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VENDREDI (accès libre) : Le Sniper en pleine perplexité publi-promotionnelle

Au moment où Rolex recrute une octogénaire pour sa publicité, faut-il vraiment faire sauter les soutien-gorges pour mieux promouvoir les montres ? Hermès aurait tendance à nous prouver le contraire, Cartier mise tout sur sa panthère et Hublot se contente des médailles d'or de sa fusée jamaïcaine. La communication horlogère n'est pas un long fleuve tranquille...  ▶▶▶ cette semaine,LE SNIPER A... 


Au moment où Rolex recrute une octogénaire pour sa publicité, faut-il vraiment faire sauter les soutien-gorges pour mieux promouvoir les montres ? Hermès aurait tendance à nous prouver le contraire, Cartier mise tout sur sa panthère et Hublot se contente des médailles d'or de sa fusée jamaïcaine. La communication horlogère n'est pas un long fleuve tranquille...

 
▶▶▶ cette semaine,
LE SNIPER A...
 
 
 REGARDÉ
de plus près les montres des trois dames d'à côté...
◉◉ La communication horlogère basée sur le sexe est un perpétuel recommencement (voir, à ce sujet, notre playlist de 96 vidéos : « Le sexe fait-il vendre plus de montres ? » sur Business Montres Vision), à défaut d'être un éternel enchantement. Le « cul » reste le privilège des jeunes marques indépendantes qui ciblent une population plus masculine avec des collections « viriles » : c'est le cas de la maison allemande H2o, spécialisée dans les « montres militaires » plus ou moins nautiques (notamment les puissantes Orca), qui a imaginé la campagne ci-dessus avec le photographe Marc Evans (Milan) et qui prouve (en haut de la page) qu'elle sait aussi mettre un peu de couleur dans la rigueur de ses collections. Pour le plaisir des yeux, un petit dernier pour la route (ci-dessous), toujours pour promouvoir la série des Orca et en ne regardant que la montre de la dame, droit dans les yeux, bien sûr...
 
 
 
 
 INSCRIT
une concentration de super-machines sur son agenda...
◉◉ C'est du 18 au 30 septembre, à Singapour, avec un rendez-vous réservé aux Super-héros horlogers et aux Super-Machines de la montre, sous l'égide de The Hour Glass (affiche ci-dessous). Au programme : Ulysse Nardin, Parmigiani, De Bethune, Hublot, H. Moser & Cie, MB&F, Urwerk et RJ-Romain Jerome, mais aussi Reuge ou Laurent Ferrier, tout comme Kari Voutilainen, Philippe Dufour, Vianney Halter ou Roger Smith. Bref tous les rebelles et les non-conformistes de la montre, regroupés dans une boutique éphémère sur Orchard Road, au Paragon. 21 nouveautés sont annoncées, avec 7 séries limitées exclusives, des ateliers artistiques et une exposition des montres présélectionnées pour le Grand Prix d'Horlogerie de Genève. Parmi les premières mondiales dévoilées lors de l'événement, la nouvelle Ferrari Big Bang proposée par Hublot, la rarissime Experiment ZR012 de C3H5N3O9 (collaboration exclusive entre MB&F et Urwerk), la Bugatti Super Sport de Parmigiani Fleurier, la nouvelle Freak d'Ulysse Nardinla Fontaine impériale mise en scène par De Bethune, la Poison Dart Frog de MB&F ou le Galet Micro-Rotor de Laurent Ferrier....
 
 
 
 
 DOUTÉ
de l'intérêt de recruter des mannequins seniors dans l'horlogerie...
◉◉ Ceci n'est pas – vu l'âge du rédacteur – une bouffée de racisme anti-vieux, mais une interrogation ouverte sur le recours de plus en plus fréquent à des seniors dans la publicité des marques de montres. Lesquelles avaient très exactement le défaut inverse voici quelques années, en mettant en scène des couples trop jeunes pour être crédibles compte tenu du prix des montres proposées. Cette fois, le balancier est reparti très loin dans l'autre sens. Inconscience ou courage, si ce n'est machiavélisme marketing et positionnement ultra-tendance : Rolex a ainsi fait appel à Carmen Dell'Orefice, 81 ans, pour ses publicités (ci-dessous). Rien à reprocher pour ce qui est du message ou de la mise en scène [remarquable !], mais on se pose des questions pour l'image de la marque : cet ancien mannequin professionnel faisait déjà des couvertures pour Vogue en... 1947  (ci-contre) ! Est-ce à dire que Rolex n'a pas grand-chose de plus à dire aujourd'hui qu'en 1947, ou que les montres de 2013 valent bien celles de 1947 ? Veut-on sous-entendre que Rolex convient aux femmes de 7 à 77 ans, comme Les aventures de Tintin ? Est-ce un signal subliminal pour les cultures des pays émergents qui valorisent l'âge mûr ? Si de tels seniors peuvent convenir à des marques de mode ultra-branchées, est-ce bien intelligent pour les montres, objet naturellement suspect d'obsolescence, surtout avec le frémissement qui s'annonce sur le marché des smartwatches ? Encore une fois, sans faire de racisme anti-vieux et sans souhaiter le retour des nymphettes anorexiques, peut-être devrait-on se contenter de mannequins qui ont seulement l'âge des vrais consommateurs de vraies montres...
◉◉Questions légitimes quand on voit cette tentation du vedettarisme senior envahir peu à peu la communication du luxe. On a repéré la même Carmen – sans doute le mérite-t-elle – chez Jean-Paul Gaultier et chez John Galliano. Il est vrai que les créateurs de mode ne sont plus des premières mains, ni des perdreaux de l'année : Oscar de la Renta (81 ans), Karl Lagerfeld (79 ans), Vivienne Westwood (72 ans), Carolina Herrera (74 ans ), Paco Rabanne, (79 ans), Valentino Garavani, (81 ans), Giorgio Armani (79 ans), Issey Miyake (75 ans), Roberto Cavalli (72 ans), Kenzo Takada (74 ans), Betsey Johnson ( 70 années), Ralph Lauren (73 ans) ou Calvin Klein (70 ans). Autant dire que c'est le phénomène senior qui redevient totalement tendance ! 
 
 
 
 
 RETROUVÉ
la mémoire à propos de la Zenith refusée par l'armée française...
◉◉ C'était à la fin des années 1990, entre 1996 et 1997 à peu près. Notre ami Stefan Ciejka (La Revue des Montres) avait mis en contact les autorités militaires concernées par l'adoption d'une montre avec la direction de Zenith, dont le responsable marketing était alors Didier Leibundgut (futur serial naufrageur chez Péquignet). Sur la base d'un cahier des charges initialement élaboré par les militaires pour un appel d'offres resté infructueux [il s'agissait d'équiper de montres réglementaires quelques pilotes de l'armée de l'Air, dans l'esprit des Type 20 en dotation dans les années 1950 et 1960], et après de longs mois d'essais de différents modèles, Zenith avait accepté de fournir gratuitement un certain nombre de montres au ministère de la Défense pour ses forces spéciales, notamment les supergendarmes du GIGN. Une telle opportunité ne se refuse pas – sauf quand on est un bureaucrate socialiste ! Et la France était, dès le mois de juin 1997, en « cohabitation » après la dissolution de l'Assemblée nationale la plus calamiteuse de son histoire : la droite avait stupidement perdu sa majorité parlementaire et Lionel Jospin s'installait à Matignon pour quatre ans...
◉◉ Dans les cabinets ministériels socialistes, avec Alain Richard au ministère de la Défense, on se drapait dans les vertus de la morale républicaine : pas question de laisser une marque de luxe offrir des montres à l'armée. Tout était prêt, pourtant, des tonnes de paperasses étaient rédigées. Les énergies étaient mobilisées, mais les autorisations tardaient. La question était existentielle : comment, cette marque suisse, Zenith, avait la prétention inouïe de solliciter la simple permission de faire savoir, dans sa communication, qu'elle équipait ainsi l'armée française. Quelle horreur, faire du marketing – concept horriblement péjoratif chez les énarques aux commandes – sur le dos de la France socialiste en route vers des lendemains qui chantent ! Quel scandale, associer ce gouvernement socialiste à une manoeuvre aussi répugnante que l'exploitation d'un contrat non-commercial liant la France à des marchands de montres ! Même en fournissant ces montres gratuitement, c'était inadmissible ! Finalement, le contrat ne sera pas signé : il n'était pas question qu'une entreprise privée puisse se flatter de ses relations privilégiées avec les armées et pas question qu'elle se vante de fournir des montres à l'élite des gendarmes français. Le rachat de Zenith par LVMH allait achever de torpiller le dossier. La France venait de rater un nouveau rendez-vous avec son histoire horlogère : depuis le contrat des Type 20 dans les années 1950, il n'y avait pas eu de projet sérieux de « montre réglementaire ». Et il est probable qu'il n'y en aura plus jamais...
◉◉ Quinze ans plus tard, Zenith vient de rééditer cette montre : en version civile, cette Stratos Rainbow n'a rien perdu de son attrait (ci-dessous). La redécouvrir ainsi, en série limitée à 250 exemplaires, avec son chronographe automatique au dixième de seconde (sans le « retour en vol » prévu à l'époque), donnera des regrets aux équipages qui en ont été privés, ainsi qu'aux gendarmes qui n'ont pas pu en disposer alors qu'elle était à portée de leur poignet. On espère que cette Stratos donnera des remords aux technocrates qui ont fait avorter ce rendez-vous pour des raisons purement idéologiques et au nom d'une éthique socialiste dont la suite des « affaires » révélées par la presse prouvera qu'elle était, côté Parti socialiste, à géométrie variable et taillée dans un matériau très élastique...
 
 
 
 
 ADMIRÉ
les trois médailles d'or de la Big Bang la plus rapide du monde...
◉◉ Manque de Bolt, il a encore gagné ! On peut faire confiance à Usain Bolt pour se dispenser de tout état d'âme au moment de rafler quelques médailles d'or supplémentaires (ci-dessous, à Moscou, lors des récents championnats du monde), mais on doit aussi rendre hommage à sa conscience professionnelle d'« ambassadeur » de la Big Bang sur la cendrée. Il ne l'a pas oubliée au moment de la photo finale....
 
 
 
 
 POSÉ
quelques simples questions, restées sans réponse comme il se doit...
 
◉◉ RICHEMONT (1) : sachant que le groupe possédait 1 740 boutiques monomarques – en propre ou en franchise – à la fin 2012 (contre 1 631 à la fin 2011), de combien en disposera-t-il à la fin 2013, alors que bon nombre d'entre elles ont été fermées ou vont l'être en Asie ? Au passage, on découvre que le nombre actuel des boutiques du groupe en Asie est devenu hautement confidentiel, et celui des fermetures en cours encore plus sensible : reste à savoir si Business Montres voit juste en admettant, pour commencer, la fermeture de 16 boutiques IWC en Chine [pour un total de 65 à travers le monde] et de 20 boutiques Cartier [sur 60 en Chine, et 288 dans le monde] ? Des fermetures de boutiques qu'il faut remettre dans la perspective des négociations globales – lentes et compliquées – entre le groupe Richemont et le groupe Paragon, dont l'état-major de Bellevue voudrait récupérer le réseau de distribution...
 
◉◉ RICHEMONT (2) : est-il exact que, toutes marques confondues (y compris Cartier), le groupe est aujourd'hui à peu près à - 30 % en Chine par rapport à 2012, y compris dans les flagships traditionnement performants comme China World ou Plaza 66 à Shanghai [source interne] ?
 
◉◉ SWATCH GROUP (1) : alors qu'il se confirme que l'échéance du prêt personnel de 100 millions accordé au président du réseau Hengdeli par le Swatch Group a été repoussée au printemps 2014, est-il exact que le Swatch Group a finalement renoncé à racheter à Hengdeli quelques pépites de son réseau de distribution ? Une équipe interne d'audit aurait été effrayée du faible niveau qualitatif des boutiques qui intéressaient initialement le Swatch Group. De quoi compliquer les relations avec Zhang Yuping, le président d'Hengdeli, qui a compris que le groupe suisse voulait rompre son contrat de distribution avec lui. Sauf ue Hengdeli détiendrait – autre question sans réponse ! – un stock estimé en Suisse par les services financiers du Swatch Group à près de deux milliards de francs (prix public). C'est ce qu'on appelle une arme de dissuasion massive...
 
◉◉ SWATCH GROUP (2) : est-il vrai [source interne] qu'un de ces audits internes a révélé l'existence de circuits parallèles – quoique légaux – d'approvisionnement pour les détaillants chinois (Mainland), qui joue sur le différentiel de prix entre Hong Kong (0 % de taxes) et le territoire chinois (40 % et plus de taxes) ? Il suffit pour cela d'avoir un enseigne à Hong Kong et une enseigne en Chine, les deux officielles : il est difficile pour les marques de vérifier – quand elles ne ferment pas les yeux volontaires – où les stocks finissent leur existence. Les mêmes trafics ont été constatés avec l'Inde et Dubai. Ce n'est qu'un facteur supplémentaire pour l'alimentation d'un marché parallèle qui ne s'est jamais aussi bien porté...
 
◉◉ ETATS-MAJORS SUISSES : quel sera l'impact des montres connectées sur les marchés asiatiques ? Quand les CEO plastronnent en Suisse à propos des smartwatches dont il convient de rigoler, les équipes en Asie s'attendent au pire compte tenu de la puissance locale de Samsung, dont la future smartwatch devrait faire un malheur. Il est évident que les marchés émergents ou à peine émergés – moins structurés et moins rôdés aux grosses ficelles du marketing électronique – seront beaucoup sensibles à l'appel de la nouveauté et du gadget à la monde que les marchés traditionnels...
 
◉◉ LUXISTAN : que cache l'opération « boutique éphémère » menée par Louis Vuitton avenue Montaigne, au coeur du « Luxistan » parisien – haut lieu de la guérilla des outsiders contre le groupe LVMH ? Nom de code : « L'aventure ». Il s'agira apparemment de mettre en scène les valeurs de la marque liées au voyage et à la découverte de l'inconnu, à travers malles, sacs, bagages et accessoires développées spécialement pour cette boutique, où il sera possible de prendre des cours d'« art du bagage » [comment faire correctement sa valise]. Soit un espace éphémère nouvelle génération, qui permettra sans doute de tester (12 septembre-31 décembre), sur une population-cible experte comme celle des amateurs parisiens, de nouveaux concepts de distribution et d'expérience de la marque
 
◉◉ CARTIER : le « roi des joailliers et joaillier des rois » va-t-il réinventer son storytelling ? Rendez-vous au grand Palais (Paris, ci-dessous), début décembre, pour une grande exposition « Le style et l'histoire » dédiée à la joaillerie Cartier et à la culture de la maison (renseignements : Grand Palais). « Un témoignage passionnant sur l’évolution du goût et des codes sociaux », nous promet-on. Les grandes maisons de l'univers joaillier-horloger sont décidément en quête de réassurance patrimoniale et de sanctification muséale...
 
 
 
 
 REPÉRÉ
un étonnant bracelet au poignet de la première dame syrienne...
◉◉ Asma el-Assad, la femme du président syrien Bachar el-Assad, affiche sur les images de son son compte officiel Instagram (Syrian Presidency : ci-dessous) un curieux bracelet bleu. Autant s'y arrêter un instant, puisque c'est un de ces bracelets biométriques en piste pour la grande « bataille du poignet » qui se profile derrière l'écran de fumée des smartwatches – celles qui menaceraient ou non l'industrie suisse. Ce bracelet est un Jawbone, ruban de silicone coloré (100 nuances au choix) et connecté à un smartphone pour évaluer en permanence l'activité dynamique du porteur, les calories consommées (on peut saisir le code-barres des aliments), le sommeil (et l'heure optimale du réveil) et tout ce qui peut avoir du sens pour « tracer » l'existence physique d'un individu et stocker ses données biométriques, tout en lui rendant des services culturels annexes (musique, etc.).
◉◉ Si, comme on peut le penser, le véritable enjeu stratégique est aujourd'hui la maîtrise du poignet et sa conquête territoriale dans une logique de contrôle de la carpo-connexion (connexion de poignet), le concept Jawbone – à porter avec ou sans montre (image ci-contre) – est tout aussi utile qu'une smartwatch : il dessine surtout une perspective multi-fonctionnelle pour tous les objets nomades qu'on ne pourra, demain, accrocher qu'au poignet et qui risquent de reléguer les montres mécaniques classiques dans un lointain horizon de menus plaisirs purement nostalgiques. Autant dire qu'il vaudrait déjà mieux réfléchir en termes de confrontation globale entre tous les combattants de la future « bataille pour le poignet », au lieu de s'abriter derrière l'arrogante et immanente « supériorité naturelle » du savoir-faire suisse en matière de montre : la question posée est topographique, pas fonctionnelle !
 
 
 
 
 RASSURÉ
les horlogers qui s'inquiétaient des prochains orages solaires...
◉◉ Tous les onze ans à peu près, le champ magnétique du Soleil s'inverse. D'ici à la fin de l'année 2013, il devrait se reconfiguer en passant de son pôle négatif à son pôle positif, ce qui provoque généralement une activité solaire spectaculaire et intense, avec des « tempêtes » et des « éruptions » qui émettent dans l'espace des flux de particules qui peuvent avoir un impact électromagnétique jusque dans la banlieue de la Terre [c'est un des facteurs qui font naître les « aurores boréales »], où les vagues de cette houle solaire peuvent perturber les réseaux de satellite en orbite, sinon les réseaux électriques – on se souvient du Québec ainsi plongé dans le noir en 1989, après une éruption solaire. Voir ci-dessous les explications de la NASA américaine. Pour 2013, du côté de notre héliosphère (zone d'influence solaire qui s'étend sur des milliards de kilomètres, au-delà de Pluton) et pour ce qui concerne cette activité solaire maximale, rien à craindre pour nos réseaux d'horloges atomiques, normalement protégées contre les caprices de ce magnétisme solaire et encore moins à redouter pour la perturbation de nos montres à quartz, dont les circuits ne sont pas « grillés » par les assauts de ces particules électromagnétiques. Circulez, il n'y aura rien à voir, sauf du côté des pôles terrestres, pour admirer les aurores boréales...
 
 
 
 
 NOTÉ
quelques informations/in-10-crétions à la volée, en vrac, en bref et en toute liberté... 
 
◉◉ PRIX GAÏA : les jurés auront donc courageusement attendu la disparition de Nicolas Hayek pour rendre hommage aux vrais géniteurs de la Swatch. D'abord avec la remise du prix 2010 à Elmar Mock et Jacques Muller, puis, cette année, en accordant leur Prix 2013 « Esprit d'entreprise » à Ernst Thomke, vétéran de l'industrie horlogère (ci-contre : remerciements à la RTS pour l'image), distingué « pour le rôle primordial qu'il a tenu dans la création de la montre Swatch et plus généralement dans la réorganisation du système productif de l'industrie horlogère suisse après la crise du quartz ». Réorganisation dont Nicolas Hayek était généralement crédité par les historiens pressés et pour laquelle il avait reçu le Prix Gaïa en 2008 ! Cette valse des « parents putatifs » autour du berceau de la Swatch commence à être comique, surtout en l'absence de Nicolas Hayek... Ce Prix Gaïa – qui sera officiellement remis le 19 septembre prochain au MIH de La Chaux-de-Fonds – récompensera également l'horloger indépendant Andreas Strehler, ainsi que l'historien Günther Oestman.
 
◉◉ ERNST THOMKE : il est évident que, jusqu'à la disparition de Nicolas Hayek, tout hommage horloger officiel à Ernst Thomke (ci-dessus) aurait été considéré comme une déclaration de guerre au Swatch Group. Interviewer le « sauveteur » d'ETA, qui avait tout réindustrialiser et remis en ordre après des années d'incurie, était un casus belli définitif et non remédiable pour le journaliste qui s'y serait risqué. Concepteur et activateur de la montre ultra-plate Delirium en 1979 [parce que la Delirium était « très mince »] et concurrent direct de Nicolas Hayek pour le contrôle du Swatch Group, Ernst Thomke en avait été expulsé sans ménagements en 1991. Il n'avait cependant pas totalement lâché l'industrie horlogère en s'intéressant aux activités de Métalor ou à la création des British Masters (Graham). Aujourd'hui, à 75 ans, il fait toujours discrètement figure de gourou horloger pour les investissements industriels dans le secteur. On lui prête également quelques prises d'intérêt plus ou moins occultes dans quelques entreprises, mais on ne prête qu'aux riches. Ce Prix Gaïa récompense – non sans atermoiement, mais mieux vaut tard que jamais – une vie au service de la montre suisse. Sans la vision industrielle d'Ernst Thomke, il est probable que la Suisse horlogère n'aurait pas su garder un outil de production comme l'ensemble ETA, qui est devenu la colonne vertébrale du Swiss Made. Sans l'énergie d'un Ernst Thomke, qui avait eu le flair de laisser travailler l'équipe Mock-Muller sur le projet Swatch, et sans son opiniâtreté dans le reformatage des manufactures regroupées au sein du futur Swatch Group, peut-être même ne serions-nous plus là pour parler de montres. Merci, M. Thomke...
 
◉◉ TOMMY AUDEMARS : ou Hilfiger Piguet, au choix... Si vous trouvez que la montre Elon ci-contre, signée par Tommy Hilfiger (groupe Movado), ressemble d'un peu trop près à une Royal Oak d'Audemars Piguet, c'est normal et c'est bien légitime. C'est aussi ce que pense Audemars Piguet, qui a décidé de traîner en justice le groupe Movado pour « plagiat manifeste ». La cour fédérale de New York devra statuer sur ces ressemblances qui peuvent abuser le consommateur, même si, évidemment, les deux montres ne boxent pas dans la même catégorie de prix [ajoutez deux zéros pour la Royal Oak d'Audemars Piguet]. Pour la manufacture suisse, c'est une affaire de principe : elle réclame la destruction du stock de ces montres, qui ont commencé à être prudemment retirées des circuits de communication de Tommy Hilfiger, ainsi que des dommages, mais la sanction morale sera délicieuse à entendre...
 
◉◉ MB&F : alors, cette seconde Legacy Machine (image Business Montres du 21 août) ? Dans le goût Patek Philippe ou dans le goût Breguet ? À choisir, on serait tenté de regarder plutôt du côté de Breguet, juste pour le style très horloger dans l'esprit du XVIIIe siècle : d'ailleurs, si on se souvient bien de la Legacy Machine n°1, elle avait un petit air de parenté avec la Breguet Tradition. La génétique horlogère est toujours pleine de surprises et l'équipe Maximilian Büsser (pour le concept) et Eric Giroud (pour le design) a plus d'un tour dans son sac...
 
◉◉ LES MONTRES DES SPORTIFS CHINOIS : quelles sont les montres préférées des grands sportifs chinois ? Une question existentielle à laquelle il fallait répondre de toute urgence : le site (chinois) 163.com s'est risqué à tracer la consommation de marques de luxe de cinquante des plus grands champions locaux. C'est assez instructif...
 
◉◉ SHOPPING TOURISTIQUE (1) : plus rien ne sera comme avant une fois promulguée la nouvelle loi chinoise sur le tourisme (révélation Business Montres du 22 août). On ne voit pas comment les nouvelles dispositions pourraient ne pas provoquer une vive augmentation du prix des voyages à l'étranger : faute des juteuses « commissions » qui engraissaient leurs marges et en raison des nouvelles règles prudentielles imposées par le Politburo au nom de la nouvelle  « ligne de passe », les opérateurs spécialisés dans le shopping touristique vont devoir relever leurs tarifs. Ce qui réduira le flux des candidats au voyage outre-Chine. Par effet boomerang, ces mesures décrétées par le ministère chinois du Tourisme (logo ci-contre) vont également bouleverser tout l'écosystème marchand bâti autour de ce globe shopping : les projets pharaoniques de type Samaritaine (Business Montres du 28 juin) ou les mégastores de type Bucherer-Old England ont du souci à se faire...
 
◉◉ SHOPPING TOURISTIQUE (2) : ce qu'on découvre, à la faveur de cette nouvelle loi, c'est la pratique – cependant connue des initiés – du « voyage à perte ». On offre le voyage au touriste ou on lui facture à un prix symbolique, en espérant se refaire sur les commissions commerciales retirés des arrêts obligatoires [qui seront désormais prohibés] dans les « usines à touristes chinois » du monde entier. Cette pratique était apparemment si répandue qu'il aura fallu une loi pour l'interdire. C'est là qu'on en vient à douter de la sincérité des motivations des touristes chinois et qu'on s'explique mieux leur relatif désintérêt pour les aspects purement culturels de leurs voyages. La motivation était essentielle mercantile : il fallait profiter du voyage pour acheter hors-taxes beaucoup de montres [forte valeur sous un petit volume] et beaucoup d'articles de luxe qui étaient ensuite revendus aux copains locaux. On est loin de la « passion pour les montres » prêtée aux larges masses de l'Empire du milieu. On peut également s'interroger sur l'impact de cette interdiction des voyages « gratuits », ajoutée à la prohibition des haltes commerciales obligatoires : va-t-on vers le dégonflement ou l'explosion en vol de la bulle du globe shopping (Business Montres du 25 juin) ?
 
◉◉ RAKETA : sur RFI (France), une redécouverte de la plus ancienne manufacture horlogère russe, créée à Saint-Petersbourg voici 300 ans. Explication : « Raketa était une marque très connue du temps de l’Union soviétique. Raketa, qui signifie fusée, avait été lancée en l’honneur du premier vol dans l’espace de Youri Gagarine. Tombée en désuétude dans les années 1990, l’usine a été reprise par deux Français, qui tentent de relancer le savoir-faire horloger russe et ambitionnent de faire de Raketa, la première marque russe dans le domaine des accessoires de mode ». Un reportage audio de 04:42 mn à réécouter sur le site de RFI (relire également « La plus ancienne manufacture mécanique russe se rêve en nouvelle marque globale » : Business Montres du 15 juin dernier)...
 
◉◉ LA CITATION DU JOUR : trouvée chez Charles Péguy, dans son essai sur L’argent (1913). Il explique comment « une revue n’est vivante que si elle mécontente chaque fois un bon cinquième de ses abonnés ». En précisant : « La justice consiste seulement à ce que ce ne soient pas toujours les mêmes qui soient dans le cinquième. Autrement, je veux dire quand on s’applique à ne mécontenter personne, on tombe dans le système de ces énormes revues qui perdent des millions, ou en gagnent, pour ne rien dire, ou plutôt à ne rien dire ». Dont acte...
 
◉◉ HERMÈS : pour le plaisir des yeux, pour fêter la fin de la semaine et pour bien commencer le week-end, un coup d'oeil sur le site Hermès, où les montres sont superbement présentées...
 
 
   
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DE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...
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