GPHG 2021 #7 (accès libre)
S’il y a une montre que les jurés du GPHG ne doivent pas rater cette année, c’est bien celle de Christophe Claret !
Alors qu’on célèbre cette année le deux-centième anniversaire de la mort de l’Empereur, l’horlogerie suisse a préféré bouder. Seul Christophe Claret a relevé le défi, au milieu de l’assourdissant silence des marques qui ont pourtant usé et abusé du narratif napoléonien – on songe ici à Breguet ! Raison de plus pour récompenser cet hommage horloger à la saga impériale : c’est cette année ou jamais !
Nous n’allons revenir sur notre coup de gueule précédent concernant le ratage monumental du bicentenaire de la mort de Napoléon Ier par les marques horlogères suisses (« Sans filtre » #32 : Business Montres du 7 mai dernier). Rappelons seulement aux esprits chagrins tout ce que la formation de l’unité fédérale suisse doit à l’Empereur et rappelons aussi aux maisons horlogères tout ce qu’elles doivent au mythe impérial – quel abstention scandaleuse pour Breguet ou Chaumet, alors que tant d’autres marques usent et abusent du narratif napoléonien ! Nous n’allons pas non revenir sur l’excellente nouvelle qu’a pu constituer, au printemps dernier, par Christophe Claret, de sa montre Napoléon, un tourbillon à automates qui mariait les métiers d’art et les subtilités de la haute mécanique suisse (présentation « Rock’N’Horl 2021 » : Business Montres du 5 mai).
La version « égyptienne » de cette montre est en compétition, catégorie « Exception mécanique », pour le prochain Grand prix d’horlogerie de Genève (GPHG). Il s’agit d’une série qui évoque la campagne d’Égypte du général Bonaparte, les différentes animations de cette collection de montres reprenant les grands épisodes de la saga napoléonienne. Cette Napoléon « égyptienne » de Christophe Claret a tout de la montre idéale pour ce prix « Exception mécanique » : un tourbillon, une répétition minutes, des automates et un recours figuratif aux métiers d’art pour peindre ces automates historiques. Problème : cette année, le plateau de la présélection pour ce prix est très relevé et, surtout, très hétérogène, avec des « objets du temps » (Miki Eleta, Ulysse Nardin) inhabituels – et donc inclassables – dans cette catégorie, une proposition musicalo-mécanique originale de Jacob & Co (Opéra « Le Parrain ») et le chronomètre à impulsion centrale de Bernhard Lederer, exceptionnel par ses avancées chronométriques, mais pas forcément inscrit dans la bonne catégorie [en « Complication pour homme », il aurait cassé la baraque !]. Difficile donc pour les jurés de faire le bon choix, alors qu’il est évident que c’est cette année qu’il faut donner un prix à Christophe Claret, qui le mérite bien en raison de l’ancienneté de ses services horlogers autant qu’en raison de la réussite de cette montre qui marie plusieurs disciplines horlogères de référence. 1821-2021 : avant le bicentenaire, ce n’était pas l’heure ; après le bicentenaire, ce ne sera plus l’heure !
Suggestion aux honorables membres du jury, qui ne doivent pas non plus passer à côté des meilleures « montres de l’année » : faire émerger la Napoléon de Christophe Claret en accordant, par exemple, le prix « Innovation » à Bernhard Lederer et le prix « Audace » à Ulysse Nardin ou à Miki Eleta, lequel ne serait pas non plus un candidat absurde pour le Prix spécial du jury [ceci en attendant que le GPHG veuille bien créer cette catégorie « Objets du temps » qui nous appelons de nos vœux pour y loger des horlogers et des pendules hors normes]. L’essentiel est de ne pas négliger, pour cette année du bicentenaire impérial, la seule belle montre suisse qui marque l’événement dans le respect de la tradition des beaux-arts de l’horlogerie. Avouons que c’est aussi une des montres les plus originales de l’année – et une des seules de cette présélection à n’être pas une redite, une réédition ou une animation de modèles déjà lancées au cours de ces dernières années par les différentes marques [l’originalité est hélas minoritaire dans les 84 pièces présentes en 2021 dans la compétition finale]…
Alors, s’il vous plaît, mesdames et messieurs les jurés de ce GPHG 2021, envoyez un message audible, crédible, lisible et compréhensible [on ne dira pas « accessible », cette Napoléon s’annonçant à 635 000 francs suisses !] aux amateurs du monde entier. Osez la différence. En choisissant la montre de Christophe Claret, avec laquelle vous allez pouvoir jouer pendant votre réunion de décision finale, histoire de rejouer la grande bataille des Pyramides, vous rendrez service à toute l’horlogerie suisse en général, et au GPHG en particulier…
LES AUTRES SÉQUENCES
CONSACRÉES AU GPHG 2021
Les actualités de l’année pour le Grand Prix d’Horlogerie de Genève 2021, avec les analyses, les tendances, les échos, les coulisses et les indiscrétions qui font mieux comprendre les enjeux et le palmarès final…
❑❑ #06 : Supplique aux membres du jury pour qu’ils évitent de grossières erreurs d’appréciation #2 (Business Montres du 27 octobre)
❑❑ #05 : Supplique aux membres du jury pour qu’ils évitent de grossières erreurs d’appréciation #1 (Business Montres du 26 octobre)
❑❑ LE SNIPER DU LUNDI : « Mais comment autant d’honorables académiciens ont-ils pu faire preuve d’un tel conformisme ? » (Business Montres du 8 septembre)
❑❑ #04 : Quels prix aurait-il fallu créer pour ce GPHG 2021 et pourquoi ils vont nous manquer ? (Business Montres du 12 mai)
❑❑ #03 : Quelles sont les montres qui mériteraient d’entrer dans la compétition ? (troisième partie : Business Montres du 11 mai)
❑❑ #02 : Quelles sont les montres qui mériteraient d’entrer dans la compétition ? (deuxième partie : Business Montres du 10 mai)
❑❑ #01 : Quelles sont les montres qui mériteraient d’entrer dans la compétition ? (première partie : Business Montres du 6 mai)