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SALANITRO : Le maître-joaillier des grands joailliers de l'horlogerie

Derrière la magie des montres serties, il y a un magicien du sertissage dont le nom revient en boucle dans les conversations entre professionnels... S'il y  avait un Poinçon de Genève pour la joaillerie horlogère, c'est dans les ateliers de Pierre Salanitro qu'on en trouverait la matrice et les meilleures pratiques d'excellence...  ▶ PIERRE SALANITRO ET SON ÉQUIPEUne aventure éthique dans une industrie en pleine mutation... ◉◉◉ C'est en visitant des ateliers …


Derrière la magie des montres serties, il y a un magicien du sertissage dont le nom revient en boucle dans les conversations entre professionnels... S'il y  avait un Poinçon de Genève pour la joaillerie horlogère, c'est dans les ateliers de Pierre Salanitro qu'on en trouverait la matrice et les meilleures pratiques d'excellence...

 
PIERRE SALANITRO ET SON ÉQUIPE
Une aventure éthique dans une industrie en pleine mutation...
 
◉◉◉ C'est en visitant des ateliers comme ceux de Pierre Salanitro qu'on réalise à quel point rien ne ressemble plus à une manufacture d'horlogerie mécanique qu'une manufacture d'horlogerie joaillière : même ambiance de travail mêmes équipes, mêmes machines, mêmes établis de bois blond, mêmes outils, à quelques menus détails près. Les deux activités – mécanique ou joaillerie – sont soeurs, même si les marques de montres ont choisi, depuis quelques années, de verticaliser leurs opérations mécaniques en les intégrant sous un même toit, alors que la joaillerie horlogère reste largement le fait d'ateliers spécialisés, dont le savoir-faire réclame une telle expertise – dans la production joaillière courante aussi bien que dans la pièce unique exceptionnelle – que les grandes marques leur confient l'essentiel de leur production sertie.
 
 
◉◉◉ Quelles grandes marques ? La liste des clients de Pierre Salanitro est un annuaire de l'horlogerie suisse, toutes marques et groupes confondus : inutile donc de les citer – d'autant que les marques en rajoutent beaucoup moins [et galèjent beaucoup moins] du côté de leur atelier de joaillerie in-house qu'elles ne fantasment sur les capacités de leur manufacture intégrée. De plus, sachant que la plupart des belles pièces serties de grande ou de petite série (à l'exception des gros volumes sous-traités parfois hors de Suisse) proviennent d'une même poignée d'ateliers, qui ont les faveurs successives ou simultanées des grandes marques donneurs d'ordre, la question du qui fait quoi n'a plus guère de sens – ni d'intérêt – dans la joaillerie horlogère...
 
 
◉◉◉ En revanche, la question du qui peut faire quoi est beaucoup plus intéressante. Si l'industrie des montres a vécu, dans les années 2000, une mutation et quelques révolutions (micro-mécanique, matériaux, techniques de production, globalisation, etc.), la joaillerie horlogère n'a pas vraiment suivi le mouvement. À de très rares exceptions près, dont Pierre Salanitro est un exemple quasi-unique en Suisse : il s'agissait pour lui de répondre à une demande de professionnalisation accrue formulée par les marques clientes autant que d'imaginer ce que pourrait être la joaillerie horlogère – son métier de base – au XXIe siècle, en y apportant une réponse entrepreneuriale capable d'égaler, un jour, les spécifications du Poinçon de Genève en les appliquant aux métiers de la joaillerie. C'est cette démarche originale d'une entreprise au coeur d'une industrie en mutation qui explique la curiosité de Business Montres à son sujet : au cours de ces dernières semaines, rares étaient les montres de joaillerie présentées ici qui ne sortaient pas des mains de l'équipe Salatrino...
 
 
◉◉◉ Parti tout seul en février 1990, avec un bureau Ikea en guise d'établi joaillier, Pierre Salanitro avait une double formation, dans le sertissage et dans les études commerciales [ce qui veut dire beaucoup en Suisse]. Il avait la volonté qu'on peut afficher à moins de vingt-cinq ans, mais il faut se souvenir de ce qu'était la belle horlogerie à l'époque : une convalescente toujours secouée par le vent du boulet japonais, mais pas encore guérie, ni surtout conquérante. Aujourd'hui, Salanitro (Salanitro SA, Serti-Concept SA et Sertis-Créations SA), c'est 155 personnes (dont 76 sertisseurs) sur deux sites genevois et – on l'a découvert récemment – c'est aussi le 147e employeur de la Suisse romande, avec un plateau technique unique dans le monde joaillier helvétique (une trentaine de robots d'usinage et des équipements pour tout faire, dans la réalisation des pièces d'habillage comme dans le sertissage le plus extrême). L'entreprise bénéficie de différentes certifications et d'agréments variés, dont le plus exigeant est celui de "certifed member" (n° 222) du RJC (Responsible Jewelry Council, où Pierre Salanitro peut côtoyer les plus belles marques de la place suisse). Toutes les marques horlogères ne sont pas encore au niveau pour intégrer le RJC, qui ne compte dans le monde que 420 membres de la supply chain joaillière, de la mine au détaillant, avec des exigences en termes de transparence, d'éthique, de respect de l'environnement, de droits humains et de bonnes pratiques responsables. Salanitro est le seul atelier suisse ainsi certifié.
 
 
◉◉◉ Dès l'entrée, dans un immeuble discret du quartier des Acacias, entre Rolex et les Ports-Francs de Genève, on prend un bain de sertissage intensif : des dizaines d'images de montres réalisées par la maison, pour toutes les marques et dans tous les goûts, en déployant à peu près toutes les techniques de sertissage, de plus classiques aux plus audacieuses. Des dizaines de milliers de carats, de toutes les couleurs et dans toutes les pierres, sont traités ici. Chaque pierre a été commandée avec des dimensions et un style de taille très précis : chaque pierre sera vérifiée à son arrivée dans les locaux. L'étude de l'empierrage, mais aussi la re-création du modèle à sertir sont effectuées par le bureau technique, qui compte douze techniciens et ingénieurs et qui est, dans cet amont industriel, le plus important de toute la Suisse [beaucoup de marques de montres n'ont pas la moitié de cet effectif]. C'est dès le passage par ce bureau technique que l'expertise de Salanitro fait la différence : si ça n'a jamais été fait, on pourra le faire ; si ça a déjà été fait, on le refera en mieux. Sertir une montre, ce n'est pas lui plaquer un revêtement de pierres précieuses : pour respecter les codes de la marque et le dessin de la montre, il faut tout recalculer et refabriquer un boîtier avant de le sertir. Même opération pour la lunette et pour le bracelet, voire pour les ponts squelettés. Ce "guichet unique" (conception, production, finition) pour la joaillerie est rarissime : ne vous étonnez plus si les plus célèbres manufactures viennent déposer ici quelques dessins de montres "impossibles" – que vous retrouverez dans les vitrines au cours de ces prochaines années...
 
 
◉◉◉ Pendant que le bureau technique fait tourner ses ordinateurs, les machines ronronnent et les robots d'usinage (une trentaine de CNC, cinq décolleteuses et tout ce qui va avec) crachent leur huile, et pas seulement pour fraiser boîtiers, maillons ou lunettes. La précision du travail joaillier et l'éventail des métiers déployés chez Salanitro garantit aux directeurs de production des marques un interlocuteur capable de répondre aux demandes les plus impossibles, dans des délais pas toujours réalistes – surtout à quelques semaines des salons horlogers. Pour les pièces uniques ou très spéciales, il existe même un atelier spécialisé, qui a ses propres machines pour ne pas encombrer les autres "chaînes" de production. Cette réactivité créative – marqueur essentiel de la génétique Salanitro – se paie plus cher qu'en Chine, mais quel confort pour des petites séries que les grands donneurs d'ordre ne pourraient réaliser sans perturber leur propre supply chain. Le traçage minutieux des opérations, l'établissement de référentiels très précis, les contrôles à chaque étape et les sur-contrôles entre les étapes – 100 % des pièces serties sont revues et, s'il le faut, corrigées – ont de quoi rassurer les clients...
 
 
◉◉◉ Les sertisseurs travaillent ensuite sans bruit, écouteurs sur les oreilles ou dans le babillage collectif de ces ateliers, où se pressent beaucoup de jeunes artisans, souvent venus d'autres ateliers. C'est que Salanitro a fini par devenir une référence du marché, avec la réputation (enviable) d'une "boîte" qui traite bien son personnel [en témoignent les établis sur mesure style Salanitro] et qui sait faire évoluer ses équipes : tous rêvent de créer un de ces sertis neige qui soulèvent l'admiration quand ils veloutent de très précieuses montres, mais tous ne seront pas admis à créer de telles tapisseries de diamants, que les marques n'hésitent plus à exiger avec des dégradés de couleurs qui font de chaque montre une pièce unique. On parle ici du vrai serti neige artisanal, aléatoire et manuel, et non du serti neige "industriel", duplicable, répétitif et mécanique. S'il faut quelques heures (un peu plus de deux) pour une lunette classique, certaines lunettes baguette peuvent prendre jusqu'à deux jours : la douzaine de sertisseurs de l'atelier "baguettes" travaillent d'ailleurs à part, dans leur bulle de verre, et ils ne sertissent que des baguettes, le plus souvent en serti invisible (une spécialité Salanitro). Là encore, 100 % de contrôle des pièces terminées, avec un référentiel ultra-précis – et même microscopique – des résultats exigés : certaines marques ont des cahiers des charges d'une précision décimillimétrique ! La amchine à trier les pierres calibrées est fascinante (ci-dessous)...
 
 
◉◉◉ La qualité internalisée des montres, avec la réalisation de plus en plus fréquente de calibres "maison", se double donc d'une qualité externalisée dans le traitement des pièces de joaillerie, Salanitro pouvant aller, pour certains clients, jusqu'à intégrer la totalité de l'emboîtage, de la conception du sertissage à la montre finie, mouvement monté, contrôlé et éprouvé, avec une transparence des procédures qui rassure. S'il y avait un Poinçon de Genève pour les créations joaillières, avec des exigences de bienfacture et d'éthique en guise d'exigences mécaniques, les ateliers Salanitro pourraient en constituer le parangon. Tiens, ce serait une bonne idée ! Puisque les amateurs de montres suisses sont de plus en plus cultivés, et eux-mêmes exigeants sur les moindres détails de leur montre, pourquoi ne pas leur proposer un label d'excellence et de tradition genevoises ? Un jour ou l'autre, les marques devront y passer et proposer à leurs clients un référentiel de qualité joaillière : encore un chantier à ouvrir pour la place de Genève ! 
 
 
 
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