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VENDREDI (accès libre) : Le Sniper en phase rageuse contre les historiens de la montre

La révolution promise par Louis Moinet a bien eu lieu : le compteur de tierces daté de 1816 va permettre de réécrire l'histoire des premiers chronographes, mais Louis Moinet n'en est sans doute que le pionnier provisoire... Mais la meilleure histoire de la semaine reste les sex toys vendus avec des montres Ebel...  CETTE SEMAINE, LE SNIPER A...  


La révolution promise par Louis Moinet a bien eu lieu : le compteur de tierces daté de 1816 va permettre de réécrire l'histoire des premiers chronographes, mais Louis Moinet n'en est sans doute que le pionnier provisoire... Mais la meilleure histoire de la semaine reste les sex toys vendus avec des montres Ebel...

 
CETTE SEMAINE, LE SNIPER A...
 
 
❏❏❏ essayé...
de comprendre pourquoi l'histoire horlogère avait à ce point négligé Louis Moinet... Les révélations concernant l'invention du premier chronographe mécanique de l'histoire des montres (précision au 60e de seconde, poussoir de retour à zéro, très haute fréquence à 216 000 A/h) n'ont évidemment pas surpris les lecteurs de Business Montres, qui avaient compris avant tout le monde à quel point ce "compteur de tierces" daté de 1816, six ans avant le chronographe de Nicolas Rieussec – était une pièce déterminante dans l'histoire horlogère de la chronographie. Les données sur ce "compteur de tierces" étaient publiques depuis 1848, tant pour sa précision que pour sa très haute fréquence : on aurait quand même pu avoir un peu de prudence dans l'attribution unilatérale de cette "invention" à Nicolas Rieussec, en piétinant au passage les droits d'antériorité de Breguet et de quelques autres possibles pionniers (argumentation Business Montres du 8 avril 2011). Au lieu de quoi le silence s'est fait autour de Louis Moinet, dont le nom n'est même pas cité dans La Conquête du temps de Dominique Fléchon, qui a fait amende honorable (sans toutefois s'excuser) lors de la présentation de ce chronographe, ce jeudi, à l'Observatoire de Neuchâtel. Pas un mot sur Louis Moinet dans les présentations et les expositions de la Fondation de la haute horlogerie.Pas l'ombre d'une quelconque reconnaissance académique. On touche là aux limites d'une histoire horlogère qui ne cesse de bégayer depuis les années 1950 et qui a la mémoire qui flanche dès qu'il ne s'agit pas d'encenser la suprématie suisse : les "historiens" successifs se recopient les uns les autres et pratiquent une relégitimation réciproque et mutuelle qui exclut les voix dissidentes et les chercheurs hétérodoxes. Joseph Flores en a fait l'expérience en étudiant le cas Perrelet et en osant produire des documents authentiques qui contredisaient la doxa officielle, fixée au début des années 1950 par Alfred Chapuis : pas plus diplômé en histoire (mais pas moins) que les spécialistes de la question, qui n'ont même pas le privilège d'être, comme lui, horloger, Joseph Flores s'est vu contester le titre d'historien avant d'être ignoré des récentes études sur la question (pas un mot sur le document Sarton retrouvé à l'Académie des sciences dans La conquête du temps de Dominique Fléchon).
❍❍❍ Pour Louis Moinet, Jean-Marie Schaller a pris la bonne initiative en se faisant épauler par Bernard Vuilliomenet et par Arnaud Tellier pour bétonner de façon incontestable la question de l'authenticité et de l'intérêt historique de ce "compteur de tierces", avec le renfort de Dominique Fléchon pour en attester l'aspect exceptionnel : pas sûr que ce soit suffisant pour bousculer les réflexes panurgiques et les routines mentales de ceux qui écrivent l'histoire des montres en relisant sans en apprécier la contingence les oeuvres des compilateurs précédents. Business Montres (notamment le 12 décembre dernier) avait raconté, en 2012, comment les historiens francophones s'étaient fait sévèrement tacler par les plus hautes autorités anglo-saxonnes dans ce domaine pour leur légèreté académique et pour leur tropisme compilatoire sans recul critique...
 
 
 
 
❏❏❏ déduit...
qu'il fallait se méfier de l'histoire quand elle est écrite par des marques... Et, à plus forte raison, par les marques suisses ! Dans les années 1990, en lançant la marque Perrelet pour rendre hommage à celui dont la vulgate officielle [encore Chapuis] faisait alors l'"inventeur du mouvement automatique", Jean-Marie Schaller n'imaginait évidemment pas qu'il se trouverait un jour dans la situation de l'arroseur arrosé. La mode était alors au baptême des nouvelles marques avec des noms empruntés à l'histoire horlogère : pourquoi pas Perrelet ? Des petits malins asiatiques en avaient profité pour déposer des listes entières de noms d'horlogers genevois, tous moins connus les uns que les autres ! Dès lors, la marque Perrelet allait bétonner sur la personne et la mémoire de cet Abraham Louis Perrelet pour le moins problématique : les intérêts commerciaux allaient dominer les avancées de la connaissance, au point de valoir à Joseph Flores des menaces d'avocat de la part de Perrelet, qui commissionnait aussitôt des spécialistes réputés pour clouer le bec du contestataire. Alfred Chapuis avait été mandaté par Hans Wilsdorf (Rolex) pour écrire et enraciner en Suisse l'histoire du mouvement automatique : Rolex y avait un intérêt commercial direct pour "protéger" et légitimiter son concept de rotor central. Les historiens financés par la marque Perrelet n'ont rien trouvé à propos de l'horloger Perrelet, mais la marque n'en réaffirmait pas moins sa déclaration d'invention. Il est vrai que l'un de ces historiens, Jean-Claude Sabrier, avait lui-même vendu très cher au musée Patek Philippe, sur la foi de son expertise, une montre attribuée à Perrelet et présentée alors comme la première montre automatique : il lui était difficile de se déjuger quand Joseph Flores, qui avait eu la curiosité de fouiller les archives de l'Académie des sciences, démontrait que cette montre était une exécution conforme d'un document incontestable déposé par Hubert Sarton dès 1778.
 
 
❍❍❍ On ne fait jamais de la bonne histoire quand on est le mercenaire d'une marque – et encore moins quand on fait le négoce de ce qu'on expertise ! Montblanc s'est laissé piéger avec Nicolas Rieussec de la même manière [et quasiment avec les mêmes historiens] : en faisant de ce modeste horloger français, (1781-1866, soit un contemporain de Louis Moinet), le seul "inventeur du chronographe", la marque s'enfermait dans un impossible déni de réalité. D'une part, les brevets déposés par Fatton, l'élève de Breguet, étaient antérieurs à ceux de Rieussec et même à sa présentation du premier "chronographe encreur" de 1821 : un dispositif ô combien rustique et peu précis par rapport au compteur de tierces de Louis Moinet. On sait à présent que le mot même de chronographe n'a pas été "inventé" par Nicolas Rieussec, mais repris par lui d'une appellation précédente adoptée par L'Académie royale des sciences de Paris sur recommandation d'Antoine Louis Breguet ! Cette passion chronographique était dans l'air du temps, qui lui préférait d'ailleurs parfois le mot de chronométrographie ou de chronométroscopie (attesté chez Breguet comme chez Sarton). D'autre part, l'histoire des montres est trop malicieuse pour se contenter d'un seul inventeur : en tentant de verrouiller son territoire et en misant tout sur Rieussec, Montblanc s'expose à une délégitimation rapide de ses prétentions, et donc à une disqualification inévitable de son discours. La parole de Breguet dans ce domaine a été beaucoup plus habile, la marque pouvant presque désormais se flatter qu'un Louis Moinet ait été le secrétaire de Breguet et que ce compteur de tierces ait été développé avec l'aide d'un horloger affecté à Louis Moinet par Abraham Louis Breguet – qui devient ainsi un renifleur de talents et un pionnier tutélaire. On pourrait encore citer Cartier, dont le storytelling sur la "première montre-bracelet" inventée par Cartier et réalisée pour Alberto Santos-Dumont est devenu intenable, sinon ridicule : on portait des montres-bracelets bien avant Santos-Dumont, qui n'en avait pas besoin et qui n'était d'ailleurs pas le premier aviateur à porter une montre [celle des frères Wright, pionniers de l'aviation, est au musée Vacheron Constantin : Business Montres du 3 novembre 2012]. On remarquera que ni Sarton, ni Moinet ne sont suisses, mais que Chapuis, le saint patron des compilateurs l'était : cela serait-il une explication ? En tout cas, pour l'histoire de la chronographie, les amateurs éclairés et exigeants peuvent se reporter à la seule source un peu sûre et sans compilation servile, un peu daté aujourd'hui mais très sûr : La genèse du chronographe, d'Arnaud Tellier (bulletin n° 51 de la Société suisse de chronométrie, avril 2006).
 
 
 
 
❏❏❏ compris...
que la vraie histoire de la chronographie ne faisait que commencer... Demandons-nous maintenant s'il n'y a pas quelques prédécesseurs pour Louis Moinet. Dans son Traité d'horlogerie (disponible en ligne dans une version numérisée, avec un moteur de recherches bien pratique), Louis Moinet évoque l'invention par l'horloger John Arnold, au XVIIIe siècle, de ce qui aurait pu devenir le premier compteur de tierces (disons compteur de ixièmes de seconde pour faire moderne). Invention qui ne semble pas avoir dépassé le stade du pré-prototype. Dès 1750, l'histoire horlogère bruisse de tentatives pour pouvoir arrêter l'aiguille des secondes (sans arrêter le mouvement : Pouzait, Graham) ou pour pouvoir descendre au-dessous de la seconde de précision. La vraie histoire du chronographe ne fait que commencer et on s'était rendu compte, lors de l'exposition au Musée international d'horlogerie de La Chaux-de-Fonds (initiative financée par Montblanc pour légitimer son OPA sur Rieussec : Business Montres du 8 avril 2011) que cette histoire était beaucoup plus complexe, foisonnante et buissonnante qu'on ne l'imaginait de façon un peu simpliste. Que penser, par exemple, de cette description de cette montre d'observation présentée par Hubert Sarton en 1778 [cette pièce n'a pas été retrouvée, mais le texte est authentifié pour la date de 1788, soit trente ans avant Louis Moinet] ? Trouvée dans la Bibliothèque Ulysse Capitaine (fonds patrimoniaux à Liège), c'est très exactement la description d'un chronographe moderne, qui peut arrêter les secondes sans interrompre la marche de la montre : on remarquera qu'on évoque là une observation astronomique, mais aussi une... course de chevaux – ce qui serait un incroyable clin d'oeil à Rieussec, qui avait imaginé son chronographe encreur pour des compétitions équestres...
 
 
 
 
❏❏❏ récapitulé...
toutes les avancées du compteur de tierces de Louis Moinet... Pour refermer cette séquence chronographique, qui va obliger tout le monde à revoir ses classiques et à rajouter un chapitre aux manuels d'histoire [cette fois sans oublier le chronométrographe de Sarton], une synthèse de tout ce que nous révèle le compteur de tierces conçu par Louis Moinet. Rappelons qu'il a été retrouvé dans une collection de montres exceptionnelles, dispersée par Christie's en mai 2012 : à l'époque, Business Montres y a consacré plusieurs articles, en soulignant notamment l'importance de la montre Louis Moinet et son rachat par Jean-Marie Schaller : 21 mai 2012). Conservé dans un coffre de la famille princière du Luxembourg depuis les années 1850, ce compteur de tierces était comme neuf : une fois nettoyé et "dégommé", son mouvement fonctionnait comme au premier jour. On remarque d'emblée le haut niveau de ses finitions, qui ont permis à cette pièce de franchir deux siècles sans en pâtir. Sur le plan de la technique horlogère, on note son utilisation de la force constante (par fusée-chaîne) et son économie de moyens, avec cinq roues qui lui permettent une réserve de marche d'environ 30 heures en dépit de sa très haute fréquence. Parmi les innovations les plus remarquables de ce compteur de temps, qui devrait enfin ouvrir à Louis Moinet les portes du panthéon des grands horlogers qui ont marqué l'histoire :
▶▶ Un objet du temps (chronographe) capable de décompter les temps courts pendant trente heures : Louis Moinet a six ans d'avance sur le premier chronographe encreur de Nicolas Rieussec, beaucoup plus sommaire et beaucoup moins "horloger"...
▶▶ Une précision au 1/60e de seconde : Louis Moinet a ici quatre à cinq décennies d'avance s
ur ses contemporains, qui ne travaillaient encore que sur le cinquième de seconde...
▶▶ Un retour à zéro instantané : Louis Moinet a presque un demi-siècle sur la date de 1862 admise par les historiens (certains parlent de 1844) pour cette mise au point par Adolphe Nicole...
▶▶ Une fréquence de 216 000 alternances/heure, soit 30 Hz : Louis Moinet a un siècle d'avance sur le premier Mikrograph de Heuer et sur les pionniers de la très haute fréquences du XXe siècle...
▶▶ Un affichage séparé des heures, des minutes et des secondes sur le cadran : Louis Moinet invente l'esthétique du chronographe trois-compteurs un gros siècle avant sa popularisation au poignet...
▶▶ Une indication de la réserve de marche intuitive au dos de la montre : Louis Moinet invente sans le savoir (ni le vouloir) les affichages déportés de la réserve de marche...
▶▶ Un hapax disruptif au sens étymologique du terme (objet singulier) : Louis Moinet a produit, avec ce compteur de tierces, l'instrument scientifique le plus élaboré jamais réalisé jusqu'à son époque (encore qu'on puisse s'interroger sur l'aspect unique d'un objet aussi abouti, qui a logiquement dû être précédé de quelques prototypes, dont on connaît d'ailleurs des vestiges dans une collection américaine – il faut sans doute s'attendre à de nouvelles révélations de ce côté-là)... 
 
 
 
 
❏❏❏ repéré...
une nouvelle marque dans la mode horlogère... Née dans le Sentier parisien, la griffe de mode Naf-Naf avait été une des marques fétiches des années 1990. Assagie depuis, elle se décline en montre (licence Time and Diamonds, Paris), ce qui fera de la marque la référence # 36/Génération 2013. Mot d'ordre en trois adjectifs : des montres chic, glamour et ultra-féminines. La promesse est tenue par la Kittie (ci-dessous), avec un cadran à pois plutôt originale et un bracelet en ruban de maille milanaise fermé par un noeud, dans l'esprit ce ce que faisait Nina Ricci voici quelques années. Prix sympathique pour la première collection Naf-Naf : moins de 130 euros.
 
 
 
 
❏❏❏ découvert...
la nouvelle création de l'infatigable et imprévisible Yvan Arpa... Non content d'animer Artya et Balck Belt, plus quelques dossiers annexes, ce champ d'énergie vibratoire lance Spero Lucem, authentique reprise de la vraie devise de Genève, dont le Post Tenebras Lux n'est qu'un raccourci marketing de Post tenebras Spero Lucem ("Après les ténèbres, j'espère la lumière"), citation de la Vulgate du Livre de Job. Yvan Arpa dans le néo-classique intégral : pourquoi pas ? L'art de la provocation, c'est toujours de déboucher là où on ne vous attend pas, et personne n'attendait le remuant M. Arpa avec Spero Lucem, qui sera la marque référence # 37/Génération 2013 !
❍❍❍ Autant dire que la marque est genevoise (c'est même un des seules du centre-ville de Genève) et qu'elle ne fait appel qu'à des artisans genevois, qu'on parle du boîtier, du cadran ou du mouvement – un tourbillon volant exécuté de main de maître par les motoristes de la manufacture MHC (Pierre Favre). Le nom de cette montre (ci-dessous) est lui aussi très genevois : La Clémence, c'est la célèbre grosse cloche de la cathédrale Saint-Pierre de Genève. On remarquera que le pont de ce tourbillon une minute reprend le dessin du panneton de la clé qui figure sur les armes de la ville de Genève. On remarquera également le poinçon (sceau) apposé sur la platine au dos de la montre (ci-contre) : une sorte de Poinçon de Genève non officiel et non autorisé, puisque Spero Lucem, ne disposant pas encore de son atelier mécanique intégré, n'a officiellement pas le droit de concourir pour le Poinçon de Genève, alors que l'exécution de son mouvement et sa subtilité mécanique le mériterait pleinement. Le dessin héraldique inscrit dans ce blason Spero Lucem est une stylisation des plumes rectrices de l'aigle qui figure sur les armes de Genève...
❍❍❍ Mais ce n'est pas tout ! Comme cela ne se distingue pas clairement sur l'image ci-dessous, cette montre est une répétition minutes [d'où l'allusion à la Clémence de son nom de baptême] qui sonne (plutôt fort et bien) à la demande. Et ce n'est pas fini puisque la vraie innovation de La Clémence est son jeu d'aiguilles folles : dès qu'on enclenche la répétition minutes, les aiguilles se mettent à danser. On oublie l'heure et ses aiguilles "folles" pour concentrer son attention sur le son. Au dernier coup de marteau de la sonnerie, les aiguilles reviennent à leur place et à la bonne heure.
 
 
 
 
❏❏❏ hurlé...
de rire en découvrant le dernier déstockage Ebel chez Grooptoo... L'horlogerie mène à tout, il faut de choisir son canal de distribution. Pour écouler son stock de montres masculines, inutiles depuis le repositionnement de la marque sur le marché féminin, Ebel les solde à - 60 % minimum sur Grooptoo. Problème : les montres se retrouvent dans les offres du jour avec une impressionnante collection de sex toys, de vibros et de stimulateurs [cette page n'est pas un montage !]. Non, ce n'est pas une offre groupée, avec la montre du monsieur et, en prime, le jouet qui remplace ou qui complète le monsieur. Le jour où Ephraim va voir ça, il aura une attaque ! Bon, après tout, ne soyons pas difficiles : vibro ou chrono, c'est toujours une affaire de poignet...
 
 
 
 
❏❏❏ raté...
une excellente affaire pour les amateurs de vraie horlogerie... Le lot n° 411 signée par Jean-Pierre Tavernier était un des pièces les plus intéressantes de la dernière vente Antiquorum : il s'agit d'une montre de marine datée d'environ 1770, soit à l'aube de la chronométrie de marine, quand la France et l'Angleterre se disputaient la future conquête des océans en misant sur des chronomètres de marine assez fiables pour sécuriser les voyages au long cours. Avec Leroy et Berthoud, Jean-Pierre Tavernier (1720-1804) était un des horlogers français les plus en pointe dans cette quête de la précision pour l'invention de la longitude. Le boîtier comportait un dispositif de verrouillage spécial pour éviter à toute personne non autorisée d'accéder au mouvement : était-ce dans le cadre des tests effectués par l'Amirauté française pour équiper ses vaisseaux de garde-temps efficaces ? Double fusée-chaîne pour une force plus ou moins constante (inspirée par John Harrison), seconde morte et très large balancier, avec une roue d'échappement à 60 dents. Toutes proportions gardées, cette montre pourrait passer pour une des H4 (Harrisson) françaises. Il ne fallait finalement débourser que 35 000 CHF (soit à peu près l'estimation moyenne sous le marteau) pour emporter une pièce historique, unique et spectaculaire (81 mm de diamètre)...
 
 
 
 
❏❏❏ souri...
à l'habileté de Lip dans la récupération du général de Gaulle... « A Monsieur Fred Lip grâce à qui je mesure les heures qui me sont comptées » : l'authenticité des rapports entre le général de Gaulle, qui avait écrit ce mot de remerciement à Fred Lip, et la maison Lip est incontestable. La nouvelle marque Lip la met en scène pour les 145 ans de la marque avec une montre GDG 145 qui reprend le style d'une montre effectivement offerte à l'ancien chef de l'Etat, mais dans un style contemporain plutôt réussi (acier noirci PVD, fond saphir pour découvrir le mouvement automatique qualifié de Swiss Made, bracelet alligator et série limitée à 145 exemplaires). L'habileté, c'est d'abord d'avoir communiqué sur le général de Gaulle (document historique), mais en baptisant la montre GDG (ce qui évite une exploitation du nom de Charles de Gaulle : la famille ne l'aurait pas accepté). L'habilité, c''est aussi le coup du PVD, de la montre automatique [alors que celle du général de Gaulle était electronic – mot synonyme alors de modernité] et du verre saphir pour ceux qui ne sauraient pas ce que signifie le nouvel Automatic apposé sur le cadran. Le "cuir de crocodile véritable" fera rigoler tout le monde (vidéo de présentation : ci-dessous), mais il y au moins une boucle déployante. On ne posera pas les questions qui fâchent sur la réalité du Swiss Made allégué par ce mouvement automatique, en appréciant que le cadran nous évite un Swiss Made qui aurait passé les bornes et que le fond se dispense d'un Made in France qui aurait été une provocation...
 
 
 
 
❏❏❏ écouté...
les rumeurs habituelles du microcosme horloger... Toujours des murmures concernant la vente de telle ou telle maison à un grand groupe ou à un autre, des reclassements d'actionnaires en cours, des rumeurs d'intervention dans le luxe des Qataris [ils seraient les auteurs de la revente brutale de l'énorme paquet d'actions Richemont, pour 539 millions de francs suisses, ce qui fait chuter le cours de 3,1 % en une séance : Business Montres du 20 mars], Qataris auxquels on prête toujours l'intention de monter toujours plus haut dans l'actionnariat de Tiffany & Co (dont ils sont déjà l'actionnaire institutionnel de référence), les manoeuvres de déstabilisation interne et externe autour du groupe LVMH, où circulent des "lettres ouvertes" anonymes pour dénoncer les malversations de tel ou tel responsable horloger, alors que s'accumulent les difficultés (la fraude fiscale chez Bvlgari, le raid chez Hermès qui vire à l'aigre, le litige avec John Galliano, la vidéo qui transforme en putes racoleuses les top models du défilé Louis Vuitton, la pantalonnade belge autour de la succession de Bernard Arnault, etc.), les chaises musicales officielles et officieuses (celles dont les marques ne veulent pas parler) et tout le reste...
 
 
 
❏❏❏ noté...
quelques in-10-crétions à la volée, en vrac, en bref et en toute liberté...
 
►►► CUERVO Y SOBRINOS : la marque latino-cubano-suisse s'offre un vrai lounge tropical pour Baselworld, à l'entrée du Hall 2.0 en venant du Hall 1.0. Une vraie séquence havanaise (sans cigares, malheureusement) sur canapé, avec quelques mojitos pour se relaxer : palmiers, tuiles romaines et ambiance musicale (ci-contre). "Question de classe, de style de vi et d'ambiance", nous explique Marzio Villa, qui ne regrette finalement pas la façade Vieille Havane de son stand précédent du Hall 1.0...
 
►►► LOUIS VUITTON : on n'a toujours pas bien compris si la vidéo où les mannequins du défilé Louis Vuitton (automne-hiver 2013-2014), filmées sur la bande originale du défilé Louis , avec les maquillages et les vêtements du défilé Louis Vuitton, mais en train de faire le trottoir dans les vieilles rues de Paris était ou non "officiel et autorisé" par Louis Vuitton. C'est d'autant plus énigmatique que Marc Jacobs, le directeur artistique de Louis Vuitton apparaît dans la vidéo, qui ne fait d'ailleurs que reprendre les thèmes esthétiques prostitutionnels de son défilé. Cette vidéo avait été signalé sur la page Facebook de Business Montres dès le 10 mars, mais elle aura mis deux semaines à infuser avant de buzzer sur Internet, où elle est stigmatisée par les bien-pensants et par les nouvelles ligues de vertu. La campagne ne fait que commencer. Aujourd'hui, cette vidéo plutôt bien faite et sexy embarrasse la marque, qui expérimente les dangers du décalage médiatique à l'âge du 2.0 : on n'y pardonne plus aux institutions surplombantes (les marques célèbres sont devenues des institutions aussi parlantes et culpabilisables que les politiques) ce qu'on pardonne aux apprenties starlettes de la télé-réalité. Dilemme pour Louis Vuitton : comment reculer sans se renier ? Comment résister sans indigner ? Un conseil : la pire des postures est celle de l'hypocrisie...
 
 
►►► HARRY WINSTON (1) : les autorités de régulation économique américaines ont accepté le principe du rachat de la maison harry Winston (montres et joaillerie) par le Swatch Group. La vente au nouveau groupe Dominion (qui sera désormais le nom du conglomérat minier qui avait repris le nom de Harry Winston) devrait être effective cette semaine, avec un chèque d'un milliard de dollars à la clé. Ce qui, répétons-le, n'est pas cher du tout pour une marque qui faisait à peu près 430-450 millions de dollars de chiffre d'affaires, sachant que ce milliard comprend un rachat de la dette à hauteur de 250 millions de dollars, qu'il sera toujours possible de réaménager et de défiscaliser. Tout le problème qui se pose maintenant est celui du développement de la marque, dans une perspective de déstabilisation interne de ses équipes et de son intégration dans un groupe dont les procédures de travail sont contraignantes...
 
►►► HARRY WINSTON (2) : la prochaine offensive programmée par Harry Winston est prévue pour le Festival de Cannes, champ de manoeuvres dont le Swatch Group n'est guère familier, alors que l'équipe en place dans la maison en est beaucoup plus familière. Tout ce qu'on peut en dire [si les objectifs initiaux sont validés par le Swatch Group], c'est que ce sera spectaculaire et qu'on verra la marque s'associer à de multiples invité(e)s : la main-mise de Chopard sur le Festival est clairement ciblée...
 
►►► SMARTWATCH : c'est reparti pour une nouvelle volée d'annonces plus ou moins fondées sur le lancement de nouvelles montres intelligentes par les géants de l'électronique. Après la possible future iWatch d'Apple et après l'éventuelle Galaxy de Samsung, Google semble vouloir se lancer dans l'aventure, avec une montre qui tient plus du micro-smartphone que de la smartwatch (source : Financial Times). On parle d'un nouveau géant de l'électronique dans la compétition : selon le Korea Times, LG se lancerait sur le marché de la montre intelligence (la marque avait déjà une montre connectée dans ses collections). Que peut-on déduire de toutes ces annonces ? Qu'il y a sans doute un marché et que l'offre s'y fait abondante, mais qu'elle n'est toujours pas convaincante pour réaliser la fusion entre montre et terminal nomade : pas assez de montre et trop de gadget ! La partie se complique pour Apple, qui va vraiment devoir faire preuve d'instinct disruptif pour imposer un nouveau concept...
 
►►► UNION BIJOUTERIE HORLOGERIE : la querelle très gauloise entre le syndicat Saint-Eloi et la Fédération nationale HBJO – qui se disputaient les faveurs des détaillants françaises – a fini par déboucher sur la création d'une Union Bijouterie Horlogerie. En perspective : la création d'un force de proposition et de lobbying, capable de se défendre à Paris comme à Bruxelles. Potentiel des deux organisations associées : 900 adhérents pour 1 400 points de vente (pour environ 6 000 bijoutiers et horlogers). Chacun aura noté le Bijouterie placé avant Horlogerie : un assez bon instantané du rapport de forces sur le terrain, où la distribution horlogère indépendante recule à grande vitesse au profit des chaînes et des boutiques monomarques...
 
►►► KAVENTSMANN : la montre Triggerfish (en bronze) résiste à 3 000 m de pression aussi bien qu'à l'explosion de cinq kilos de plastic C4, sans autre dommage qu'une fêlure sur le verre saphir. Évidemment, après un tel blast, le propriétaire n'est plus là pour lire l'heure, mais l'expérience a été tentée en Afghanistan par les forces spéciales américaines, qui ont décidément du temps à tuer (source : Daily Mail)...
 
►►► KERING : le groupe de luxe PPR ( famille Pinault) change de nom et se rebaptise Kering, un mot breton – facile à prononcer dans toutes les langues – et qui  découle du mot breton Ker (les Pinault sont d'origine bretonne), qui signifie maison. Le suffixe ing assure l'indispensable note internationale et anglicisante. Logo : une chouette stylisée, qui était déjà l'oiseau de sagesse des peuples de l'ancienne Europe (c'était un animal fétiche chez les Grecs). Triple enracinement (familial, breton, culturel), donc, pour un groupe qui est désormais totalement recentré sur ses marques de luxe européennes (Gucci, Brioni, Boucheron, Saint-Laurent, Girard-Perregaux, etc.) et depuis peu asiatiques (Qeelin), mais aussi sur ses griffes life style (Puma, Volcom). Enfin, ce qui ne gâte rien, Kering donne en chinois quelque chose comme Kai Yun : le ciel qui s'ouvre, formule synonyme de chance et de bonne fortune...
 
►►► ROLEX : un peu troublante cette histoire de braquage dans une boutique Rolex de Washington DC. 610 000 dollars raflés en quelques secondes, avec 23 montres de butin. Ce qui est étrange, c'est que la boutique braquée est celle  du centre Commercial Pentagon City, à portée de voix du Pentagone américain et que ce centre commercial est presque considéré comme un sorte de PX. Conclusion : l'insécurité gagne les zones les mieux protégées des Etats-Unis et les militaires sont mieux payés qu'on ne l'imagine (source : Time)...
 
►►► 4N : à peine née et déjà déclinée ! On découvrira à Baselworld (au Palace, bien sûr) la nouvelle version en titane grade 5 DLC noir de la 4N-MVT01D01 de François Quentin. Une pièce unique, légère et inrayable, qui conserve les principes mécaniques de la pièce initiale, dont on rappellera que le bracelet est facilement interchangeable (heures et minutes sautantes, affichage numérique par disques, double barillet, 514 composants, avec 10 jours de réserve de marche et des finitions de grande qualité pour une esthétique "industrielle")...
 
 
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DE L'ACTUALITÉ DES MONTRES...
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