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WONDER WEEK 2023 #05
Tout ce qu’il ne faut surtout pas répéter à mi-parcours de cette Wonder Week 2023

Dans la logique du Sniper en patrouille dans les allées de la Wonder Week, on va donc vous parler, entre autres, du territoire perdu des gens modestes, de ceux qui osent tout pour qu’on les reconnaissent et de ceux qui font pleurer la belle Astrid, d'un or caoutchouteux, du « Biver bashing » ou du mot magique de ce printemps – on en oublie, mais vous retrouverez tout ce petit monde dans les notes ci-dessous. En vous rappelant que l’’excellent Sylvain Tesson nous dit d’un bloc-note de ce genre : « Les blocs-notes sont des coups de sonde, des carottages donnés dans le chatoyant foutoir du monde ». Bloc-notons donc dans le chatoyant foutoir de l’horlogerie…


▶︎▶︎▶︎▶︎ EH NON, HÉLAS, PAS LE SEUL : contrairement à ce nous avons pu écrire ici même (Business Montres du 27 mars) et à notre grande iindignation, Business Montres n’est pas le seul média horloger à être blacklisté à Watches & Wonders. Alors que les manucures et les coiffeuses de certains invités se sont accréditer sans problème au même titre que les journalistes, un autre média indépendant, et non des moindres, celui de Miss Tweed (la délicieuse Astrid Wendlandt) se trouve banni du salon, alors même que, comme Business Montres, il bénéficiait d’invitations générées par les marques. Les accès qui correspondaient à ces invitations ont été purement et simplement désactivées, unilatéralement et sans avertissement (sans même prévenir les marques), par la direction du salon : venue spécialement de Paris pour ces rendez-vous pris avec quelques marques exposantes, Miss Tweed s’est trouvée bloquée à l’entrée de Palexpo. Elle en aurait pleuré, de rage, de dépit et de tristesse tellement c’est nul et indélicat. Nous ne pouvons que l’assurer de toute notre affection dans cette épreuve, vaccinés que nous sommes contre la connerie – il n’y a pas d’autre mot – ,de ces petits caporaux hystériques qui font régner la terreur dans les couloirs du Watches & Wonders : quand on se permet d’annuler des invitations personnelles générées par Rolex ou Patek Philippe, c’est qu’on peut se croire tout permis ! Reste à savoir d’où cette équipe toxique tire ce pouvoir totalitaire et illégitime sur des médias indépendants – comme par hasard, on n’a blacklisté aucun média perroquet, aussi insignifiant soit-il…

▶︎▶︎▶︎▶︎ UNE RÈGLE DU JEU ARBITRAIRE : il est stupéfiant que les marques horlogères, y compris les plus puissantes ou celles qui sont intégrées dans de puissants groupes de luxe, ne puissent pas inviter à Watches & Wonders qui elles veulent et qu’elles n’y aient pas la maîtrise de leurs rendez-vous. On en déduira qu’elles n’y ont pas le pouvoir qu’elles croient y détenir et qu’elles sont pieds et poings liés face à l’équipe soviétique qui les commande. Il est tout aussi stupéfiant que ces marques exposantes – grandes et petites – aient perdu tout droit de regard sur les accès au site presse du salon : leurs données n’y sont consignées que pour les médias autorisés, évidemment triés sur le volet par le soviet des vrais décideurs, alors que ces informations devraient logiquement relever de leur seule décision des marques concernées. Il est enfin stupéfiant de voir des marques renommées, d’une puissance colossale [on pense évidemment ici au groupe Rolex, à Patek Philippe, aux marques de LVMH et à quelques autres], soient soumises aux diktats d’une camarilla horlogère que ses résultats économiques plus très modestes [qui peut nier le désastre SWM ?] devraient inciter à faire profil bas, très bas…

▶︎▶︎▶︎▶︎ ÇA OSE TOUT ET C’EST À ÇA QU’ON LES RECONNAÎT : dans tout autre pays que la Suisse, ces « interdictions professionnelles » que constituent le blcklistage des indépendants serait susceptible de recours devant les tribunaux. Apparemment, chez Richemont, personne n’a compris les limites réglementaires et judiciaires d’un berufsverbot disqualifiant. On ne va pas envoyer des huissiers, ni du papier d’avocat à ces minables ! Business Montres en a pris son parti : avec ces gens qui osent tout, et c’est même à ça qu’on les reconnaît, mieux ne pas discuter, ni perdre son temps – surtout quand on sait que leurs maniaqueries de petits comptables frénétiques n’auront qu’un temps et que leur règne trouvera bientôt sa fin : eux-mêmes savent que personne ne les pleurera. Les deux-tiers des marques actives pendant cette Wonder Week campent dans Genève. Pour ce qui concerne l’autre tiers de ces marques, celles qui ont posé leurs valises à Palexpo, nous avons déjà pu prendre rendez-vous, après le salon, avec les plus intéressantes et les plus créatives d’entre elles. La continuité de notre service d’informations indépendantes au profit de toute la communauté horlogère et au service de nos lecteurs est ainsi assurée – c’est l’essentiel…

▶︎▶︎▶︎▶︎ RAS LE BOL DU « BIVER BASHING » (pas tout-à-fait un éditorial, mais presque) : les ahuris des réseaux sociaux [ont-ils seulement pris la montre en main ?] et les ravis de la crèche du conformisme influençable [ceux qui s’affichent comme des « influenceurs »] rivalisent actuellement d’acidités sur la nouvelle montre Carillon Tourbillon de la nouvelle marque de Jean-Claude Biver. On peut déjà voir les effets de cette règle des « 3 L » dont nous redoutions la vérification dans nos premières informations sur la proposition Biver (Business Montres du 26 mars) : « Lécher, lâcher, lyncher ». Maintenant que Jean-Claude Biver n’est plus en mesure de garantir aux perroquets sous influence de confortables budgets publicitaires, beaucoup de lâches qui le léchaient se lâchent pour le lâcher, voire même pour le lyncher : trop ceci et pas assez cela, cette montre ! La ritournelle est lassante, surtout de la part des thuriféraires des moins bouillonnantes initiatives créatives de ce printemps. Tout ceci étant bien entendu attisé par les anciens concurrents de Jean-Claude Biver qui aimeraient tant le voir trébucher en ratant sa sortie ! On remarquait d’ailleurs une vraie césure générationnelle lors du lancement de ce Carillon Tourbillon sur les hauteurs de Givrins, aux portes de Genève : les wonder boys de la nouvelle génération horlogère, aujourd’hui trentas, quadras et quinquas, avaient tenu à assister au baptême de la marque pour rendre hommage à la « légende Biver », mais on comptait sur les doigts de la main les « copains » de l’âge de Jean-Claude Biver, qui comptait visiblement plus de « fils spirituels » que de frères d’armes de sa génération. S’il est assez plaisant de constater qu’on parle davantage d’une seule montre que des dizaines de nouveautés proposées par les « grandes marques », le Biver bashing comme narratif de saison devient très vite lassant, non seulement parce qu’il est injuste [nous maintenons l’intégralité de nos positions précédentes sur cette montre], mais surtout parce qu’il est injustifié : on aimerait un peu plus de décence de la part de tous ceux qui se sont goinfrés pendant des années dans la gamelle Biver – inutile de donner les noms, ils sauront se reconnaître…

▶︎▶︎▶︎▶︎ LE MOT MAGIQUE DU PRINTEMPS : on ne parle plus dans les salons de « prise de commandes », mais d’une « allocation ». Hier, les détaillants râlaient parce qu’on leur imposant des bons de commande préformatés (et pré-chiffrés) avec des lots de montres auxquelles ils ne croyaient que très modérément. Aujourd’hui, ils sont victimes de ces « allocations » de montres qui ne sont jamais dans les quantités requises quand elles sont très demandés, ni d’ailleurs quand elles sont invendables. La pratique caporaliste de l’allocation est le signe d’une inquiétante soviétisation des rapports entre les marques [du moins les moins scrupuleuses d’entre elles] et leurs détaillants : comme du temps du Gosplan dans l’ex-URSS, un insupportable soviet suprêmeérigé en pouvoir central au niveau des groupes entend dicter leur métier aux professionnels les plus expérimentés. On comprend que le désenchantement mine le moral de ces détaillants, y compris les piliers historiques de ce métier. On aura également compris pourquoi et comment le Politburo SWM (le bras armé de Richemont pour les marques horlogères) concentre actuellement toutes les critiques et génère autant de crises de nerfs : quand l’incompétence le dispute à l’arrogance, on n’est jamais très loin de l’explosion – mais les détaillants horlogers, qui subissent avanie sur avanie depuis des années, ont-ils encore l’âme des Révoltés de la Bounty ?

▶︎▶︎▶︎▶︎ UNE NOUVELLE CONVIVIALITÉ HORIZONTALE : en liaison directe avec ce qui vient d’être dit, on aura remarqué cette année une grande inversion magnétique de la convivialité qui était jusqu’ici la marque et l’attrait des grands salons horlogers. La communauté des professionnels de la montre se repolarise sur deux axes différents. Convivialité horizontale, entre pairs de la distribution, tous très heureux de se retrouver après les tempêtes pandémiques et en attendant les ouragans géopolitiques mondiaux qui nous guettent. Convivialité verticale e tsolidarité entre équipes de marques, traumatisées par les errements hiérarchiques contradictoires de leurs directions et tétanisées par la perspective de chaises musicales qui perpétuent la tradition très française des guillotinades révolutionnaires. Les médias se trouvent à l’ intersection de ces deux axes

▶︎▶︎▶︎▶︎ LE « TRUC » LE PLUS ÉPATANT REPÉRÉ DANS GENÈVE : imaginez une sorte de petit « flexible » couleur dorée, comme un lien de caoutchouc ou de gomme du diamètre d’un crayon, un gros élastique doux au toucher. Comme nouveau matériau (image ci-dessous), ça se pose là puisque c’est ni plus ni moins que de l’or 14K, poinçonné et officiellement garanti ! On ne fait pas plus bluffant que cet « or flexible » mis au point par Giberg et on imagine tout de suite les fantastiques développements que les créateurs joailliers peuvent tirer de cette avancée technique – à découvrir dans l’espace d’exposition de la Maison de l’horlogerie, juste derrière l’hôtel des Bergues (Four Seasons)…

▶︎▶︎▶︎▶︎ EN TOUTE DISCRÉTION : tiens, pendant que vous êtes aux Bergues (Four Seasons), inutile de chercher où se cache Jean-Claude Biver et son Carillon Tourbillon. La discrétion est de mise : il faut montrer patte blanche pour accéder et se faire accompagner pour découvrir la montre dont on parle le plus dans les couloirs de la Wonder Week (voir notre quasi-éditorial ci-dessus). Même constat pour Breitling, qui tient discrètement salon aux Bergues, mais rien ne l’indique : il faut là aussi se faire annoncer pour découvrir non seulement les montres de cette rentrée [elles sont de toute façon présentées à la boutique Breitling située à un jet de pierre des Bergues : on la repère facilement à la superbe décapotable T-Bird (Ford Thunderbird) blanche des années 1950 garée devant], mais surtout les nouveautés de toute l’année. C’est fou le nombre de détaillants qu’on peut croiser dans ces suites…

▶︎▶︎▶︎▶︎ NE MANQUEZ PAS NON PLUS : quand vous êtes quai des Bergues, le nouveau restaurant Breitling, juste à côté de la boutique. Il ne s’agit pas d’un espace éphémère, mais d’un nouveau pôle de la gastronomie bistronomique genevoise : c’est la Breitling Kitchen, troisième de ce style après la Breitling Kitchen de Séoul et le café breitling de Londres. Excellente situation sur le quai des Bergues [aux beaux jours, la terrasse est idéalement exposée et parfaite pour des rendez-vous au centre du centre ville] et ambiance cool garantie pour une carte de street food régionale conçue par le chef franco-colombien Juan Arbeláez – ce qui nous promet quelques tacos mexicains qui sortent de l’ordinaire et même une Superocean Salad qu’on fera passer avec quelques cocktails de mixologie créative. Ouverture aux amateurs dès la mi-avril…

▶︎▶︎▶︎▶︎ J’ATTENDRAI, LE JOUR ET LA NUIT : grosses colères et sourds énervements pour parvenir à Watches & Wonders [pour cause de trafic genevois : c’est moins fluide qu’à Bâle et les hôtels sont loin de Palexpo] et pour franchir les portiques de sécurité. Des dizaines de minutes d’attente aux heures d’affluence et autant de rendez-vous manqués dans la matinée. Comme l’ambiance est déjà naturellement un peu tendue et les visiteurs restent moins longtemps à Genève, il y a parfois de l’électricité dans l’air…

▶︎▶︎▶︎▶︎ DEUX NOUVEAUX « SEPTUAGÉNAIRES BONDISSANTS » : quand on vous disait que les septantièmes triomphants serait le phénomène marquant de cette Wonder Week, nous n’avions pas listé tout le monde (Business Montres du 24 mars). Parmi ces septuagénaires, il nous manquait Miki Eleta, qui nous présente un fantastique château-fort à automates équins (présentation rapide : Business Montres du 28 mars), pièce unique digne des Mille et une nuits ou de l’horloge hydraulique autrefois offerte à Charlemagne par le calife abasside Haroun ar-Rachid (c’était vers l’an 806). Il manquait aussi à l’appel Vincent Calabrese, qui travaille toujours sur son échappement révolutionnaire à râteau, un concept aussi radicalement rupturiste qu’a pu l’être, voici quelques années, le co-axial repensé par George Daniels…

▶︎▶︎▶︎▶︎ CLOCKS EN STOCK : nous avons repris dans ce bloc-notes de la Wonder Week, la bonne vieille habitude du Sniper, celle du « dessin du jour », qu’on pourra retrouver dans notre dernière chronique « Horlotainment #35 » (Business Montres du 28 mars). « Nouveautés horlogères 2023 : vous quittez le territoire des gens modestes ! » : qui n’a pas sa montre à cinq chiffres (pour les petits joueurs), à six chiffres (pour ceux qui montent en gamme) ou à sept chiffres (c’est plus cossu et ça vous pose une collection) ? Alors que les pays développés s’enfoncent dans une crise économique globale qui ne dit pas son nom, l’inflation fait exploser le prix des montres. Est-ce bien raisonnable ?


Coordination éditoriale : Eyquem Pons




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