Dessinée par Susan Kare (un des femmes les plus influentes du monde pour son design) pour les premiers Macintosh d’Apple, avant d’être reprise par toutes les familles de produits informatiques, cette montre est devenue le symbole de l’attente et du temps qui passe pour des milliards d’utilisateurs d’écrans numériques. Thoériquement, elle signifie que l’ordinateur est en cours de… réflexion ! Ce qui est tantôt bon signe, tantôt très mauvais signe. Fondé sur les codes horlogers les plus classiques, cette montre est devenue elle-même un code universel – symbolique et métaphorique – dans les cultures numérisées contemporaine. On peut désormais la passer au poignet…

Les lecteurs de « Business Montres » apprécient tout particulièrement, en plus de nos informations, les commentaires décalés de l’actualité que constituent nos détournements des « comics » et des « pulps » populaires américains. Certains de ces magazines grand public aimaient mettre en scène des objets du temps, mais saviez-vous que quelques super-héros comme on les adorait outre-Atlantique ont incarné le temps lui-même – pour le meilleur comme pour le pire ? En voici une première sélection.

Chacun s’accordera sur le fait que les nouveautés de l’année sont moins extravagantes et délirantes que celles d’il y a dix ou quinze ans ! Les folles années des « concept watches » à tout va, quand il fallait à tout prix épater le bourgeois (plus ou moins chinois) et surtout les copains (plus conceptuel que moi, tu meurs !) sont derrière nous, à part quelques exceptions qui confirment la règle. Donnons cependant un coup d’œil dans le rétroviseur pour une bouffée de nostalgie hyper-créative – même si certaines des montres présentées ci-dessous n’ont pas fait long feu sur le marché, certains prototypes n’étant même jamais parvenus jusqu’au stade de la commercialisation…

Mais aussi la New-Yorkaise qui se gave de codes désaxés, la Cubaine qui est née en Suisse et la transparence d’une Lausannoise qui veut parler vrai. Ci-dessous : deux cadrans concaves pour deux fuseaux horaires exprimés dans le style chromatico- géométrique du Bauhaus...

Pendant la crise, le mercato horloge continue : à qui le tour après le groupe Frederique Constant, empoché par les Japonais de Citizen, qui ont probablement fait une excellente affaire, alors que cette vente à un « ennemi héréditaire » affaiblit l’horlogerie suisse ? La grande révision de l’actuelle carte géographique des montres suisses est en cours et la recomposition du paysage horloger se précise : les projets qui raflent la mise sur Kickstarter confirment que nous sommes bien face à un crise de l’offre, alors que la demande reste forte pour des montres créatives et accessibles...

Alors que la guerre se réchauffe entre Baselworld et le SIHH (qui élargit son périmètre et qui s’ouvre au grand public), on constate que les salons professionnels américains (Las Vegas) reprennent du poil de la bête. En revanche, les salons grand public qui prenaient des chemins de traverse dans les grandes métropoles horlogères ont du souci à se faire. À New York, TimeCrafters a déçu tout le monde en ne tenant pas ses promesses. Chronique d’un échec annoncé…

On savait depuis de nombreux mois Peter et Aletta Stas, les fondateurs de Frederique Constant, occupés à la revente de leur groupe. Il semblerait qu’ils aient fait affaire avec le groupe Citizen, qui avait déjà racheté la manufacture La Joux-Perret. Avec ce passage d’Alpina, de Frederique Constant et d’Ateliers DeMonaco sous pavillon nippon, la Suisse horlogère se voit infiltrée dans ses principaux bastions, au cœur de La Chaux-de-Fonds comme au cœur de Genève, et même de Plan-les-Ouates, le réacteur nucléaire de la belle montre de tradition. Belle initiative pour le groupe japonais, triste journée pour la Romandie horlogère…

Les « ovnis » ne manquent pas dans les collections MB&F, qui savent aussi, à l’occasion, verser dans un néo-classicisme discret (la série des Legacy Machine). Ce qui manquait sans doute aux amateurs contemporain de belle horlogerie, c’était la rencontre – pas si évidente – d’une marque portée sur la rupture avec, d’une part, une architecture mécanique audacieuse et, d’autre part, un style horloger avant-gardiste. Avec la nouvelle LM n° 1 coproduite par Maximilian Büsser et Alain Silberstein, MB&F défriche un nouveau territoire : celui d’une haute horlogerie typiquement adulescente, amusée autant qu’amusante, mais capable de donner dans un registre de design sérieux sans se prendre au sérieux…

Fortement inspirée par la commedia dell’arte et par les comédies italiennes de son temps, « Les Fourberies de Scapin » de Molière (pièce d’où est extraite la citation du titre) reste un indépassable chef-d’œuvre, pleine de fourberies (comme son titre l’indique) et de duperies. Le groupe Richemont ayant laissé fuité une annonce de son prochain rachat de la maison de joaillerie italienne Buccellati, reste à savoir qui sont les fourbes et qui sont les dupes.

Depuis près de deux mois, le « projet Goldgena » tient en haleine le microcosme horloger. Certains y ont vu la main de Richard Mille : c’était un poisson d’avril de « Business Montres ». D’autres ont cru y reconnaître la « patte » de Maximilian Büsser (on ne prête qu’aux riches) ou une manœuvre de Vincent Perriard – qui n’en est pas à un « coup » près. La réalité ne dépasse pas la fiction : le projet Goldgena est né à Lausanne, par la volonté de trois designers horlogers qui avaient envie de « casser la baraque » avec des vérités qui dérangent (sur le faux « Swiss Made ») et une montre contemporaine qui bouscule le ronron des créations de l’année. Mission accomplie ! On va maintenant passer aux choses sérieuses…

Les négationnistes de la « crise » se font discrets ces derniers temps et ils ont un peu plus de mal à convaincre les naïfs que tout est sous contrôle. Néanmoins, il faudrait s’entendre sur les dimensions actuelles de cette crise et sur sa portée à court, moyen et long terme. Ne serait-ce que pour préparer une vraie sortie de crise ! Ce n’est pas qu’une querelle de vocabulaire et de précision sémantique…

Méchantes statistiques d’exportations horlogères ! Elles n’ont pas écouté François Thiébaud, le Bisounours de service, qui nous jurait à Baselworld que les affaires allaient « automatiquement » reprendre en avril : promesses qui n’engageaient que les perroquets qui y croyaient. Avec les 11 % de recul enregistrés en avril, les statistiques officielles – qui ne sont que des allocations aux boutiques, pas des ventes ! – continuent à dévisser d’autant plus durement (c’était 16 % en mars et c’est presque 10 % de moyenne depuis le début de l’année) que c’est généralement entre mars et juin que les détaillants regarnissent leurs vitrines.

L’actualité horlogère vue par « Business Montres », comme toutes les semaines, le samedi midi sur France Bleu Besançon : cette chronique « Les 24 minutes du temps » reste à ce jour la seule tribune hebdomadaire de l’horlogerie de tout le paysage audiovisuel francophone (France, Belgique et même Suisse, sans parler du Canada et d’ailleurs). Au programme de cette chronique horlogère diffusée le 14 mai, qui commence à la minute 08:00 du lecteur ci-dessous : les quatre attitudes des marques de montres face à la crise. À partir de la minute 15:00, une intervention de François Matile, président de la Convention patronale de l’industrie horlogère suisse, qui considère qu’il n’y a pas de raison de parler de crise (« On n’est pas malades, mais on est moins en forme qu’il y a quelques années »)…

C’est aujourd’hui, quand tomberont les chiffres des statistiques d’exportations horlogères d’avril, qu’on pourra prendre la mesure de la « reprise » prévue par les optimistes pour ce printemps : François Thiébaud, le président des exposants suisses de Baselworld, également président de Tissot, n’a cessé de répéter à Bâle que tout irait mieux en avril, mécaniquement. Ce dont on peut douter : si les CEO des marques du groupe Richemont tentent de se remonter le moral en racontant aux journalistes qu’il ne s’agit que d’un ralentissement ponctuel, il suffit d’écouter leurs propres directeurs financiers pour comprendre qu’il n’est pas prévu de « reprise » avant au moins l’année prochaine et que le pire reste sans doute à venir d’ici à la fin de cette année 2016. C’est d’ailleurs pour ça que ces CEO ont tous bouclé un budget 2016 « dans le rouge » – même s’ils ne le répètent pas aux médias perroquets qui prennent encore le temps de les interroger et qui se risquent à les écouter…

Près de trois semaines après avoir été dévoilée par « Business Montres » – il n’y avait pas le feu au lac – et deux semaines après nos révélations sur la réaction, pour une fois virile, de la Fédération horlogère, l’affaire du « crétin du jour » rebondit à la Radio suisse (RTS), sur la seule base de nos informations, mais sans la moindre citation, alors que les journalistes nous avaient interrogé pour avoir des compléments d’enquête. Pas très intelligent, ni très déontologique, tout ça…