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Le grand retour des « casquettes » au poignet

C’était une de nos pages « Rock’n’horl » de l’été 2012 : l’amorce d’une tendance rétrofuturiste autour de l’apparition de nouvelles montres à affichage latéral (« en visière »), plus connues des amateurs sous le nom de « montres casquettes ». Nostalgies des années 1970 ou pulsions non conformistes ?


ROCK'N'HORL* # 84

Le grand retour des « casquettes » au poignet

Pas question de citer tout le monde, mais on voit se dessiner une tendance rétrofuturiste autour des montres « casquette » (affichage latéral) inspirées par la nostalgie seventies autant que par l'envie de se faire plaisir au poignet...

La lecture latérale de l'heure (sur le côté de la montre) a toujours été une tentation des horlogers, notamment depuis l'invention de la montre-bracelet et son usage par les premiers pilotes automobiles : avec les deux mains cramponnées au volant, il est plus logique de lire l'heure sur le premier côté du boîtier exposé au regard plutôt que sur le cadran. Ce sera la mode de la driver watch, exercice pratiqué dès les années 1930, notamment par LeCoultre (ci-dessous, à gauche) ou Cartier avec sa Driver Watch d'inspiration plus ou moins Tank (ci-dessous, à droite : un modèle des années 1950).

En tout cas, ce concept semble fasciner les designers horlogers, comme le prouve le projet de montre Cobra (ci-dessous, à gauche) imaginé par le concepteur Louis Cottier (celui qui a inventé les « heures universelles » pour Patek Philippe) et le créateur Gilbert Albert. Patek Philippe ne donnera pas suite à ce projet trop disruptif (également trop compliqué à produire), daté du début des années 1950 et resté à l'état de prototype dans les collections du musée Patek Philippe de Genève. Il faudra attendre l'arrivée du quartz pour voir apparaître, notamment chez Girard-Perregaux, des idées alternatives, comme cette extraordinaire « montre casquette » qui a donné son nom à toute une famille de concepts horlogers : déjà extraordinaire par son design et son affichage lumineux rouge (un must très haut de gamme dans les années 1970, inspirées par les chiffres rouges de Hal, l'ordinateur de 2001, L'Odyssée de l'espace), cette montre emblématique de l'explosion des formes et des concepts (ci-dessous, à droite) aura marqué l'histoire de la montre. Beaucoup des montres de ce cette époque ont repris cette idée d'affichage latéral...

Il était évident que l'équipe d'Urwerk (Felix Baumgartner et Martin Frei) ne pouvaient pas passer à côté d'une idée aussi « rétro-classique » : ils en ont fait la base de leur proposition CC1 (ci-dessous, à gauche : la version platine, pièce unique pour Marcus Londres), qui devait à l'origine s'appeler « King Cobra » en hommage aux créations de Louis Cottier. Cette CC1 pousse l'esprit « casquette » dans ses ultimes retranchements hauts horlogers, mais elle en conserve pour le magnifier l'inspiration. On retrouve la même veine créative, avec une autre expression horlogère et un retour à l'esprit digital des années 1970, dans la dernière montre présentée par Pierre Nobs chez Ventura (Sparc MGS électro-automatique : ci-dessous, à droite). On se souvient également de la très amusante montre-concept Driver Watch 1911 présenté par l'équipe de Chevrolet (ci-dessous, au centre), qui était bourrée de « citations » automobiles...

Et on n'oubliera pas la série des Parmigiani Bugatti Supersport (ci-dessous, à gauche), ni, bien entendu, la version galactique tenté par MB&F dans sa Machine n° 4 taillée comme un double réacteur (ci-dessous, à droite). La tendance gagne à présent les marques life style ultra-accessibles, comme la ZX 1 – objectivement très « casquette » (certains jeunes designers ont de la mémoire : ci-dessous, au centre, la montre est vendue sur Amazon pour une poignée de dollars). Ou encore la Mugen-Kido trouvée sur Facebook. On pourrait citer de nombreuses autres propositions d'esprit très contemporains, notamment des concepts développés par Tokyoflash. À croire que le retour de ces « casquettes » rétrofuturistes fascine la nouvelle génération...

❑❑❑❑ TEXTE ORIGINAL : « Le grand retour des “casquettes” au poignet » (Rock’N’Horl #84 : Business Montres du 5 août 2012)

❑❑❑❑ COMMENTAIRES 2019 (sept ans ans plus tard)

Cette anticipation d’un « grand retour des casquettes au poignet » n’était pas si mal vue puisque, dans les mois qui ont suivi cet article, on a vu débarquer dans les vitrines des propositions de « casquettes » aussi épatantes que l’étrange Horological Machine n° 5 de MB&F (à gauche ci-dessous : Business Montres du 4 décembre 2012), ainsi que la HMX (ci-dessous, au centre : une pièce arrivée plus tard chez MB&F : Business Montres du 2 juin 2015) ou la Spacecraft de RJ Romain Jerome (Business Montres du 20 février 2013 : à droite). Par la suite, le retour en force de la mode néo-classique et la surexploitation du filon des rééditions vintage, de même que l’angoisse pour les directions horlogères de ne plus prendre le moindre risque, ont tué dans l’œuf les projets hétérodoxes de « casquettes » horlogères. D’autres étonnantes « casquettes » devaient suivre (notamment la HM n° 8 de MB&F), mais plutôt dans l’entrée de gamme. Sept ans plus tard, il n’est pas impossible qu’on puisse à nouveau rêver d’un retour de ces « casquettes », qui nous changeraient créativement des sempiternels remakes d’icônes vintage : quand on voit De Bethune tenter une « capsule » de type « casquette » avec Urwerk pour Only Watch (ci-dessus), on se dit que l’air du temps aime bien les lectures de l’heure en visière – d’autant que les milléniaux ont faim de montres alternatives capables d’en dire plus long que des « trois-aiguilles » sur leur culture et leur personnalité…

 

 


 



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