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BAROMONTRES 2021 #12 (décembre) – accès libre
Les faits, les hommes et les marques qui ont influencé la météo horlogère de ce mois de décembre 2021

Dix coups de projecteur sur les grandes tendances climatologiques de l’horlogerie pour le mois de décembre 2021 : les incertitudes (re)confinatoires risquent de ne pas se dissiper aussi rapidement qu’on l’espérait et les répliques chronapocalyptiques de 2020 sont toujours à redouter. Notre Baromontres exclusif évalue les hautes pressions et les dépressions de la barométrie pour tout ce qui concerne l’industrie des montres. Un bulletin météo en toute liberté et sans la moindre révérence, avec le seul souci d’apporter un peu de lumière sur cette fin d’année 2021 : pour le meilleur ou pour le pire ?


IN MEMORIAM

❑❑❑❑ MONTY SHADOW (condottière du luxe)

Monty Shadow était une légende de l’horlogerie et il est particulièrement troublant que l’horlogerie, qui aime tant les légendes, ait plus ou moins choisi d’ignorer la disparition brutale de celui qui était le « dernier condottière du luxe » (Business Montres du 19 décembre et Business Montres du 22 décembre). Pas un seul hommage officiel de la part des marques d’un groupe Richemont auquel il avait pourtant fait gagner des centaines de millions d’euros. Des personnalités comme celle de « Monty », on ne les remplace pas…

❑❑❑❑ CHRISTIAN PFEIFFER-BELLI (journaliste horloger)

Auteur prolifique d’une cinquantaine d’ouvrages et animateur de plusieurs revues horlogères, Christian Pfeiffer-Belli était aussi un grand collectionneur de montres – on lui devait notamment un très utile guide des musées horlogers à travers le monde (Uhrenmuseen and bedeutende Sammlungen in Europa and Übersee). Âgé de 81 ans, ce Munichois était, depuis un demi-siècle, un animateur « historique » de la grande scène horlogère internationale. Un vrai « grand seigneur » de la montre…

AVIS DE GRAND BEAU

❑❑❑❑ AUREL BACS (Phillips x Bacs & Russo)

Non seulement Aurel Bacs a réussi à garder sa couronne en 2021 (209 millions de dollars d’activité pour Phillips x Bacs & Russo, contre 205 millions de dollars pour Christie’s, qui manque de très peu la première marche du podium, en dépit de catalogues exceptionnels), mais il a réussi bien d’autres exploits, comme la vente de 100 % des lots qu’il proposait ou le record stupéfiant de 27 montres « millionnaires » [adjugées à plus d’un million] en une seule année. D’innombrables records ont été battus en 2021, aussi bien pour des marques phares des enchères que pour des créateurs indépendants. « Magic Aurel » ? Plus que jamais…

❑❑❑❑ CLAUDIO D’AMORE (Code41)

Succès étonnant pour Claudio d’Amore, qui a réussi à imposer sa collection Code41 auprès d’une nouvelle communauté d’amateurs, mais qui a eu le rarissime privilège de créer un nouveau concept horloger : son Mecascape (Business Montres du 8 décembre) est un objet du temps mécanique totalement inusité, à mi-chemin entre la montre de poche et la pendulette de bureau. Tout est déroutant dans ce Mecascape, du format à la transparence mécanique des rouages juxtaposés. C’est une des pièces horlogères qui marquera l’année 2021…

❑❑❑❑ MAURIZIO MAZZOCCHI (Purnell)

Belle opération « Ballon d’or » pour Purnell, qui aura réussi à créer pour cette cérémonie footballistique une montre à ballon d’or particulièrement convaincante, sur la base du tourbillon triple axe mis au point par l’équipe d’Éric Coudray chez TEC Ébauches. On peut désormais affirmer sans crainte d’être démenti que Maurizio Mazzocchi, lui-même ancien footballeur professionnel [c’est à peu près le seul cas connu dans la haute horlogerie], est l’homme qui a « appris » le football à de nombreuse marques et à la leurs managers – dont un certain Jean-Claude Biver ! C’est en tout cas un signal très encourageant pour Purnell, une des marques les plus originales du paysage de l’horlogerie créative…

❑❑❑❑ CARLOS ROSILLO (Bell & Ross)

Excellente initiative que le parrainage du musée de l’Air et de l’Espace du Bourget, aux portes de Paris, par la maison Bell & Ross : Carlos Rosillo verrouille désormais plus profondément son territoire naturel de légitimité, en s’imposant dans cet impressionnant musée comme il avait su imposer son « & » dans le ciel et sous les ailes les plus prestigieuses patrouilles aériennes. La « jeune » légende de Bell & Ross s’enrichit ainsi d’une référence de premier plan sur la scène aéronautique internationale. Une avancée très stratégique alors que des grandes marques rivales comme IWC, Blancpain ou même Breitling semblent moins déterminées à en découdre dans les airs…

❑❑❑❑ THIERRY STERN (Patek Philippe)

« Quand c’est fini, n.i., n.i., ça recommence », dit la chanson, mais, in finesur la planète horlogère, c’est toujours Patek Philippe qui gagne ! Thierry Stern vient de nous le démontrer avec une habileté diabolique. Après avoir annoncé la « fin » de la Nautilus au printemps dernier [ce qui avait relancé les incroyables spéculations autour de cette montre en acier], il vient de récidiver avec une inattendue série spéciale de Nautilus x Tiffany & Co, dont le cadran « bleu sarcelle » a enflammé le cœur des spéculateurs : le premier modèle passé aux enchères (réf. 5711/1A-018 « Tiffany Blue »), quelques heures après le lancement de cette série de 170 montres, a été adjugé à New York pour 6,5 millions de dollars, soit 130 fois le prix « public » en boutique. À la fin, c’est toujours l’image de Patek Philippe qui l’emporte – bravo, Thierry !

❑❑❑❑ ASTRID WENDLANDT (Miss Tweed)

Que serait le village horloger sans sa dose hebdomadaire de « misstweederies » distillées sur un mode impertinent et faussement ingénu dont le pouvoir urticant agace beaucoup certains épidermes sensibles tout en réjouissant le cœur de ceux qui restent attachés à la qualité de l’information (Business Montres du 2 décembre) ? Même si elle n’a pas encore tout compris des subtilités de la culture helvético-horlogère, Miss Tweed en connaît assez pour aller à l’essentiel et pour bousculer les vaches sacrées d’une communauté de la montre qui avait perdu l’habitude de cette liberté de ton [habitude sauvegardée par les lecteurs de Business Montres]. Cette Miss Tweed – la délicieuse Astrid Wendlandt – a republié récemment une compilation de ses interventions dominicales : rien qui ne puisse nous dissuader de répéter que, si Miss Tweed n’existait pas, il faudrait l’inventer !

AVIS DE TEMPÊTE

❑❑❑❑ ANDRÉ GROSSMANN (aventurier horloger)

Le sympathique et mirobolant André Grossmann (ex-Horus) avait disparu de la circulation et de l’actualité des montres, mais c’était pour mieux y revenir à la faveur du scandale Congo Hold-Up, qui a permis de mettre en lumière le comportement prédateur des dirigeants congolais. On parle ici de détournements qui portent sur des milliards de dollars, mais André Grossmann semble n’avoir profité que de quelques miettes (disons quelques millions !) pour réaliser des horloges géantes suisses, particulièrement fantomatiques et effectivement payées d’avance avec des fonds publics joyeusement détournés, mais pas vraiment mises en place dans les métropoles congolaises où elles étaient annoncées (Business Montres du 1er décembre). Encore une fois, l’horlogerie suisse se trouve exposée en première ligne dans un scandale financier international…

❑❑❑❑ JÉROME LAMBERT (groupe Richemont)

Y a-t-il encore un pilote dans l’avion ? C’est la question que se pose toute la communauté horlogère, alors que quelques rapaces des fonds d’investissement « vautours » ont annoncé qu’ils entamaient de savantes manœuvres autour du groupe Richemont, pour en stimuler la productivité [comprenez : lui faire cracher beaucoup plus de cash] et contraindre Johann Rupert, l’actionnaire velléitaire et procrastinateur, à redresser la barre plutôt que de passer son temps à jouer au golf. La disparition de Monty Shadow [voir ci-dessus : In Memoriam] a jeté une lumière crue sur les coulisses de ce groupe, devenu une sorte de bateau ivre qui ne peut plus guère compter que sur les seuls profits de Cartier [ils sont substantiels] et de Van Cleef & Arpels. Le désastre Yoox Net-a-Porter se chiffre à présent autour des 4,5 milliards d’euros, sans le moindre espoir de sortie positive. L’industrialisation du groupe est un cuisant échec. Que fait Jérôme Lambert pendant que certaines de ses marques agonisent ? Il compte, il recompte et il mécompte – allez savoir quoi ?

Les précédents 

Baromontres 2021

❑❑❑❑ NOVEMBRE : Thomas Mercier ; Raynald Aeschlimann, Aurel Bacs, Jean-Christophe Babin, Stéphane Bianchi, Maximilien Büsser, Antonio Calce, Paul Miquel, Luc Pettavino, Éric Pirson, Alain Silberstein ; agenda pourri, Raymond Loretan ; le club des abonnés aux Avis de tempête, Baseworld et Johann Rupert (Business Montres du 30 novembre)

❑❑❑❑ OCTOBRE : Rick de la Croix, Georges Kern, Jean-Pierre Lutgen, Astrid Wendlandt ; la « bulle des indépendants », Raymond Loretan ; Lionel A Marca, Michel Loris-Melikoff, François-Henri Pinault et Johann Rupert (Business Montres du 31 octobre)

❑❑❑❑ SEPTEMBRE : Geneva Watch Days, Georges Kern, Julien Tornare, Éric Zemmour, Atlantic-Tac ; GPHG 2021, carpo-véganisme ; le sino-alignement, Baselworld et la Brigade des montres (Business Montres du 30 septembre)

❑❑❑❑ JUILLET-AOÛT : Michel Chalhoub, Martin Baas, Jean-Christophe Babin, Nicolas Beau, Antonio Calce, Rick de la Croix, Valérie Faivre, Fawaz Gruosi, François-Paul Journe, Bernard Lederer, Xavier Rousset, Romain Réa, Carlos Rosillo & Bruno Belamich, Laurent Rufenacht, David Rutten et Malik Bahri, Bertrand Savary, Lionel a Marca, Frédéric Arnault, Davide Cerrato, Jean-Marc Pontroué, Thierry Stern, Cyrille Vigneron, le déni des horlogers suisses en Chine et Michel Loris-Melikoff (Business Montres du 31 août et Business Montres du 1er septembre)

❑❑❑❑ JUIN : Marc Angebault et Christian Wipfli, Jean-Christophe Babin, Jacques Bianchi, Adrian Buchmann, Maximilian Büsser, Manuel Emch, Clément Gaud, Beat Haldimann, Philippe Lebru et Alain Silberstein, Michel Loris-Melikoff et Camille Vever ; Thierry Stern et Jérôme Lambert ; Nick Hayek (Business Montres du 30 juin)

❑❑❑❑ MAI : Gino Cukrowicz et Pierre Favre ; Benjamin Colmar, Frank Declerck, Jean-Pierre Lutgen, Éric Pirson, Thierry Stern et Aline Sylla-Walbaum ; De Grisogono et Michel Loris-Melikoff ; Nick Hayek, François-Henri Pinault et Johann Rupert (Business Montres du 31 mai)

❑❑❑❑ AVRIL : les victimes horlogères de la pandémie, Laurent Dordet, Geneva Watch Days, Robert Greubel & Antonio Calce, Catherine Lacaze, Gautier Massonneau, Patrick Pruniaux, Vartan Sirmakes, Thierry Stern, Nicola Andreatta, le comics marketing, Watches & Wonders (les nouveautés), Watches & Wonders 2021 (le salon), Jérôme Lambert et Emmanuel Perrin (Business Montres du 30 avril)

❑❑❑❑ MARS : Maximilian Büsser, Pierre Favre et Dominique Renaud, Andrea Furlan et Hamad Al Marri, Catherine Henry et Sébastien Billières, Marco Tedeschi, Julien Tornare, Watch Certificate, Frederique Constant, Zerootime, Ricardo Guadalupe, Thierry Stern, Louis Ferla, « Genève, capitale de l’horlogerie », Nick Hayek, HYT (Business Montres du 31 mars)

❑❑❑❑ FÉVRIER : Antonio Calce, Amato Carlo, Christian-Louis Col, David Henderson-Stewart, Brice Jaunet, Édouard Meylan, Richard Mille, Patrick Pruniaux, Frédéric Arnault, Jean-Daniel Pasche, Emmanuel Perrin, Seymour Holtzman (Business Montres du 1er mars)

❑❑❑❑ JANVIER : Joël Duval, Raynald Aeschlimann, Jean-Christophe Babin, Vianney Halter, Franck Huyghe, Thierry Stern, Rubén Tàpies, Horlomania pour les nuls, Jean-Daniel Pasche, Nick Hayek (Business Montres du 31 janvier)

❑❑❑❑ DÉCEMBRE : Antonio Calce, Stephan Ciejka, David Henderson-Stewart, Pierre Koukjian, Vartan Sirmakes, Frédéric Arnault, Benjamin Clymer, Ricardo Guadalupe, Davide Traxler, Hon Kwok Lung, Xi Jinping (Business Montres du 31 décembre 2020)


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