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WATCHES & WONDERS (accès libre)
Comment Bernard Arnault (LVMH) s’est fait blacklister par le groupe Richemont

Les petites anecdotes sont souvent révélatrices des grandes évolutions. Les petits comptables et leurs caporaux hystériques ont encore fait très fort sous les halles de Palexpo. Richemont, avec un R comme… ridicule ?


Le puissant actionnaire du groupe LVMH était de passage ce matin à Genève, où il a notamment déjeuné avec ses présidents, avec lesquels il a pu évoquer l’avenir du rendez-vous genevois. Bernard Arnault a d’ailleurs semblé attaché à la nécessité de maintenir ce moment stratégique dans l’agenda annuel de l’horlogerie, mais sans doute pas dans n’importe quelles conditions. En visite à Palexpo (Watches & Wonders) dans la matinée, il avait pu apprécier la chaleureuse convivialité et l’ouverture d’esprit des organisateurs du salon 2022…

En arrivant à Watches & Wonders ce vendredi matin pour une visite de courtoisie, Bernard Arnault a tourné à gauche [ce devait être la première fois de sa vie !] pour se diriger vers les espaces d’exposition de ses marques (Hublot, Zenith, TAG Heuer), en léchant à l’occasion les vitrines des marques du « groupe Rolex » (Rolex, Tudor, Patek Philippe, Chanel, etc.) et même celles des indépendants du Carré des horlogers. Soit une version un peu hémiplégique du salon genevois, puisque l’accès aux stands du groupe Richemont était tout simplement interdit : pas question de recevoir le propriétaire de Tiffany & Co, de Bulgari, de Chaumet, de Dior et de Louis Vuitton [entre autres maisons de joaillerie] dans ces nobles allées où Cartier, Van Cleef & Arpels et quelques autres ont installé leurs quartiers de printemps à Genève. L’actionnaire du groupe LVMH s’est ainsi trouvé… blacklisté comme un vulgaire journaliste de Business Montres ! La blacklistude est un grand combat : rejoins nos rangs, camarade Nanard !

Un manque de courtoisie que Bernard Arnault n’est, semble-t-il, pas prêt d’oublier, non seulement dans le contexte de la guerre joaillière qui s’ouvre entre Cartier et Tiffany & Co, mais surtout dans la redéfinition de ce que sera le rendez-vous genevois de l’horlogerie en 2023 : nos lecteurs savent depuis longtemps que cette édition 2022 était sans doute le chant du cygne pour le groupe Richemont, qui perdra cette année, à Palexpo, le monopole dont le groupe a pu abuser pendant des années [via son bras armé la FHH] pour interdire toute exposition horlogère en dehors de son SIHH. Jean-Frédéric Dufour, le président de Rolex, l’avait clairement laissé entendre dans son discours d’inauguration du salon : on va rebattre toutes les cartes en 2023, avec un salon qui aura désormais vocation à accueillir toutes les marques horlogères – qu’elles plaisent ou non aux petits marquis poudrés du groupe Richemont. On sait maintenant de quel côté penche Bernard Arnault et les maisons du groupe LVMH : plus question de passer sous les fourches Caudines des petits comptables de Richemont et des caporaux hystériques de la FHH pour monter une grande manifestation communautaire et affinitaire à Palexpo. Exit Watches & Wonders à la mode Richemont…

On comprend mieux pourquoi ces petits caporaux hystériques sont si nerveux : ils savent maintenant que le pronostic vital est engagé pour une FHH qui a perdu toute légitimité « culturelle » [un seul exemple : la nullité tristement représentative de bon nombre des conférences organisées à W&W] et qui perdra le plus clair de ses revenus en perdant son monopole d’organisation de l’ex-SIHH : les dysfonctionnements de cette année et les tensions accumulées pendant la préparation hautement polémogène de ce salon ont créé d’irréparables lignes de fracture entre les grandes puissances qui y participaient : ces lignes passent par les marques du groupe Rolex » d’un côté, alliées à celles du groupe LVMH et celles du Carré des horlogers (décapité cette année par l’absence de ses créateurs de référence), et celles du groupe Richemont de l’autre (même s’il est douteux que des maisons comme Hermès, Parmigiani ou Ulysse Nardin demeurent aveuglément rangées du côté de Richemont. Il faut s'attendre à ce que de nombreuses marques hors Richemont quittent la FHH, qui ne leur est plus guère de la moindre utilité. Exit la FHH et son magistral rêve œcuménique torpillé par les petits comptables et les caporaux hystériques. Une fois de plus, Richemont avec un R comme ridicule ?

On en déduira que l’édition 2023 du rendez-vous genevois sous les halles de Palexpo sera beaucoup plus ouverte, conviviale, apaisée et dérichemontisée, avec la bouderie probable et ostensible de certaines marques du groupe Richemont : dommage, on se réjouissait de voir la pauvre biche Cartier cernée par ces loups-cerviers du LVMH que sont Tiffany & Co, Bulgari, Dior et les autres ! Comme quoi un petit tournant à gauche et quelques barrières pour interdire de tourner à droite peuvent révéler des basculements horlostratégiques majeurs…



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