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VACHERON CONSTANTIN (accès libre) : La musique des heures embellit les montres (exposition)

Le temps a une texture sonore et une épaisseur acoustique qui a toujours tenté les horlogers : avec les grandes ou les petites sonneries, l'harmonie accordée à la complication reste le sommet de l'art mécanique horloger. Une exposition Vacheron Constantin nous propose une promenade dans cette horlogerie sonore, avec quarante-et-un émerveillements et deux regrets... ▶▶▶ ACOUSTIQUEMécaniquement et musicalement vôtre... ◉◉◉◉ Historiquement, du moins dans l'Europe médiévale, on a écouté l'heure plus qu'on ne la …


Le temps a une texture sonore et une épaisseur acoustique qui a toujours tenté les horlogers : avec les grandes ou les petites sonneries, l'harmonie accordée à la complication reste le sommet de l'art mécanique horloger. Une exposition Vacheron Constantin nous propose une promenade dans cette horlogerie sonore, avec quarante-et-un émerveillements et deux regrets...

 ACOUSTIQUE
Mécaniquement et musicalement vôtre...
 
◉◉ Historiquement, du moins dans l'Europe médiévale, on a écouté l'heure plus qu'on ne la lisait. Les premiers mécaniques d'horlogerie n'étaient pas destinés à afficher le temps qui passe sur un cadran, mais à régulariser de façon mécanique les sonneries qui rythmaient la vie quotidienne. Les cloches feront ensuite la conquête des clocher et des beffrois, le jour et la nuit, puis celle des pendules et des horloges domestiques. Les premiers montres de poche « musicales » – grâce à des timbres, mais aussi avec des sortes de « cloches » – apparaissent dès que ces montres ont permis de connaître l'heure, et donc de l'indiquer par une sonnerie, avec une relative précision.
 
◉◉ Suggestion intéressante de Vacheron Constantin au sujet de cette longue d'histoire d'amour entre les montres et les timbres musicaux : « Et si le marteau qui frappe la cloche ou le timbre n'était là, finalement, que dessiner les contours du silence entre chaque sonnerie ? Pour créeer et cultiver une exquise parenthèse ? » Hypothèse philosophiquement féconde de la présence qui souligne l'absence et du plein qui essentialise le vide : un grand classique dans les systèmes culturels asiatiques...
 
◉◉ D'où l'intérêt de l'exposition (relativement confidentielle) montée au musée Vacheron Constantin – la plus ancienne manufacture genevoise (1755) – autour des montres à « indications sonores » réalisées par la marque, du XIXe siècle à nos jours. Jacques-Barthélémy Vacheron fut lui-même un finisseur de montres à répétitions, avant de prendre la direction de la marque au début du XIXe siècle. Que nous réserve une promenade dans les vitrines de l'exposition ?
◉◉ Une montre de poche de 1812 (ref. 10302), répétition à quarts en or rouge et cadran émail blanc, atteste de la longue tradition de la montre « sonore » chez Vacheron Constantin (cartouche en haut de la page et ci-dessus). Tout comme cette montre de poche, répétition à musique, boîte et cadran or rouge de 1816 (ref. 10207 : ci-dessus, au-dessus du titre). Parmi la quarantaine de pièces exposées, une pendulette de voyage de 1820 dotée d’une grande et d’une petite sonneries, d’une répétition à quarts et d’une complication réveil, évoque des pérégrinations sous le sceau de la complexité. On repère au passage quelques superbes cadrans émaillées, avec une signature « Vacheron & Constantin » en anglaises qui mériterait d'être reprise pour certaines pièces.
◉◉ D’autres pièces à fort pouvoir d’évocation illustrent le savoir-faire et la renommée de la manufacture. Une étonnante montre musicale – dotée d'un système de boîte à musique très proche de la récente « Strangers in the Night » d'Ulysser Nardin – nous prouve, une fois de plus, que l'horlogerie n'est jamais qu'un éternel retour... Réputation internationale de la marque, avec cette montre de poche, chronographe-compteur avec réveil, jour, date, et phases de lune de 1909 (ref. 10156 : ci-dessus), qui était la propriété de sir Bhupindra Singh, Maharadjah de Patiala, ou cette montre de poche à grande et petite sonnerie, répétitions à quarts et demi-quarts, chronographe-compteur 30 minutes réalisée en 1918 à la demande du célèbre constructeur automobile américain James Ward Packard (ref. 11527 : ci-dessous) – le milliardaire américain qui commandera par la suite à Patek Philippe quelques-unes de ses plus célèbres grandes complications..
◉◉ L’avènement de la montre bracelet au XXe siècle oblige les horlogers à déployer des trésors d’ingéniosité pour miniaturiser les mécanismes de sonnerie afin de répondre aux exigences de boîtiers plus restreints. C'est pourquoi ils vont emboîter, dans un premier temps, des mouvements de répétition minutes conçues pour les montres de dame. Cette nouvelle partition donne naissance à de véritables prouesses comme ce garde- temps de 1957 qui associe dans un bouquet de complications une répétition minutes, un quantième complet et les phases de la lune. Point d’orgue de cette exposition, la montre « Tour de l’Ile » défie l’entendement avec ses seize complications dont une répétition minutes et son couple de sonnerie. Au passage, les lecteurs attentifs de Business Montres reconnaîtront quelques pièces récemment passées sous le marteau et acquises par le musée de la marque : nous en avions signalé quelques-unes dans nos pages consacrées aux enchères internationales...
◉◉  On est frappé, tout au long du parcours de cette exposition, par l'extraordinaire beauté des cadrans en émail, qui ont traversé le temps dans un état de fraîcheur absolue, mais aussi par les détails de guillochages associés en motifs différents sur les cadrans en or et en argent. C'est là qu'on découvre ce que signifie le concept de « belle horlogerie genevoise » : même si ces mouvements étaient achetés par Vacheron Constantin à des ateliers spécialisés, en particulier ceux de la vallée de Joux, c'est à Genève que ces calibres ont trouvé leur destin historique...
 
◉◉ Les regrets qu'on peut avoir en découvrant cette quarantaine de pièces sont essentiellement d'ordre pédagogique. Ils ne tiennent pas à la qualité ou l'affabilité de l'accueil, ni à la disponibilité des guides (voir ci-dessous), mais, d'une part, à la relative rigidité du système de réservation et de « visite organisée », qui limite fortement le volume des possibilités de découverte : pourquoi ne pas organiser des visites libres ? Poser cette question, c'est comprendre la seconde faiblesse de l'exposition et ses limites didactiques : pas de catalogue (même léger), des notices d'une brièveté toute laconique en vitrine et peu de mise en perspective par rapport à l'histoire générale de l'horlogerie. Bref, le guide est indispensable ! L'idée de Vacheron Constantin est de faire découvrir ses collections historiques, deux fois par an, aux «  amateurs de haute horlogerie technique et précieuse » [jargon Richemont pour désigner les belles montres mécaniques], mais, concrètement, la mise en place de l'exposition n'est pas très conviviale, en tout cas pas assez aficionado friendly...
 
◉◉ Renseignements : Exposition du 31 mai 2013 au 31 janvier 2014. Maison Vacheron Constantin : 7 Quai de l’Ile – 1204 Genève. Visites de l’exposition en compagnie de Jérôme Meier, expert horloger de Vacheron Constantin ou de Maude Fellay-Zimmermann, responsable patrimoine de la maison. Sur rendez-vous uniquement : + 41 22 930 20 05.
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