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VENDREDI (accès libre) : Le sniper face au gratte-ciel des stocks entassés par le Swatch Group

Chacun son Everest ! Rolex n'a pas célébré le soixantième anniversaire de la victoire de sir Edmund Hillary, mais le Swatch Group fête les 2,7 années de ventes que constituent les stocks inscrits dans son bilan (montres et mouvements). Pour le reste, reparlons de Cendrillon, de Sylvester Stallone, de Bucherer, de Tiffany & Co et de tout le reste...  ▶▶▶ cette semaine... LE SNIPER DU VENDREDI A PU... 


Chacun son Everest ! Rolex n'a pas célébré le soixantième anniversaire de la victoire de sir Edmund Hillary, mais le Swatch Group fête les 2,7 années de ventes que constituent les stocks inscrits dans son bilan (montres et mouvements). Pour le reste, reparlons de Cendrillon, de Sylvester Stallone, de Bucherer, de Tiffany & Co et de tout le reste...

 
cette semaine...
LE SNIPER DU VENDREDI A PU...
 
 
 CONSTATER
que Sylvester Stallone restait une valeur sûre pour la promotion horlogère...
◉◉ Avec l'âge et ma maturité, les goûts horlogers du comédien (dont on ne rappellera pas l'illustre palmarès) n'ont cessé de s'affiner : passé par Panerai et Audemars Piguet, avant de tenter quelques séquences du côté de chez Carl F. Bucherer ou de U-Boat. Son parcours le conduit maintenant à porter une Montegrappa au poignet, avec un stylo de la même marque italienne, ce qui prouvera à se détracteurs qu'il sait au moins écrire et lire d'heure. Il n'y a pas que les marques de haute horlogerie à se flatter d'apprivoiser les métiers d'art ! Rappel utile : comme l'ancien champion automobile Jean Alesi, Sylvester Stallone est actionnaire de Montegrappa. Cette montre Chaos est stallonissime dans le message qu'elle porte et l'ambiance qu'elle sait allumer au poignet : s'il n'est pas recommander de la porter pendant les conseils d'administration d'une banque privée suisse, les mêmes banquiers pourront la réserver aux virées dominicales en Harley-Davidson. Contrairement à ce qu'on pourrait imaginer avec ce style de « coucou » suisse à porter au poignet (54 mm x 44 mm tout de même), aucun petit oiseau, ni aucun reptile répugnant se jaillit du crâne à l'heure juste (mouvement suisse ETA et Swiss Made de rigueur). Là encore, certains le regretteront...
 
 
 
 
 APPRÉCIER
l'élégance française de la céramique chez Saint-Honoré Paris...
◉◉ Si elle n'est pas nouvelle dans l'univers féminin (merci à la J12 de Chanel d'avoir réouvert ce marché), la céramique reste un classique de l'offre « dames » dans les vitrines. Parangon de l'élégance horlogère française à prix accessible (quoique Swiss Made), Saint-Honoré découvre cet univers de la céramique avec sa nouvelle Opera White & Black Ceramic, qui ne sera donc pas une montre pionnière, mais qui témoigne cependant d'un belle maîtrise des codes horlogers féminins. Taille raisonnable (36 mm) sans être mièvre, cadran quasiment matelassée [les expertes auront reconnu le clin d'oeil à une marque précitée, mais c'est désormais un style collectif], index en diamants, bracelet en céramique lui aussi « matelassée », mouvement à quartz. Pureté des lignes, sobriété des volumes, confort et résistance du matériau : une it-watch pour l'été ?
 
 
 
 
 S'AMUSER
du temps « congelé » par Aiko Miyanaga sur la base d'un contresens lexical...
◉◉ C'était une des attractions du récent Salon Art Basel Hong Kong (art contemporain et concepts d'avant-garde) : le créateur japonais Aiko Miyanaga présentait son idée très philosophique de Waiting for Awalening Clock, une oeuvre en naphtalène [base de la naphtaline antimites, mais aussi du napalm, qu'on peut transformer en composites], matériau qui se pose en allégorie complexe du temps, à travers le mythe européen de Cendrillon, le conte légendaire de Charles Perrault repris par les frères Grimm (image de l'objet en haut de la page). L'artiste a pris au mot le détail de la « pantoufle de verre », perdue par Cendrillon dans l'affolement du départ avant le dernier coup de minuit, pour en faire le support d'une heure (objet du temps) éphémère, qui se détériore avec le temps – comme la magie de Cendrillon s'évanouit à minuit – et qui s'embrume lentement ('lartiste a travaille ce composite pour créer d'autres objets éphémères, qui traduisent dans le réel les songes du conteur)...
 
 
 
 
 DÉCODER
l'histoire terriblement embrouillée d'une Patek Philippe 8 jours (Sotheby's)...
◉◉ On ne connaît que trois ou quatre montres Patek Philippe « historiques » avec un tel mouvement huit jours (ci-dessous). Elles datent de 1931. Deux ne sont jamais réapparues sur le marché et son inconnues. Les aventures de deux autres sont plus mystérieuses : livrées au détaillant américain Brock & Co (Los Angeles) en 1931, il semblerait que boîtes et mouvements d'origine aient été intervertis à l'époque par l'atelier de Brock & Co. Une de ces deux montres a refait surface en 1995, avec le bon mouvement, mais le mauvais boîtier (du moins le boîtier jumeau, expédié par la manufacture en même temps que le bon aux Etats-Unis) : cette pièce est aujourd'hui au musée Patek Philippe. Le mouvement de la seconde montre – mis en vente par Sothebys à New York, le 11 juin prochain : lot n° 257 – a été rhabillé par Patek Philippe en 1986, mais pas exactement dans le style originel. Cette montre hybride (vrai mouvement dans une boîte apocryphe) est estimée 100 000-150 000 dollars. Ce qui est amusant, c'est tout le storytelling déployé par Sotheby's sur quatre pages pour ce seul lot, avec une insistance qui finit par paraître suspecte tellement elle vise un seul acheteur possible : le musée Patek Philippe, Philippe Stern étant supposé ne pas pouvoir résister à la perspective de détenir le bon mouvement n° 198451 dans le bon boîtier n° 609409(« The notion that after this 80-year mystery, movement 198451 could be reunited with its original case 609.409 is simply too extraordinary resist »). Des subtilités qu'une toute petite poignée de collectionneurs peuvent comprendre à travers le monde, mais aucun d'entre eux – hormis Philippe Stern – ne s'amuserait à acheter un mouvement – aussi fantastique soit-il, et ces huit jours le sont – sans la bonne boîte...
 
 
 
 
 COMPRENDRE
qu'il y avait tout de même un malaise chez Bucherer (Paris)...
◉◉ Si l'affabilité du personnel multi-culturel est imparable, plusieurs visites successives laissent transparaître une évidence : on ne se bouscule manifestement pas autour des comptoirs de vente, ni dans les espaces de circulation, surdimensionnés en prévision de l'arrivée de groupes touristiques massifs. Tout au long de la journée, sauf cas (rare) d'arrivée d'autocars dont le stationnement lointain ne facilite pas le trafic dans un quartier déjà congestionné, il y a plus de personnel que de clients dans les trois étages de Bucherer. De source interne, le chiffre d'affaires régulier (pas celui du premier mois d'activité, plutôt brillant) correspond à un tiers de ce qu'il devrait être pour assurer l'équilibre économique d'une PME qui compte près de 120 fiches de salaire : une information que Business Montres se fera un plaisir de démentir si elle est erronée ! La clientèle locale ne se déplace évidemment pas, alors que la clientèle touristique ne s'empresse pas de franchir la porte. Porte qui ne comprend exceptionnellement de sas de sécurité, ce qui constitue une énigme dans un quartier plusieurs fois victime d'attaques à main armée et alors que plusieurs centaines de montres se trouve quasiment à portée de main : l'explication est qu'un tel sas de sécurité – imposé à tous les détaillants du coeur de Paris – paralyserait l'entrée et la sortie des groupes compacts de touristes asiatiques. Cette faille sécuritaire n'en est pas moins inquiétante...
◉◉ Au-delà de la formation impeccable du personnel, très disponible pour des explications qui resteront limitées aux seules ressources d'une formation commerciale accélérée [disons qu'il y a plus de connaissances que de réelle culture horlogère], on reste frappé par la richesse de l'assortiment commercial : non seulement on trouve souvent chez Bucherer des pièces devenues impossibles à trouver chez les autres détaillants parisiens [les marques leur intiment le conseil d'envoyer chez Bucherer leurs clients à la recherche de références introuvables !], mais la rumeur locale – non vérifiée sur place – affirme qu'on voyait même des Daytona en acier dans les vitrines de Bucherer pendant les premiers jours d'ouverture du magasin. En tout cas, les délais annoncés pour ces oiseaux rares sont bien plus attrayants que ceux que pratique le négoce parien : manifestement, des marques comme Rolex, Vacheron Constantin, IWC ou Jaeger-LeCoultre favorisent Bucherer, parfois même au détriment de leurs propres boutiques voisines...
 
 
 
 SALUER
la sportivité et la courtoisie du Swatch Group face à Tiffany & Co...
◉◉ On ouvre la page 44 du rapport annuel sur l'éloge de Tiffany & Co (ci-contre) : « En 2012, Tiffany Watch Co. Ltd a continué à assurer avec engagement dans le monde entier la distribution des montres Tiffany & Co. dans les boutiques Tourbillon, ainsi que dans le réseau de ses partenaires détaillants. Tout au long de l’année, Tiffany Watch Co. Ltd a également organisé des événements en compagnie de ses parte- naires. Les produits au style sublime et reconnaissable entre tous ont rencontré un succès significatif sur tous les marchés où ils sont distribués ». On se souviendra ici que le Swatch Group s'était lancé dans une joint-venture avec Tiffany & Co (Etats-Unis) pour lancer des lignes de montres, toujours proposées dans certaines boutiques (Tiffany & Co Watches). Cette page – qui voisine avec celle de Léon Hatot : serait-ce le « couloir de la mort » dans le rapport de gestion 2012 ? – est située dans la galerie de présentation des marques du groupe, entre Jaquet Droz et Longines, dans la gamme « Prestige et luxe ». Dont acte pour ce « succès significatif sur tous les marchés »...
◉◉ Dans la page 195 du même rapport, au chapitre des litiges légaux nés du courant normal des affaires et pouvant aboutir à des paiement de compensation, on trouve mention d'un conflit avec Tiffany & Co, avec plusieurs milliards de francs suisses en jeu : « En septembre 2011, suite aux actions systématiques de Tiffany & Co afin d’empêcher et retarder le développement des affaires et aux essais infructueux de The Swatch Group SA et de sa filiale Tiffany Watch Co. Ltd en vue de régler le litige à l’amiable, ces dernières ont été contraintes à mettre un terme aux accords de collaboration. Swatch Group et sa filiale Tiffany Watch Co. Ltd ont réclamé la réparation intégrale de toutes les pertes subies en lien avec les violations passées et continues de Tiffany & Co à ses obligations et devoirs contractuels. Les dommages ainsi réclamés comprennent une demande d’indemnisation pour perte de bénéfices, estimée de manière conservatrice à CHF 3.8 milliards, pour la durée des contrats sur laquelle les parties se sont engagées. Tiffany & Co. a répondu en déposant une demande reconventionnelle d’un montant de CHF 542 mio. Cette demande reconventionnelle est sans fondement, en fait comme en droit, et sera contestée avec vigueur par Swatch Group et Tiffany Watch Co. Ltd. Une audience d’arbitrage a été tenue en octobre 2012. Lors de cette audience, des témoins ont été entendus, et le Tribunal arbitral a requis le dépôt d’écritures complémentaires à soumettre afin de compléter le dossier. Il est prévu que le dossier soit complété à mi-février 2013 et que le Tribunal arbitral rende sa décision à une date ultérieure, encore indéterminée ».
 
 
 
 
 ADMIRER
le polissage artistique des comptes annuels du Swatch Group...
◉◉ Face à la montagne de stocks affichée dans le rapport de gestion 2012 du Swatch Group (l'équivalent de 2,7 ans des ventes annuelles), on est évidemment étonné et interpellé, mais aussi curieux de savoir comment et pourquoi est-ce possible. D'autant que l'augmentation de ces stocks d'une année à l'autre est bien supérieure à l'augmentation des ventes. On vérifie d'abord le niveau de stockage des groupes concurrents : sans entrer dans les détails, et pour ce qu'on peut y comprendre tellement c'est astucieusement ventilé, on peut estimer que le groupe Richemont n'est pas très loin de la moitié de ce que pratique le Swatch Group. Ensuite, il peut y avoir des raisons objectives. Producteur de ses propres mouvements, le Swatch Group est naturellement incité à puiser avec générosité dans cette matière première abondante, de même que son réseau de boutiques en nom propre le pousse à les équiper de stocks commerciaux tout aussi libéralement riches et dispendieux. Les stocks intermédiaires sont la rançon de la verticalisation et d'une supply chain imparfaitement maîtrisée.
◉◉◉ Mais il y a autre chose. Pour les 4 407 millions de stocks des comptes consolidés (40 % du bilan), 3 225 millions ont été comptabilisés en charges, ce qui signifie qu'on a – très légalement – activé (comptabilisé) des charges de personnel dans la valeur de ce stock. Ce qui permet – toujours en toute légalité – d'améliorer un peu plus (de quelques centaines de millions) la valeur du résultat opérationnel tout en optimisant fiscalement les comptes annuels. Chapeau l'artiste ! Sans cette activation des charges de personnel incluses dans la valorisation du stock, on n'aurait pas atteint le chiffre magique des 1 608 millions de résultat net (en hausse de 26 % par rapport à l'année dernière). Ceci dit, dans un groupe somme toute familial et inscrit dans la durée, pourquoi vouloir à tout prix cosmétiquer ainsi les comptes annuels : c'est une pratique courante dans les start-ups en quête d'une valorisation rapide, mais pas usuelle dans un groupe coté en Bourse depuis plusieurs décennies...
 
 
 
 FLAIRER
la formation d'une bulle horlogère aux enchères honkongaises...
◉◉ Tout se vend sous le marteau, à Hong Kong, en particulier les montres neuves, les « portées un jour » (fausses montres neuves déstockées) ou les occasions très récentes. Ces montres partent souvent à des prix supérieurs ou égaux aux prix boutique local. Comment expliquer ce phénomène, qui fait exploser le chiffre d'affaires des grandes maisons d'enchères à Hong Kong (Christie's et Sotheby's, notamment, mais aussi Antiquorum) ? Il existe des raisons objectives, en particulier le facteur taxes et la campagne anti-corruption du nouveau Politburo, qui pousse les Chines à acheter plus discrètement des montres à Hong Kong plutôt que dans les boutiques de China Mainland. Ces achats ne procèdent cependant pas d'une passion viscérale pour les montres, mais plutôt d'un calcul économique simplissime. Si « bulle » il y a sur les montres de marques pourvu qu'elles soient neuves (et non vintage), c'est par la création d'une forme de nouvelle « monnaie parallèle » exprimée en montres. Du fait de la globalisation économique, ces montres ont une valeur internationale reconnue. Une Richard Mille vaut à peu près le même prix à Hong Kong, à New York, à Paris et à Moscou, dès lors qu'elles sont neuves ou « portées un jour », mais complètes avec boîte et papiers. Aux enchères, on achète discrètement ici et on revend tout aussi discrètement ailleurs, certes en y laissant quelques frais, mais le réglement de la vente par la maison d'enchères vaut de l'or, puisqu'il s'agit d'une rentrée légale et traçable, plus honorable qu'une liasse de dollars anonymes.
◉◉◉ Les montres servent ainsi d'unités de compte non monétaires, tangibles, immédiatement valorisables et fongibles le long des diagonales du luxe international : l'achat et la revente sont relativement aisés sur ce marché très particulier. C'est un placement-refuge et alternatif comme les autres ! À part les pierres précieuses, aucun objet du quotidien ne condense autant de valeur en aussi peu de centimètres cubes : il est plus facile de franchir une frontière avec une Greubel Forsey à 500 000 dollars au poignet qu'avec un tableau d'art contemporain qui vaudra dix fois plus. Ce phénomène de bulle pour cause de « blanchiment » – osons le mot – est à la fois une consécration pour la créateur de valeur opérée par l'horlogerie depuis dix ans [quel fantastique travail de requalification d'un accessoire usuel en « machine à rêver » émotionnelle !], mais c'est aussi un facteur de déstabilisation au moindre dégonflement de la bulle. Ce qui semble s'amorcer avec le reflux de la pratique des « montres de corruption » (trop risquées, trop voyantes) en Chine et dans les grands pays émergents...
 
 
  
 NOTER
quelques informations à la volée, en vrac, en bref et en toute liberté... 
 
◉◉◉◉ CHAISES MUSICALES : l'actionnaire de la marque Vulcain (Excellence Holding, propriété d'un investisseur séoudien qui est également propriétaire du réseau les Ambassadeurs et de la marque zurichoise Jaermann & Stübi) se sépare de Bernard Fleury, qui avait pris la direction générale de Vulcain en 2002 avant de la revendre à cet actionnaire en 2009. La somptuosité inattendue du stand Vulcain-Jaermann & Stübi à Baselworld n'aura pas provoqué le tsunami des commandes évoqué (ou même invoqué) par Bernard Fleury, mais elle aura sans doute lourdement pesé sur les comptes de Vulcain, dont le repositionnement sur le marché n'a jamais été clair, ni pour ce qui concerne la stratégie marketing d'une marque qui va sur ses 160 ans, ni pour sa stratégie produits. On pourrait en dire autant de la stratégie de communication, pour le moins incertaine et floue – quelque part entre le tropisme rétro et la tentation néo (ci-dessous). Un peu lassé de repasser trop souvent à la caisse, l'actionnaire a changé le fusible sans toutefois tiré la prise. Ce qui ne va pas clarifier la perception qu'on pouvait avoir de l'avenir de Vulcain...
 
 
◉◉◉◉ JEAN LASSALE : on a tendance à l'oublier à chaque fois qu'on cite le mouvement Piaget 1200P comme « le mouvement automatique le plus plat du monde » (présentation récente en vidéo sur Business Montres Vision : ci-dessous). Ce record de minceur affiché par Piaget (2,35 mm d'épaisseur) reste supérieur au record établi en 1976 par la marque Jean Lassale (qui est aujourd'hui la propriété du groupe Seiko) : de conception suisse, la version automatique du calibre 1200 de Jean Lassale ne faisait que 2,0 mm d'épaisseur (explications techniques dans un document d'époque)...
 
 
◉◉◉◉ VIANNEY HALTER : pendant ce temps-là, le tourbillon sidéral (sidérant ?) de Vianney Halter – cette Deep Space Tourbillon que tout annonce renversant, sinon renversé dans ses perspectives – s'approche de la Terre, après un long voyage qui l'a conduit des confins intergalactiques vers un atterrissage prévu pour la fin de la semaine prochaine, dans l'astroport aménagé à Singapour par The Hour Glass. On a parlé de tourbillon quadri-dimensionnel (Business Montres du 22 mai ; ne pas manquer dans l'article la version longue de la présentation vidéo). Ce qui nous annonce immanquablement un tourbillon probablement monté sur trois axes, avec une triple révolution, dans l'esprit gyroscopique des chronomètres de marine du XVIIIe siècle et du XIXe siècle [au poignet, ça s'annonce rock'n'roll !], mais avec une dimension supplémentaire, qui pourrait bien être celle du temps. Sans parler de l'éventualité d'une montre réellement en 3D (qui ajouterait ainsi la hauteur aux volumes traditionnels de l'horlogerie 2D : Zenith l'a bien fait avec la « bulle » de sa Christophe Colomb), mais avec une dimension temporelle supplémentaire. Vianney Halter a trop de culture horlogère personnelle pour ne pas avoir intégré tous ces éléments historiques et mécaniques dans cette Deep Space qui marquera son grand retour sur le devant de la scène. Business Montresvous en reparlera dès que l'engin sera à proximité immédiate de l'orbite terrestre...
 
◉◉◉◉ PATEK PHILIPPE : pour ceux qui aiment les ornementations un peu baroques, dans le goût des montres de poche ultra-décorées que la Suisse exportait en Chine au XIXe siècle, une déclinaison de la Sky Moon Tourbillon Patek Philippe viendra combler une frustration née de la vague néo-classique. Impossible de placer une palmette, une arabesque ou un rinceau de plus dans les guirlandes de cette réf. 6002 Sky Moon Tourbillon en or gris, dont même le cadran a été enrichi de volutes en émail cloisonné (ci-dessus et en cartouche, en haut de la page). Les aiguilles n'ont pas été oubliées dans cette sévère attaque au burin. Le mouvement (tourbillon et répétition minutes), logé derrière le cadran sidéral du verso de la montre, a été épargné – ce que certains amateurs regretteront sans doute. Les puristes apprécieront en revanche l'intégrité du dessin et des finitions du pont de balancier, ainsi que l'élégance de l'architecture générale du mouvement (ci-dessous). Prix public non communiqué, mais on se demande jusqu'où peut monter aux enchères une telle grande complication, qui ne se facture de toute façon qu'à partir de sept chiffres...
 
 
◉◉◉◉ FRANCK MULLER : moins baroque dans son esprit, mais tout aussi traditionnel dans l'exécution de son mouvement, on peut découvrir la naissance d'un tourbillon calendrier perpétuel dans les ateliers de la manufacture Franck Muller, à Genthod. Savoir-faire de haute horlogerie pour la mise en place manuelle des composants et décoration dans l'esprit des métiers d'art pour que chaque élément de la montre soit une fête (ci-dessous). 04:47 minutes qui valent une visite de manufacture. D'autres vidéos Franck Muller seront mises en ligne dans les jours qui viennent...
 
 
◉◉◉◉ RICHEMONT : pour ne pas faire de jaloux, si vous viez un petit creu après l'ingestion du rapport du Swatch Group dont Business Montres vous a déjà beaucoup parlé, vous pouvez aussi vous procurer une délicieuse lecture de week-end en consultant le rapport de gestion 2012-2013 du groupe Richemont, qui vous confirmera à quel point tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes horlogers. Un chiffre d'affaires, un cash flow et des profits qui explosent, dans la joaillerie (51 % de l'activité du groupe : essentiellement Cartier) comme dans l'horlogerie ou l'écriture (Montblanc : 8 % de l'activité), et même dans la mode. Le groupe tire désormais 54 % de ses ventes de son propre réseau retail. Si le groupe tire l'essentiel de ses revenus de la joaillerie, il vend cependant beaucoup plus de montres (4 968 millions d'euros) que de bijoux (2 726 millions d'euros). On pourra rêver avec les rémunérations (p. 58), qui prouvent la modestie relative des dirigeants du... Swatch Group ! On vous reparlera de ce rapport après lecture et étude attentive...
 
◉◉◉◉ SWATCH GROUP : pour les curieux, en page 204 du rapport d'activités 2012, on vérifiera que le Swatch Group n'est toujours actionnaire du réseau de distribution chinois Hengdeli qu'à hauteur de 9 %. C'était une révélation Business Montres du 25 août 2011 : le Swatch Group avait prêté 100 millions de dollars à titre personnel au CEO d'Hengdeli (Zhang Yuping), en échange conditionnel (nantissement) d'un bloc de 500 millions d'actions Hengdeli évaluées à 40 % de leur valorisation boursière du moment. Bloc qui aurait assuré au groupe suisse une position de 20,4 % du capital du groupe chinois. Depuis, le prêt n'a pas été remboursé : il arrive à échéance dans quelques semaines, mais il peut être prolongé. Sauf que la valeur de l'action Hengdeli (3389.HK) a été divisée d'une grosse moitié depuis 2011 (ci-contre), ce qui fait que le Swatch Group ne fera au mieux, en cas d'exercice de son droit de récupérer ce bloc d'actions, qu'une opération « blanche », voire même une légère perte. Le réseau Hengdeli se trouve actuellement confronté à d'autres remboursements de prêts bancaires (350 millions de dollars) et les analystes de Hong Kong semblent nerveux, en ne le recommandant plus à l'achat. Ces 20,4 % obligeraient le Swatch Group à consolider Hengdeli dans ses propres comptes, pour le meilleur comme pour le pire : on peut d'ailleurs se demander si la combine ne consistait pas à « mouiller » le Swatch Group dans le réseau Hengdeli, pour en faire un paravent respectable aux yeux des analystes honkongais (analyses Business Montres du janvier 2012 et Business Montres du 9 juillet 2012).
 
◉◉ ROLAND-GARROS : il y a la compétition horlogère dans la compétition sportive, avec tous les champions parrainés par les marques sous l'oeil des partenaires officiels du tennis (Longines pour Roland-Garros, Rolex pour les autres tournois du Grand Chelem, Rado pour d'autres, etc.) : on suivra donc Rafael Nadal (Richard Mille), Roger Federer (Rolex), Novak Djokovic (Audemars Piguet), Jo-Wilfried Tsonga (Rolex), Andy Murray (Rado) ou David Ferrer (Bovet). En évitant de poser la question qui fâche : sur les marchés historiques de la montre, le lien entre un champion de tennis et une marque horlogère fait-il vendre une seule montre de plus ?
 
◉◉ CANNES : on pourrait se poser la même question à propos de Cannes et de son étalage de « pipoles » embijoutés sur tapis rouge. On aura remarqué que Business Montres a réussi à ne pas écrire une ligne sur le grand concours du « Qui porte quoi ? », où toutes les marques étaient dans une compétition plus féroce que jamais du fait des nouveaux prétendants sous les projecteurs : dernier communiqué arrivé, celui de Mouawad, qui a équipé quelques stars qui montaient les marches ! Une star « bijoutées » fait-elle vendre une seule pièce de joaillerie de plus ? Dans les économies émergentes, c'est possible, mais pas forcément dans la haute joaillerie, dont les clientes deviennent expertes, exigeantes et exclusivistes. Sur les marchés matures, c'est douteux du fait de la récession. Seule exception positive à ce bûcher des vanités : les ventes sur place à de riches client(e)s mobilisé(e)s par le glamour mondain des paillettes cannoises. C'est ce qui peut justifier des expositions comme celle de Fawaz Gruosi (de Grisogono), dont la fête – qui est toujours la plus réussie du Festival [et qui était cette année la moins arrosée : belle nuit de printemps à l'Eden Roc] – a permis de faire le plein des vrais amateurs de joaillerie superlative. À tel point que le vol d'un collier à 2 millions d'euros a pu passer pour anecdotique...
   
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