard Arnault, un désaveu relatif de Francesco Trapani, devenu le « maillon faible » de la direction du groupe [on lui a conservé le poste honorifique de conseiller du président] tellement il est empêtré dans les graves accusations formulées contre lui par l'administration fiscale italienne [un groupe comme LVMH ne peut pas se permettre un froid avec l'Etat italien] et alors même que ses résultats opérationnels n'ont pas été à la hauteur en 2013 [ce n'est pas de sa faute, mais le résultat opérationnel de la branche montres est en baisse, la croissance du chiffre d'affaires restant inférieure à celle de l'industrie horlogère suisse]...
 
◉◉ LVMH (2) : à noter l'amorce d'une synergie industrielle intéressante à suivre entre Zenith et Hublot au sein du groupe LVMH. Pour sa nouvelle montre « Spirit of Big Bang » – probablement baptisée ainsi parce qu'il y avait un doute sur sa conformité à la génétique Big Bang ! – lancée dans un boîtier tonneau, Hublot a choisi un calibre chronographe El Primero, revu et corrigé conjointement par les équipes Hublot et Zenith (ci-dessous). Il s'agit d'une « hublotisation » du El Primero, mais ce nouveau calibre automatique HUB4700 reste en 5 Hz et il est entièrement réalisé et assemblé au Locle, chez Zenith. Le marketing horloger a ses raisons que la raison ignore : pourquoi sur-connoter le côté « Spirit of Big Bang » [au cas où il y ait des doutes] pour détruire aussitôt la proposition en logeant dans cette montre un mouvement concurrent du chronographe Unico de la manufacture Hublot ?
 
 
◉◉ LVMH (3) : un gag désopilant à la télévision suisse, dans le journal du soir de Darius Rochebin, au moment de présenter cette nomination de Jean-Claude Biver au sein du groupe LVMH... « dont le propriétaire est François Pinault », photo à l'appui ! Darius Rochebin corrigera discrètement quelques minutes plus tard, avec la bénédiction pudique d'un Jean-Claude Biver amusé...
 
◉◉ ZENITH : même si la marque est plutôt venue faire acte de présence à Genève, en réservant ses produits les plus « intenses » pour Baselworld, il est toujours bon d'enfoncer le clou et de pratiquer la piqûre de rappel indispensable en début d'année. Rien de fracassant, donc, dans les marmottes Zenith qui circulent au Kempinski, à l'exception de la 1903, une montre d'aviateur qui rend hommage aux frères Wright, pionniers de l'aviation [ceux dont Vacheron Constantin refuse d'admettre officiellement qu'ils portaient une montre Vacheron Constantin] auxquels la marque Bremont dédiait récemment une montre. Après le Baron Rouge, la Pilot 1903 – rappelons que Zenith est la seule marque à pouvoir afficher le mot « Pilot » sur un cadran – rappelle la légitiité de la marque dans les « montres d'aéronef ». Gros boîtier ronf, chiffres et aiguilles vintage jusque dans leur SuperLumiNova crème, petite seconde à 9 h, couronne boule au cas où le porteur aurait des gants, bracelet de force soigneusement gaufré au verso d'une frise aéronautique : les touches rétro sont rafraîchies par l'aiguille GMT au rouge contemporain...
 
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