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WONDER WEEK 2023 #03
De quoi alimenter quelques conversations dans les couloirs des salons

Premiers instantanés de la Wonder Week, sur la route sinueuse qui relie l’aéroport aux palaces des bords du lac et aux boutiques du centre ville. Nous prendrons le chemin des écoliers pour vous parler, entre autres, des trois K dont il faut faire grand cas, des trois L dont il faut se méfier, des bottes de M. l’actionnaire, de la stupéfaction chinoise et d’un raid constaté sur le marché du diamant jaune…


BLACKLISTÉ, COMME D’HABITUDE (interdiction de séjour à Palexpo)

Notre dossier d’accréditation à Watches & Wonders étant « à l’étude » depuis des semaines, on ne nous a pas encore officiellement informé du refus de cette accréditation. Business Montres sera donc le seul média horloger à être interdit sur un salon professionnel de l’horlogerie. Ceci alors même que différentes marques nous avaient préparé un badge d’accès pour telle ou telle journée de rendez-vous, mais ce badge personnel se trouve désactivé par la direction du salon dès qu’il nous ouvre les portes de Watches & Wonders : nous en déduirons que les marques exposantes n’ont pas la maîtrise réelle des personnes qu’elles invitent, de même qu’elles n’ont pas la maîtrise des informations qu’elles mettent à la disposition des médias sur le site de Watches & Wonders. À nos lecteurs de se demander, en toute candeur, pourquoi Business Montres est ainsi le seul média privé d’accès au salon de Genève : • Que ne devons-nous pas voir dans les salles de présentation des marques ? • Que ne devons-nous pas entendre dans les couloirs ? • Qui ne devons-nous pas rencontrer sur le salon ? On se perd en conjectures à ce sujet. À bien y réfléchir, cet ostracisme – d’autant plus injustifié que notre couverture de l’événement et de toute la Wonder Week est une des plus complètes de tous les médias horlogers – est un hommage au seul média totalement indépendant des budgets promotionnels des marques horlogères. Posez-vous la question : c’est peut-être ce qui dérange les organisateurs du salon, mais que nos lecteurs se rassurent : les deux-tiers des marques (120 sur 160) qui créent l’animation pendant cette Wonder Week campent en dehors des halles de béton de Palexpo et nous aurons plus de temps à leur consacrer pour dénicher les pépites qui dont les petits bonheurs de ces grandes rencontres communautaires…

JAMAIS DEUX SANS TROIS « K » (histoire d’en faire grand cas)

L’union fait la force, même chez les horlogers de niche : l’équipe qui avait relancé Ikepod (Christian-Louis Col) vient de racheter l’atelier d’horlogerie créative Klokers, parti en faillite en début d’année après une reprise suite à une liquidation précédente en 2019 (Business Montres du 25 janvier). À ses côtés, pour l’épauler, une « financière familiale » qu’on pourrait définir comme un plateau de repreneurs riches d’une expérience dans l’horlogerie premium. L’opération, conduite en blitzkrieg au tribunal de commerce, devrait permettre non seulement de sauver le nom de la marque, mais également son stock, avec une poursuite du développement commercial et technique (toujours sur un créneau créatif Swiss Made), avec la reprise des ventes en ligne et l’animation d’une communauté de passionnés…

PANIQUE À L’AÉROPORT (histoire d’en faire grand cas)

En faisant coïncider le Salon du livre de Genève et Watches & Wonders, l’organisation de l’événement horloger avait pris le risque d’un joyeux désordre. Disons-le franchement, hier dimanche, c’était clairement un énorme… bordel pour accéder à Palexpo, avec des files de voitures qui se prolongeaient jusqu’à l’aéroport, des badges qui ne fonctionnaient pas [comme d’habitude, celui de Business Montres était désactivé : voir ci-dessus !], un service de sécurité débordé, mais particulièrement rogue, à la limite de la malhonnêteté [surtout avec les exposants étrangers qui ne maîtrisaient pas le français] et des heures d’attente perdues pour chaque démarche. Bon courage !

LES CHINOISERIES DU JOUR (réinformation sur le marché chinois)

On peut rester dubitatif quand Business Montres émet des doutessur la solidité de la pseudo-reprise en Chine, mais il faut bien constater que « le rebond économique de la Chine est plus faible que prévu » – cette fois, c’est le Financial Times qui s’en émeut, en constatant que les consommateurs chinois ne sont toujours pas au rendez-vous du revenge shopping prophétisé par les marchands d’illusion et qu’ils semblent même « stupéfaits » par l’après-covid et la crise immobilière qui érode leur patrimoine [70 % de l’épargne chinoise était investie dans l’immobilier]. Pas de rebond : les bénéfices des groupes industriels chinois ont même chuté de 23 % en janvier ! Un article à mettre sous les yeux des ravis de la crèche qui vont vous jurer que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes chinois…

VOUS NOUS EN METTREZ POUR VINGT MILLIONS (record provisoire)

L’horlogerie a déjà connu quelques propositions de montresmultimillionnairement tarifées, le record théorique étant détenu par la montre Hallucination présentée par Graff à Baselworld en 2014 : comme la montre n’avait pu être vendue [en dépit d’un très ingénieux système de « rotules » qui en assuraient la souplesse], les pierres avaient desserties et rendues aux diamantaires qui les avaient laissées en consigne chez Graff – la même mésaventure était arrivée à la montre Chopard de 201 carats, également dessertie sans gloire. On saura très vite si la pièce unique Billionaire Timeless Treasure de Jacob & Co., annoncée à 20 millions de dollars (216,89 carats pour 482 diamants jaunes) comme « la plus chère de toute la Wonder Week », trouvera un « vrai » client : connaissant le carnet d’adresses de Jacob Arabov (le père) et l’entregent de Benjamin Arabov (le fils), on veut bien parier qu’une dame aura le privilège de porter à son poignet une montre à tourbillon [quand même, on est horloger ou on ne l’est pas !] qui a quasiment asséché pendant quelques trimestres le marché international des diamants jaunes…

JAMAIS DEUX SANS TROIS « L » (consensus tiède)

Après un sondage d’opinion rapide effectué tant auprès des détaillants que de médias et des fournisseurs présents au grand « Bibi show » d’hier (Business Montres du 26 mars), le consensus est assez tiède, même s’il semble acquis que personne – parmi ceux qui considèrent que le roi est nu – n’aura le courage d’écrire tout haut ce qu’il pense tout bas ! Jean-Claude Biver connaît-il les trois lettres secrètes de la paronomase médiatique, celle qui caractérise le comportement des médias de grand chemin (horlogers ou non) vis-à-vis des personnalités un peu affirmées : « Lécher, lâcher, lyncher » ? Sans doute pas, mais on pourra vérifier bientôt si cette règle de la meute et des réseaux sociaux fonctionne aussi au sein de la communauté horlogère. Pour notre part (voir notre article), nous considérons que cette Carillon Tourbillon est importante non seulement par sa substance horlogère [à peu près irréprochable], mais aussi et peut-être surtout par le supplément d’âme et les fondements culturels dont elle se réclame : en paraphrasant la prophétie qu’on attribue généralement, mais sans la moindre preuve, à André Malraux, on pourrait dire que le XXIe siècle horloger sera spirituel ou ne sera pas ! Le dieu des horlogers est grand et Biver est son prophète…

CLOCKS EN STOCK (le dessin du jour)…

Nous avons repris dans ce bloc-notes de la Wonder Week, la bonne vieille habitude du Sniper, celle du « dessin du jour », qu’on pourra retrouver dans notre dernière chronique « Horlotainment #35 » (Business Montres du 25 mars) : « Horlogerie 2023 : rien ne saurait être trop brillant pour vous, monsieur l’actionnaire ». Que celui qui n’a jamais remarqué cet empressement dans le léchage des bottes actionnariales nous jette la première pierre…


Coordination éditoriale : Eyquem Pons



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