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ROCK'N'HORL* # 151 (accès libre) : Brodé au point de croix et tissé d'alpaga, cet objet du temps est aussi ancien que la machine d'Anticythère...

Il y a peu de chances qu'on en fasse un jour une montre, encore que ses thèmes décoratifs pourraient inspirer une collection de cadrans « métiers d'art ». Cette cape funéraire précolombienne est âgée d'environ 2 300 ans. Ses 32 figures sont une allégorie du temps qui passe...  ▶▶▶ CIVILISATION DE PARACAS Un calendrier existentiel pour répondre au défi du temps


Il y a peu de chances qu'on en fasse un jour une montre, encore que ses thèmes décoratifs pourraient inspirer une collection de cadrans « métiers d'art ». Cette cape funéraire précolombienne est âgée d'environ 2 300 ans. Ses 32 figures sont une allégorie du temps qui passe...

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 CIVILISATION DE PARACAS
Un calendrier existentiel pour répondre au défi du temps...
 
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1280px-ParacasSkullsIcaMuseum◉◉◉◉ ON CONNAÎT LA CULTURE DE PARACAS (PÉROU) pour deux étranges raisons : ses tissus et ses crânes déformés. Ces derniers sont de troublants vestige archéologiques, sans doute beaucoup plus anciens que les tissus : les crânes ont été déformés du vivant de la personne, pour de mystérieuses raisons rituelles, sociales ou esthétiques [celui qu'on appelle « l'homme de Paracas » vivait environ 6 500 ans avant notre ère], dont on retrouve des équivalents dans les cultures européennes de l'an 500 (les chercheurs parlent ainsi de « déformation burgonde »). Les tissus de Paracas ne sont pas moins troublants : datés de 2 200-2 300 ans avant notre ère, ils ont été retrouvés dans les années 1920 sur la presqu'île de Paracas (Pérou). 420 cadavres momifiés – certains aux crânes déformés (ci-contre) – étaient enveloppés de ces vêtements ou de ces toiles dont certaines dépassent les 34 m de long. Tissées de laine d'animaux domestiques (alpagas ou lamas) et de coton, puis teints de couleur vives qui ont résisté après plus de 2 000 ans (en raison de la sécheresse de l'atmosphère locale), ces tissus prouvent un haut niveau de civilisation, tant pour la main-d'oeuvre nécessaire à leur civilisation que par les motifs brodés qui attestent d'une culture religieuse complexe, d'essence chamanique. La façon dont leurs motifs décoratifs s'enchevêtrent démontre également des subtilités esthétiques qui ont fait de cette « culture de Paracas » un des phares historiques de la civilisation amérindienne. Dispersés après les fouilles, ces tissus sont pour la plupart exposés dans un musée spécialement construit sur place, les musées européens ou les institutions qui détiennent à travers le monde finissant par les rendre : récemment, la Fondation Gotheburg (Suède) a entamé un programme de restitution qui concerne notamment le fameux « manteau Paracas n° 179 », un des plus fascinants objets du temps de l'aube de notre histoire.
 
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Paracas3-Businessmontres◉◉◉◉ IL NE S'AGIT ÉVIDEMMENT PAS D'UN OBJET DU TEMPS MÉCANIQUE, dans le style de la Machine d'Anticythère grecque, qui a sensiblement le même âge. C'est néanmoins un témoignage du souci qu'avaient les hommes de cette culture du temps qui passe, des âges de la vie et de l'éternité. Ce qui frappe d'emblée, c'est la similitude avec les tapis persans – les fameux « Quatre saisons » – qui expriment une toute autre conception du temps, mais en recourant à la même exposition de tableaux à l'intérieur d'un tableau qui forment une sorte de « calendrier de l'Avent ». Brodées séparément au point de croix puis cousues les unes aux autres, les 32 figures du Manteau n° 179 (qui mesure 1,04 m sur 0,54 m) représentent des animaux, mais aussi des hommes (armés ou non), des animaux (oiseaux, grenouilles, écrevisse, chat, etc.), des plantes (haricots, tubercules, fleurs, cactus hallucinogènes, etc.) et des outils de la vie quotidienne : la fraîcheur de son état et la conception du monde élaborée que ces broderies expriment en font un des plus précieux textiles de l'histoire de l'humanité. Ces figures sont les âges de la vie – celle-ci et celle de l'au-delà –et les chamanes auraient pu les évoquer pour représenter et faciliter le passage d'une montre dans l'autre. C'est une allégorie du temps, sans souci de le décompter avec précision, mais avec la volonté d'en maîtriser les rythme : il ne s'agit pas d'un calendrier perpétuel, mais d'un calendrier existentiel, témoin d'une philosophie de la vie dont les subtilités nous échappent largement. Comme en atteste la Machine d'Anticythère, les Européens de l'Antiquité avaient choisi d'exprimer le temps en maîtrisant sa complexité mathématico-mécanique. À l'autre bout du monde, à peu près à la même époque, les hommes de Paracas se drapaient dans les images brodées de leur vie pour répondre aux défis du temps. Broderie ou mécanique ? Le point commun entre les deux : c'est toujours une question... d'aiguilles !
 
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D'AUTRES SÉANCES DE ROCK'N'HORL*...
* Rock'N'Horl, c’est la rubrique où votre Quotidien des Montres regroupe toutes les informations qui relèvent de l’insolite horloger et de la périphérie créative des objets du temps (ou de la joaillerie)…  
 
Les 80 premières informations des séquences « Rock’n’Horl » figurent en liens dans la liste qui se trouve sur la page de l’épisode #80 ci-dessous...
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